Mobilité et politique de l’emploi

Le Québec comme une ouverture

14 novembre 2007

C’est la saison : les Québécois sont de retour ! Une délégation conduite par Jacques Robert, sous-ministre à l’Intégration, au ministère des communautés culturelles du Québec, est dans notre île pour une nouvelle campagne d’information sur la mobilité, en compagnie de représentants de 21 établissements d’enseignement supérieur de cette province du Canada. Ils viennent à la fois présenter un bilan des promotions déjà installées et conseiller les jeunes Réunionnais qui voudraient aller se former et vivre au Québec.

La délégation québécoise est venue faire le point sur le dispositif de mobilité vers le Québec mis en place depuis 2003 avec les responsables régionaux en charge de la mobilité et de la formation : Anick Letoullec, Présidente de la Commission du Développement humain, Denise Delorme, Vice-présidente chargée de la formation professionnelle et Raymond Mollard, Vice-président délégué à l’Education - tous trois au Conseil Régional. Alexandre Imhoff, délégué régional de l’ANT (Agence Nationale pour l’insertion et la promotion des Travailleurs d’outre-mer), complète l’information relative à l’organisation politique de ce dispositif, adossé à un accord France/Canada sur la scolarité.
Depuis 2003, 573 étudiants réunionnais sont partis préparer un Diplôme d’Études Collégiales (DEC) pré-universitaire dans 19 établissements d’enseignement supérieur - les Cégeps (Collège d’enseignement général et professionnel) - de huit province québécoises. Le protocole signé il y a quatre ans a été reconduit en 2007 et une première promotion de 14 diplômés arrivés au terme des trois années d’étude - elle compte aussi 4 abandons et 2 poursuites d’études - donne un peu plus de recul sur le dispositif. Raymond Mollard, Vice-président de la Région, s’est rendu au Québec après l’installation, en août dernier, de 262 Réunionnais formant la “promotion” 2007. Devant l’importance grandissante de ces départs, depuis 2004, les responsables de part et d’autres s’attachent à améliorer la qualité du dispositif. Ils ont “resserré” cette année le nombre des lycéens rencontrés - 1800, contre 4000 précédemment - dans 32 établissements, et leur présentent un DVD intitulé “Etudier et vivre au Québec”, où défilent des images du pays, beaucoup plus parlantes que les discours de présentation des années précédentes (1).
Il s’agit de présenter aux jeunes et à leurs familles un projet d’études au Québec - quatre conférences publiques complètent les contacts lycéens et les entretiens individuels. Les Québecois se montrent très soucieux de rencontrer des jeunes qui ont un projet déjà bien formé de mobilité.
« On n’est pas là pour faire du chiffre », rassure Jacques Robert. « On souhaite
la réussite des jeunes, qui sont au cœur du projet. Et au-delà du diplôme, on insiste sur le caractère exigeant de l’objectif d’insertion »
.
Les études pour obtenir le DEC se font en trois ans minimum, qui peuvent être prolongés au besoin. Les études, souvent faites en alternance (collège/entreprise), conduisent à un travail. Les responsables réunionnais et québécois ont beaucoup souligné ce point.
Denise Delorme a mis en relief l’absence d’équivalence de certains diplômes, dans le système français, qui toutefois peut délivrer dans certains cas des attestations de niveau équivalent. « Nous ne voulons rien cacher. Il s’agit d’une mobilité de qualité pour une insertion professionnelle au Québec. » Ceux qui voudraient revenir pourraient éventuellement trouver du travail dans les branches privées équivalents, mais pas dans le Public, dont les diplômes ici ne sont pas équivalents. Sur les 14 diplômés de la première promotion, onze restent sur place et ont trouvé du travail au Québec. Un seul a décidé de poursuivre des études en soins infirmiers à l’Université de Laval.
À l’ANT aussi, on souligne le caractère « exemplaire » de cette mobilité, dont les responsables marquent le souci de veiller au « risque de dérapage opportuniste », a dit Alexandre Imhoff, en évoquant les liens renforcés entre formation et débouchés professionnels. « On est sûr de l’international, pas dans un système transitoire de préparation des concours de la Fonction Publique en France. Et nous allons exercer notre vigilance à ce sujet ». Au-delà de cette forme de contrôle, les politiques québécois et réunionnais insistent sur la qualité de la formation, qu’il faut aborder avec une motivation forte, constatée chez tous les jeunes qu’ils ont rencontrés.

P. David

(1) La brochure a été refaite et complétée ; elle est consultable et téléchargeable sur Internet (www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/Lareunion).


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