Enseignement

Le S.N.E.S. « refuse de cautionner un pseudo-débat »

À propos du débat sur l’École

22 novembre 2003

Les personnels du Second Degré de La Réunion tiennent à réaffirmer que, directement ou par la voix de leurs organisations syndicales, ils sont prêts à participer à un réel débat sur le devenir du système public d’éducation nationale. Ils ont d’ailleurs obstinément demandé, durant la période d’avril à juillet 2003, solidairement avec des dizaines de milliers de collègues qui sont descendus dans la rue, l’ouverture de négociations sur la problématique éducative, et n’ont essuyé qu’un refus constant du ministre et du gouvernement.
Aujourd’hui, les conditions dans lesquelles M. Ferry prétend engager le grand débat sur l’École ne permettent ni une réelle consultation, ni un réel débat. Nous dénonçons ce qui relève d’une simple opération de communication du gouvernement, une diversion sur les problèmes et les besoins réels de l’École, et nous refusons de cautionner un pseudo-débat, un pseudo-"diagnostic partagé", qui servira d’alibi à un projet de loi d’orientation sur l’École, dont les grandes lignes d’inspiration libérale sont déjà connues, voire décidées.
- En soumettant, dès le départ, la question au triple verrouillage d’un "comité d’experts", du Haut Conseil de l’Évaluation, puis de la Commission Thélot (d’où est exclue toute représentation syndicale),
- En sériant les questions selon une méthodologie pour le moins contestable,
- En limitant les débats au choix arbitraire de deux ou trois questions,
- En écartant les personnels de la conduite de ces débats,
- En restreignant la durée même de débat à deux demi-journées (ce qui implique au mieux un survol des problèmes, au détriment d’une approche sur le fond),
cette procédure tourne le dos à un vrai dialogue social, à la consultation claire des partenaires sociaux et de la communauté éducative, à ce que doit être un véritable débat citoyen.
Nous voulons une école ambitieuse, ouverte à tous, se donnant les moyens de conduire chaque jeune à un haut niveau de qualification, s’attachant à détecter et à prendre en charge la difficulté scolaire. Nous la voulons libérée de l’emprise des intérêts locaux et particuliers, construite au sein d’un service public davantage épris d’égalité réelle, transmettant des contenus qui tout à la fois intègrent les avancées de la recherche et créent un monde commun entre les jeunes et les adultes.
Nous voulons exercer un métier dans des conditions acceptables, laissant le temps nécessaire à la préparation de cours riches et diversifiées et à la prise en compte des besoins de chacun.
Nous alertons sur les dangers d’une "autonomie" renforcée (question 19) qui ne vise en fait qu’à conduire à la mise en concurrence stérile des établissements, à la déréglementation, à la mise au pas des personnels, à la baisse des financements publics au profit des financements privés, à l’éclatement des statuts.
Nous alertons sur la très grave crise de recrutement qui s’amorce, sur les besoins en formation initiale et continue des enseignants qui restent sans réponse du fait de la carence quasi totale de la politique ministérielle dans ce domaine.
Nous alertons sur les dangers pesant sur la laïcité, sur les disparités entre régions, entre zones, entre établissements, qui vont se creuser chaque jour davantage, sur le fait que transformer un établissement en entreprise lui ouvrira d’abord et principalement le droit à la faillite.
L’adoption du budget de l’Éducation 2004 (moins 13.000 emplois dans le Second Degré !), les déclarations du ministre tendant à justifier la liquidation du système de remplacement et le recours à la bivalence dans les collèges, relèvent de la provocation.
Dans ce contexte, après plusieurs rapports d’inspiration ultra-libérale sur la Fonction Publique, les mesures déjà prises l’an dernier, le mépris et la dureté face au mouvement du printemps dernier, le grand débat n’est pas crédible et suscite scepticisme, suspicion, voire indignation.
Pour ces raisons, nous demandons à ce que ce débat soit entièrement revu tant dans sa forme que dans ses contenus, faute de quoi nous n’y participerons pas au-delà de la présente déclaration : si le gouvernement est en quête d’ une caution à des trains de mesures qu’il a déjà arrêtées, il devra la chercher hors des rangs des personnels.
Nous rappelons pour notre part notre engagement pour une école de la République qui a fait accomplir des progrès considérables au niveau d’éducation de la Nation, et dont nous continuons d’affirmer avec force qu’elle est perfectible sans retour en arrière ni démagogie.


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