L’inauguration du premier lycée construit depuis 7 ans tourne au fiasco

Les 400 élèves du nouveau lycée de Saint-Denis ne méritent pas deux semaines d’exclusion

4 août 2017, par Manuel Marchal

L’inauguration du premier lycée public construit par la Région depuis sept ans à La Réunion tourne au fiasco à cause du retard du chantier. 400 jeunes inscrits dans ce nouvel établissement seront privés de rentrée, et rien ne laisse entendre qu’ils seront accueillis dans un autre lycée le temps que les travaux se terminent. Quelle faute ces jeunes ont-ils commis pour que leur vie de lycéen commence par une exclusion temporaire d’au moins deux semaines ? Gageons que le Rectorat puisse trouver une solution pour que ces jeunes ne paient pas à la place des responsables de ce fiasco.

Quand l’Alliance dirigeait la Région Réunion, les lycées étaient inaugurés au rythme de deux tous les trois ans, sans que les élèves perdent une seule journée de cours.

Il faut remonter à 2010 pour une inauguration d’un nouveau lycée public. C’était celui de Sainte-Anne. Construit par la Région sous la présidence de Paul Vergès et quasiment achevé au terme de sa mandature, il avait été alors ouvert par son successeur à la présidence de la collectivité. La Réunion vivait alors une autre époque, où les lycées étaient construits au rythme de deux tous les trois ans.

Au cours des sept dernières années, le nombre d’élèves n’a pas diminué bien au contraire, mais la majorité au pouvoir à la Région avait d’autres priorité. Il a fallu donc attendre sept ans pour qu’un nouveau lycée s’ouvre. C’est un délai sans précédent depuis que la Région a la compétence de la construction de ce type d’établissement scolaire. Aussi cette inauguration revêtait le caractère d’un grand événement.

Or avant-hier, la Région a annoncé que le lycée de Bois de Nèfles à Saint-Denis ne sera pas ouvert à la rentrée comme prévu, alors que 400 jeunes y sont déjà inscrits en classe de seconde. Les travaux ont pris du retard, et les élèves sont priés de rester chez eux deux semaines supplémentaires. En effet, d’après les éléments diffusés dans la presse, le Rectorat ne semble pas disposer à répartir les 400 élèves concernés dans d’autres lycées le temps de travaux. Pour compenser la perte de pas moins de deux semaines de cours, l’enseignement à distance serait envisagé. C’est l’autre volet de cette bien triste affaire.

Opération publicitaire ratée

C’est à croire si ces jeunes et leurs familles ne sont pas en train de vivre un cauchemar éveillé. En effet, l’argument de la Région, selon lequel un retard de deux semaines sur un chantier de 30 millions d’euros n’est pas extraordinaire, ne manque pas d’étonner. Cela voudrait dire que les travaux auraient dû se terminer à la veille de la rentrée. L’industrie est un secteur qui peut être amené à travailler à flux tendu, mais là ce serait le comble. Pour un établissement destiné à accueillir plusieurs centaines d’élèves, les travaux auraient dû être finis bien avant la rentrée.

De plus, compte-tenu de la situation difficile dans laquelle se trouve l’économie réunionnaise, prendre un peu plus de marge aurait été bienvenu, pour anticiper une éventuelle défaillance d’une entreprise. Car dans ce cas, il est nécessaire de relancer un appel d’offres pour le lot concerné, ce qui cause toujours du retard.

400 exclusions temporaires du lycée ?

Sans doute était-il plus sage de ne pas s’engager à ne pas s’engager à ouvrir le lycée dès cette rentrée. En effet, puisqu’il a fallu attendre 7 ans pour construire un lycée, quelques mois de plus n’aurait pas changé grand-chose. Cela aurait permis aux élèves d’être accueillis dans d’autres établissements et ne pas rater une partie du programme scolaire.

Mais l’idée de faire une belle opération de publicité le jour de la rentrée était, semble-t-il, trop tentante. Ce coup médiatique est bien raté, et ce sont les jeunes et leurs familles qui en paient les conséquences. Gageons malgré tout que le Rectorat puisse trouver les moyens de trouver des classes et des enseignants pour ces 400 jeunes, car l’enseignement à distance n’est pas une solution. Ces 400 jeunes sont de fait dans la même situation que s’ils avaient commis une faute lourde sanctionnée par une exclusion temporaire décidée par un Conseil de discipline. Commencer son année scolaire par deux semaines d’exclusion du lycée, c’est payer à la place des responsables de cette situation et donc tout à fait inacceptable.

M.M.

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