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Didier Gopal (SNUipp)
24 août 2007
Quelle est la place faite au créole dans l’enseignement primaire ? Témoignages a posé la question à Didier Gopal, du syndicat enseignant SNUipp. La société change, les mentalités évoluent... Pourquoi les Réunionnais devraient-ils régler leurs initiatives sur le “bon vouloir” de hauts cadres administratifs pas concernés par leurs problèmes ?
Plusieurs organisations ont récemment signé une lettre ouverte au Recteur, protestant contre le retrait du créole, langue régionale, des programmes du 1er degré et la suppression du test de préhabilitation pour les professeurs des écoles souhaitant se spécialiser en Langue et culture régionale. Craignez-vous, avec les signataires, une régression pédagogique ?
- Cette lettre publiée dans la presse le 4 juillet 2007 est très importante. Le nom de notre organisation, le SNU-FSU n’y figure pas, cependant nous souscrivons pleinement à la démarche. Nous avons été à l’origine de ce combat à La Réunion, à l’époque du SNU-PEGC, qui a conduit à la création du SNUipp-Réunion. On se félicite aujourd’hui que ces organisations défendent la cause que nous-mêmes et nos anciens avons défendue à l’époque.
Les choses avancent ti pa, ti pa. Il y a eu la loi Deixonne. Aujourd’hui, le Code de l’Education, depuis 2001-2003, institue l’enseignement des langues régionales - qui peut être organisé dans le cadre de l’enseignement scolaire dans le premier degré. C’est vrai qu’il y a un débat sur le créole - quel créole ? faut-il l’enseigner à l’école ? Au SNUipp, nous sommes fiers d’avoir organisé un débat public avec 500 enseignants, en 2005, avec la participation de Félix Prudent, les représentants de l’institution, Mme Pouzalgues, inspectrice académique chargée de l’enseignement des langues, et M. Huet, inspecteur de Bras-Panon. Le débat était très enrichissant et surprenant. On a senti une demande dans le corps enseignant - en dépit, ou à cause de son hétérogénéité. On a senti une grande demande des enseignants arrivés de métropole. Ils sentent qu’il y a une difficulté à enseigner le français devant un public créolophone. Bien évidemment, l’unanimité s’est faite pour mettre au premier rang le respect de l’enfant : il faut tenir compte de son vécu, de son histoire. Ne pas en tenir compte serait une grave erreur : ce n’est pas ainsi qu’on pourra lutter contre l’échec scolaire à La Réunion. Le deuxième objectif mis en relief a été que, pour bien enseigner le français, il faut nécessairement passer par le créole. L’objectif est de maîtriser la langue française à l’écrit, le mieux possible.
Pour cette rentrée, si on se réfère à des décisions récentes, cela ne semble pas être la voie suivie par les responsables académiques. Un peu comme s’il était du pouvoir de chaque haut fonctionnaire nouvellement arrivé de remettre en question le travail accompli par les Réunionnais depuis des décennies...
- On a le cadre, on a les textes. Il faut une volonté politique et administrative. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’il nous faut ? Il nous faut d’abord des moyens pour la formation continue, pour des enseignants qui voudraient aller vers un diplôme de LCR. Ensuite, il faut un encadrement. Vous avez deux inspecteurs habilités, mais à côté, il faut des gens qui puissent, sur le terrain, suivre le travail avec eux et continuer la formation. Ensuite, dans la formation initiale, il faut pouvoir proposer des concours avec la possibilité, pour les futurs professeurs des écoles, d’accéder à une formation pour enseigner la LCR. Si on ne fait pas cet effort-là, alors qu’on a le cadre, on n’avancera pas. On peut avoir tous les textes du monde, mais sans la volonté - politique, académique - d’y mettre les moyens, on n’avancera pas.
Précisément : aujourd’hui il y a des doutes...
- Il y a des doutes, d’une part parce que certaines déclarations disent que la LCR disparaîtrait du programme. Dernièrement, l’inspection académique et le Recteur ont démenti. Mais nous demandons des faits : c’est-à-dire les moyens pour agir. Il y a un réel besoin. Il est latent, sur le terrain. Il y a une demande des enseignants, qui viennent nous voir en disant : “il y a un problème ! pourquoi, dans les évaluations en 6e et en CE2, y a-t-il toujours un décalage avec la métropole alors que nous avons les encadrants” ? Il existe ici une différence, une spécificité réunionnaise, à laquelle les enseignants sont de plus en plus sensibles.
Les professionnels du monde de l’éducation ont évolué dans leur réflexion, comme l’a fait apparaître le débat de 2005 avec Félix Prudent. Ils sont demandeurs d’une formation, et ils sont prêts à l’expérimenter sur le terrain, pour permettre la réussite de leurs élèves. Il y a aussi des demandes sur les postes “à profil” d’itinérants langue et culture régionale (LCR). Les propositions sont trop faibles. C’est insuffisant.
A propos de moyens, les textes ministériels prévoient la création d’Etablissements publics d’enseignement primaire (EPEP). Est-ce que - en réfléchissant bien aux financements à mobiliser - cela ne pourrait pas être, pour les défenseurs du créole, un moyen de franchir un saut qualitatif décisif ?
- La position du SNUipp est de dire que ce n’est pas cela qui va résoudre le problème du créole à l’école. Cela ne ferait qu’une structure de plus, venant compliquer les rouages du fonctionnement d’ensemble. Nous avons tout pour réussir. Il ne manque plus qu’une volonté du Recteur et du Ministère, pour accentuer l’enseignement LCR à La Réunion. Vous avez certainement vu la lettre d’Axel Gauvin sur la place faite aux enseignants habilités. Nous sommes amenés à poser la question de ce qu’est exactement la position du Rectorat...
La première chose à faire est de reprendre les textes. Une circulaire précise la position de la langue et culture régionale. On prend le socle commun : la LCR n’apparaît pas. D’où le doute des syndicats aujourd’hui et du SNUipp-Réunion. Nous attendons du ministère un réel investissement : il faut un geste fort, un engagement pluriannuel, indiquant les possibilités de formation des enseignants du 1er degré, en nombre de postes. La demande des professionnels de l’Education est réelle !
Mais cela doit se faire à l’IUFM ! Qui manque de volonté ?
- Quand on dresse aujourd’hui le bilan de ce que fait l’IUFM, ses possibilités sont très faibles. La question de la “volonté” concerne l’Education nationale. C’est une question politique. Les enseignants quant à eux sont disposés à avancer. Les signes qui arrivent actuellement nous laissent penser que les décisions ne vont pas dans le bon sens. En France, ce sont des suppressions de postes (les enseignants LCR comme les autres - Ndlr). A La Réunion, le créole est retiré du socle commun. Quant au rôle de l’IUFM, il est très timide, pas suffisant.
On fait ici et là des expérimentations. Selon des informations officieuses, il y aurait, à la rentrée, une nouvelle expérimentation sur un secteur de Saint-Denis. Mais on ne sait jamais comment sont choisis les lieux d’expérimentation. Le manque de concertation est général, bien que les textes disent qu’il faut se concerter avec tout le monde - enseignants, parents, académie... - avant d’entreprendre toute action !
Vous avez souligné la progression pédagogique. Mais il reste beaucoup de parents à convaincre. On peut d’ailleurs se demander si, dans le nécessaire débat sur le créole, certaines discussions - celles qui demandent par exemple quel créole utiliser - ne contribuent pas à dévaloriser d’emblée cet enseignement aux yeux des parents ?
- C’est une question que nous nous posons. Après le manque de moyens, et au-delà de la sphère des décideurs et des enseignants, directement concernés, le deuxième problème majeur est celui des parents, du public. Il reste un énorme travail d’explication à faire. Il faut expliquer au public aujourd’hui pourquoi il est nécessaire - et même primordial - d’utiliser le créole dans l’école. Il faut expliquer pourquoi il est utile d’en passer par là pour arriver à la réussite de l’enfant. Aujourd’hui, dans l’opinion publique, l’ignorance nourrit une certaine réticence. Les fédérations de parents d’élèves débattent : la question n’est pas tant d’apprendre le créole que de respecter l’enfant, respecter ce qu’il est. Viennent ensuite les questions de la transmission, la culture, l’entretien du patrimoine. Prioritairement, l’objectif est la réussite de tous les enfants. On respecte la spécificité d’une région, un département, une ville, un quartier. Toutes les histoires ne se ressemblent pas. Si devant un enfant, on ne part pas de ce lien qui est sa langue et qui lui permet d’exister, pour dire : “tu es né à La Réunion, tu n’as pas à avoir honte d’utiliser ta langue”, alors on renvoie de la langue créole une image négative, qui rejaillit sur les enfants. Dans le débat sur le créole, certains ne veulent donner de la langue créole que l’image négative de “langue du passé esclavagiste”. Pour combattre cette image-là, il faut un travail d’information et d’échange avec les familles, les parents. A La Réunion, lorsqu’on aborde la question de la langue, il y a tout de suite des jugements très péjoratifs, même si les choses ont évolué positivement depuis quelques années. On avance encore trop lentement.
Quelles initiatives votre syndicat va-t-il prendre pour faire sa part de ce vaste travail ?
- Au SNUipp, nous avons commencé par une réflexion sur l’enseignement du français en milieu créolophone. A partir de là, nous avons envisagé d’autres rendez-vous avec la profession - on ne peut s’adresser qu’à elle - en sériant les problèmes, afin de voir les évolutions de la mentalité des enseignants - quels sont leurs besoins réels ? - et voir ensuite comment évolue administrativement la question de la LCR, comment elle est perçue par les enseignants. Aujourd’hui, nous avons le sentiment qu’il y a d’un côté les besoins, et de l’autre, ceux qui donnent les moyens, mais qui ne les donnent qu’au compte-goutte.
Nous allons continuer la réflexion avec la profession. Nous avons choisi de travailler avec Félix Prudent, mais il serait tout aussi intéressant de travailler avec des Basques, des Bretons... Prochainement, nous allons mener une réflexion sur l’acquisition des mathématiques à l’école primaire, avec la participation d’un pédagogue très pointu sur cette question. En ce qui concerne l’évolution des programmes et de l’école en général, nous avons commencé une réflexion avec Philippe Mérieu. Il nous paraît important de poursuivre ces réflexions avec l’apport de regards extérieurs.
Propos recueillis par P. David
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