L’UMP propose un nouveau statut pour les enseignants

Les syndicats réunionnais entre colère et vigilance

16 novembre 2011

Revoir les obligations de services des enseignants via un nouveau statut. Telle est l’une des 30 propositions rendues publiques par l’UMP, le mardi 8 novembre 2011, à l’occasion de sa convention sur l’Education. Selon le parti présidentiel, ce nouveau statut permettra d’intégrer dans les missions des enseignants non seulement les cours, mais aussi l’accompagnement.

La proposition de l’UMP a provoqué l’inquiétude des syndicats dans l’hexagone. À La Réunion, ces derniers se montrent vigilants. « Ce nouveau statut, nous n’en voulons pas », martèle Patrick Corré, secrétaire général de la CGTR Éduc’Action.

Aujourd’hui, conformément à un décret de 1950 sur les missions des enseignants, dans le Secondaire, un professeur doit assurer 15 heures de cours par semaine s’il est agrégé et 18 heures s’il est certifié. Lors de sa convention sur l’éducation, organisée au Théâtre Bobino à Paris, l’UMP revoit sa copie en matière des missions des enseignants et propose d’intégrer non seulement les cours, mais aussi l’accompagnement, tel que le tutorat, l’orientation et la concertation.

Cette redéfinition des missions, selon le journal “Le Monde”, pourrait aboutir « à la création d’un nouveau corps qui concernerait les candidats à l’actuel CAPES et serait ouvert aux professeurs certifiés en exercice, sur la base du volontariat ». À noter que le parti présidentiel souhaite également la mise en place d’une évaluation des enseignants par le chef d’établissement afin de « mesurer leur capacité à faire progresser les élèves ».

Avec ces propositions, l’UMP jette alors un pavé dans la mare et provoque l’ire et l’inquiétude des syndicats. « Avec des rémunérations inégales, des recrutements diversifiés, des chefs d’établissements transformés en évaluateurs, notateurs, nous avons là toute la panoplie d’éléments majeurs de déréglementation libérale de notre système éducatif », fustige Patrick Corré, secrétaire général de la CGTR Éduc’Action. Selon lui, « la reconnaissance de ces nouvelles tâches ne s’accompagnera aucunement de baisse des obligations de services en termes de face-à-face pédagogique classique et aboutira à un alourdissement considérable des tâches ». Il note de fait « l’existence d’un double statut », avec une rémunération plus « alléchante » pour le nouveau professeur. Ce qui introduira, estime-t-il, de la « concurrence néfaste » dans les établissements et inévitablement « des tensions entre les personnels ».

Du côté de la FSU, le discours est sensiblement le même. Mais pour Christian Picard, secrétaire départemental de la FSU, le gouvernement a encore une fois montré sa volonté de « faire passer des réformes sans concertation ». « Le gouvernement essaie là de justifier les licenciements qu’il y a eu dans l’Éducation nationale, en stigmatisant les enseignants sur ces 15 heures et 18 heures », déplore-t-il. « Or, 18 heures de présence devant les élèves signifient également 18 heures de préparation. Il ne faut pas oublier qu’il y a tout un suivi et les corrections », poursuit Christian Picard. Il dénonce une « école à deux vitesses », se dirigeant « vers un management du privé ».

Nouveau passage en force

À l’UNSA, s’il ne se dit pas pour ces mesures, Éric Hoarau, élu au Comité technique académique et enseignant dans le Secondaire, estime que « ce nouveau statut permet de définir correctement ces missions ». « Il faut également compter sur l’évolution et la réalité du terrain. Beaucoup d’enseignants font déjà de l’accompagnement sans être pour autant rémunérés », avance-t-il. L’élu UNSA propose alors de les intégrer sous la formule « 12 heures de présence devant les élèves et 3 heures d’accompagnement » pour les professeurs agrégés, et « 15 heures et 3 heures » pour les professeurs certifiés. Néanmoins, Éric Hoarau ne manque pas de noter « certaines incohérences », car, dit-il, « certains enseignants, avec ce nouveau statut, auront des missions différentes, et de ce fait, un salaire différent ».

Cette proposition, si retenue par Nicolas Sarkozy pour la Présidentielle de 2012, devrait être applicable à compter du concours 2013 du CAPES.

Dans l’île, aucune action n’est prévue pour le moment. Si Christian Picard affirme « rester vigilant », Éric Hoarau appelle, pour sa part, « à la concertation avec tous les acteurs du système éducatif ». « Il faut faire bouger les lignes », conclut-il.

Émilie Sorres pour www.ipreunion.com

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