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Saint-Paul, dans le “quartier pêcheurs”
11 février 2005
Dans l’Ouest comme dans les autres secteurs de l’île, les publics en recherche d’une remise à niveau, que celle-ci réponde à des besoins quotidiens ou conditionne l’accès à l’emploi, sont orientés vers des organismes d’insertion et emploi-formation, qui constituent le dispositif de lutte contre l’illettrisme. Longtemps stigmatisé, celui-ci est mieux pris en compte depuis peu, dans une prise de conscience qu’un pays qui veut progresser, doit commencer par inspirer à chacun le sentiment d’une progression possible. Ce qui suit est issu de la rencontre, à Saint-Paul, avec l’équipe de formateurs et les membres d’un atelier permanent de la société FEI (Formation-Emploi-Insertion), interrogés sur les motivations qui les ont amenés à frapper à la porte de cet organisme.
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Les groupes varient de jour en jour, comme les ateliers qui les réunissent : lecture, écriture, cuisine... Les ateliers accueillent "de 28 à 48 personnes, en majorité des hommes", exposent les 2 animatrices présentes ce jour-là, Joanne et Katty. Les formations varient de 2 mois et demi à 2 mois, selon les besoins, les rythmes de travail ou les niveaux. Des tableaux affichés au mur témoignent de la vie des groupes et des liens tissés au gré des différents ateliers : une conjugaison, un tableau pour l’addition, une carte de Mayotte, un planning du nettoyage de la salle...
Ce qui frappe au premier abord est la jeunesse du groupe, environ 11 hommes et 4 femmes. Ils ont de 16 à 39 ans. Tous n’ont pas envie de parler de leur parcours.
Le plus jeune, Médéric, 16 ans, est sorti du collège l’année dernière. "C’était l’enfer, mi di carrément. Ici, c’est mieux ; na poin lantrènman kamarad", dit-il. "Ici, les plus forts aident les plus faibles, mais l’école c’est pas comme ça. Lékol i fé preférans", poursuit-il. Cédric, à côté, approuve. Ils sont un groupe de 6, une tablée de 16-25 ans, rescapés d’une scolarité chaotique. Jean-David, Cédric, Davidson - qui n’a "rien à dire" - Médéric, Jean-Denis et Samantha.
À la table voisine, Christopher, 17 ans et demi et Lionel, 19 ans, sont dans le même cas. Christopher a fait trois collèges à Saint-Paul, avant de passer par une SEGPA à La Montagne. Il voulait aller vers une formation de cuisinier, mais son niveau ne lui a pas permis d’y accéder directement. Il est là pour 4 mois, dans l’espoir d’aller vers un CAP. Lionel pense à une formation de peintre en Bâtiment.
Samantha est sortie de l’école à 16 ans sans qualification et sans perspectives. Elle déclare sans état d’âme apparent qu’elle avait du mal à apprendre à l’école et que c’est pourquoi on l’a envoyée dans une section d’horticulture, à La Saline. "J’aime la nature, mais pas pour bosser !". Ce qui la motive, c’est un certificat ERP1 (Sécurité Incendie 1er degré). Elle envisage maintenant de franchir tous les degrés et, pourquoi pas, de continuer chez les pompiers. Dans le groupe de Saint-Paul, elle apprécie l’accompagnement dans l’apprentissage.
Cédric va rester de janvier à mars ; il est là pour atteindre le niveau que l’école ne lui a pas donné. "La pa gingñ sézi". Il a quitté l’école en 3ème, il y a déjà 4 ans et pour le moment, voit sa vie de petit boulot en petit boulot : vendeur, agent d’entretien, agent d’espace vert... Il est arrivé au groupe par la MIO (Mission intercommunale de l’Ouest) et l’ANPE.
À 25 ans, Jean-Denis a déjà passé 6 ans hors de l’école, qu’il a quittée en classe de 4ème... Il avait alors 19 ans et tenté déjà deux fois de passer le Brevet des collèges, sans succès. Il a déjà suivi une formation, dans un centre comme celui-ci. Il apprécie, comme Samantha, "l’ouverture sur le monde" que leur donne les séances de travail au FEI. La veille, unee agent du CNARM était venue leur parler de l’éventualité d’aller chercher un emploi en Europe et la proposition faisait son chemin dans leurs esprits. "Si banna i pran an sharz... Il fo lé sérié, i fo pa i larg aou apré, nou pèrd anou...", résume Cédric.
La troisième table accueille un groupe de 8 adultes, dont 2 jeunes femmes originaires de Madagascar, mariées chacune à un Réunionnais. Ordine habite ici depuis 5 ans, Lys est arrivée il y a 1 an. Cette dernière, mère de 5 enfants, a suivi les conseils d’une assistante sociale. "C’est un problème pour accompagner les enfants, les aider à l’école, faire les visites chez le médecin", dit-elle dans un français très hésitant. Ordine s’exprime déjà bien en français. Elle ressent néanmoins beaucoup de difficultés dans l’usage de la langue, qu’elle apprend aussi par les chansons. C’est son troisième stage. En face d’elle, Florent-David poursuit un travail d’écriture, imperturbable. "Ma pa rien pou dir" sera son seul commentaire.
Gervil L., 39 ans, est agriculteur sans terre et c’est en recherchant un travail agricole qu’il a trouvé d’abord l’ANPE, puis la CLI (Commission locale d’insertion) qui l’a envoyé vers le FEI pour une “remise à niveau”. Il veut atteindre une formation plus spécialisée, au lycée agricole de Saint-Paul. Lâché par l’école en classe de CPPN, il a tôt rejoint son père, planteur de géranium, dans les travaux des champs. Dans le groupe, il apprend vraiment ce qui lui manquait. Les maths, la dictée, la lecture... Il y trouve une réelle autonomie. Depuis qu’il peut lire les panneaux publicitaires ou autres dans la rue et que l’environnement social pique sa curiosité, il s’est décidé à passer le permis de conduire. Habitant sans titre sur les terres d’une famille propriétaire de Sans-Souci, où il ne peut rien construire en dur, il s’accroche à l’espoir "d’avoir quelque chose dans la vie, un jour".
Avant de se séparer, le groupe range rapidement la salle, une des tâches communes qu’ils réalisent solidairement. Une dernière chose avant de partir, une mise au point des formatrices sur la recherche d’emploi, comment répondre à des rendez-vous d’entreprise... Un incident survenu avec un des stagiaires, dans sa recherche d’emploi, en est le motif.
"La mobilité, ça commence dans sa propre région", explique Joanne en évoquant les efforts à faire pour motiver la “mobilité” de chacun. Katty soutient un parallèle avec leurs sorties-loisir : "Vous arrivez à vous en sortir pour aller au Chapiteau en bus et cela poserait un problème de parcourir la distance Grande-Fontaine/Savanna - qu’on peut faire à pied ?" Il s’ensuit des échanges sur la motivation des stagiaires.
Joanne conclut : "Vous n’êtes pas des “demandeurs d’emploi”, ce n’est pas le bon nom ; vous êtes des “chercheurs”, des candidats à l’emploi ; vous bougez et vous proposez vos services, vos compétences ; sinon, vous aurez du mal à trouver ce que vous cherchez...". La plupart acquiessent en silence. Cela a l’air simple, dit comme cela.
Au moment de se séparer, des jeunes seront interpellés sur la tenue des abords du local, encombrés de canettes ou de bouteilles vides. La propreté, la solidarité et le partage font partie des valeurs qui rapprochent les groupes entre eux. La place est vite nettoyée, puis chacun part vers le week-end, ses soucis de famille ou ses rêves, jusqu’au lundi.
P. David
La Plate-forme de l’Ouest
Une porte d’accès à l’emploi
À Saint-Paul, F.E.I est l’organisme qui coordonne l’ensemble des actions de lutte contre l’illettrisme, jouant le rôle de centre nerveux de la “plate-forme” de l’Ouest. Trois autres partenaires constituent cette plate-forme, sur un secteur allant du Port-Possession à La Saline et à Saint-Leu.
Les différentes associations ou sociétés spécialisées dans l’accueil de publics en difficulté agissent sur conventions, dans le cadre de dispositifs financés par l’État et l’Europe (FSE) ou par la Région. Elles sont organisées en 4 “plates-formes” dans l’île, qui échangent régulièrement, entre elles et avec le Carif-Oref, un centre de ressources qui abrite notamment l’antenne de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI).
Ainsi présenté, cela semble très structuré... Mais cette structuration ne rend pas compte de la complexité de l’ensemble des interventions motivées par la survivance de l’illettrisme dans la société réunionnaise.
C’est pourquoi les actions de lutte contre l’illettrisme font depuis l’an dernier l’objet d’un inventaire général, d’une mise en commun destinée à dresser un état des lieux.
Joanne F. et Katty G. interviennent depuis plusieurs années comme formatrices à F.E.I. et elles ont noté des changements qualitatifs. "Avant, les gens n’osaient pas venir. Aujourd’hui, ils voient une évolution, ils voient leurs voisins venir et du coup, ils se disent “Pourquoi pas moi ?”", explique Joanne. La jeune femme perçoit dans ce mouvement "une prise de conscience en pleine progression", qui donne une consistance plus importante à la plate-forme "avec des échanges qui vont croissant et un fort esprit d’équipe, entre les partenaires et avec les organismes prescripteurs".
Les 2 jeunes femmes expliquent que la création de la plate-forme a permis de mieux organiser les formations et d’accompagner les exigences, elles aussi grandissantes, des différentes structures et de leurs publics.
Cela crée aussi de nouveaux besoins et des responsabilités plus grandes.
Les formatrices de FEI accueillent un public varié, souvent de très jeunes à la recherche d’un premier emploi, d’un métier ou d’une voie dans la vie ; mais aussi, plus rarement, des personnes qui ne cherchent qu’un enrichissement personnel, dans une vie déjà bien tracée.
Les formations vont de 200 à 600 heures, certaines en alternance : entre une entreprise, un maître de stage - que les candidats doivent trouver eux-mêmes - et les ateliers permanents.
Le stagiaire est accueilli en plusieurs étapes, graduées selon un niveau d’exigence et de difficulté croissant, pour tester sa motivation, sa capacité à comprendre les consignes et à organiser ses rendez-vous. "Cela permet de bien jauger le niveau d’autonomie de la personne", résume Joanne. Ce parcours, dès l’accueil, permet à l’équipe pédagogique d’apprécier la disponibilité des stagiaires, leurs contraintes, comme autant d’éléments d’un pré-positionnement.
Pour les stagiaires, les jeunes surtout, le contact avec l’équipe pédagogique est souvent une clé vers un premier emploi, vers le monde du travail.
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