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par le Dr Raymond Vergès

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Lycée... Isnelle Amelin

Les 20 ans du lycée d’enseignement professionnel Duparc

jeudi 28 avril 2005


Pour ses 20 ans, le lycée Duparc offre un programme de festivités depuis lundi dans ses murs. L’occasion de faire découvrir les sections professionnelles proposées, et de peut-être s’offrir une belle carrière.


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Plus de 20 collèges et lycées se sont inscrits pour aller à la découverte d’un lycée, aujourd’hui âgé de 20 ans. “Dans la fleur de l’âge”, diront certains. Pourtant, le lycée a fait un bon bout de chemin depuis sa création. Outre les enseignements classiques qu’il propose, le lycée Duparc est par exemple le seul à La Réunion à proposer une formation “professionnelle” en esthétique-cosmétique, au côté des sections coiffure, stylisme.
À l’occasion de ses 20 ans, un programme intéressant est proposé aux lycéens, collégiens visiteurs, et aux parents d’élèves. Aujourd’hui, la manifestation est plus sportive, avec des épreuves de duathlon et de volley-ball, durant tout l’après-midi. Avant-hier, collégiens et lycéens visitaient l’établissement, et les sections professionnelles. Lundi, les festivités s’ouvraient avec la programmation de la pièce de Feydeau “Ne te promène donc pas toute nue”, lors de l’après-midi culturel. Mais le clou du spectacle sera sûrement l’inauguration du lycée ce vendredi. Après un défilé de mode organisé par les élèves des sections couture, esthétique-cosmétique et coiffure, on inaugurera le lycée Duparc qui portera un nouveau nom, et pas le moindre.

Le nom d’une grande Réunionnaise

Elle s’est battue contre la misère, la précarité, l’insalubrité. Elle s’est donnée corps et âme pour la femme réunionnaise. Militante de premier rang, conseillère municipale à Saint-Denis de 1945 à 1958, compagne de lutte de Raymond Vergès, administratrice de la Sécurité sociale de 1952 à 1984, humanitaire à l’âge de 85 ans, elle luttera aussi contre l’apartheid. "Une sorte d’Abbé Pierre au féminin", disait Clélie Gamaleya à son sujet. Isnelle Amelin n’est malheureusement plus parmi nous depuis 11 ans maintenant. Elle décède à l’âge de 87 ans. Selon une consœur, "ses dernières pensées, jusqu’à l’extinction de ses forces, sont allées à la solidarité envers les plus pauvres, de La Réunion ou de Madagascar". Jusqu’à aujourd’hui, on se souvient de ses nombreuses actions “citoyennes” en faveur de la population réunionnaise.
Le 21 juin 1986, Paul Vergès inaugure en sa compagnie une crèche qui, comme une école maternelle de La Ravine des Cabris, portera son nom. C’est donc le troisième établissement destiné à l’éducation qui lui sera dédié dès vendredi.

À l’école de la vie

Isnelle Baret voit le jour le 14 septembre 1907 au quartier Trois-Lettres. Elle aura 3 frères et 2 sœurs. Son père, agent forestier, Léopold Baret, fait vivre modestement sa famille avec son maigre salaire. La famille indigente survit. La mère d’Isnelle, Eugénie, élève des animaux pour subvenir aux besoins domestiques. Malgré la dureté de la vie, les parents de l’infortunée Isnelle souhaitent donner la meilleure éducation à leurs enfants. Elle obtiendra le brevet élémentaire, ce qui lui permettra d’occuper un poste à la Banque de La Réunion. Après 9 ans de travail exemplaire, elle obtient en 1944 le poste de chef de service du portefeuille à Saint-Denis. Mariée depuis 1941 à Raoul Amelin, inspecteur de police, et fervent militant communiste, elle s’initie au droit, s’intéressant particulièrement à la législation sociale. Elle lutte alors avec le docteur Raymond Vergès, pour résorber le taux de mortalité infantile excessive. Elle sera un modèle émérite du combat pour l’égalité des droits, pour la promotion de la femme, le bien-être de tous les Réunionnais. Rigoureuse dans son travail, elle fondera la première crèche de la sécurité sociale, au profit des enfants d’employés de maison. En 1992, elle sera faite chevalier de la légion d’honneur. Elle s’éteindra deux ans plus tard, à Saint-Denis, à l’âge de 87 ans, après avoir servi La Réunion, son pays. On notera dans ses engagements les plus honorables sa participation déterminante à la création de l’Union des femmes réunionnaises. Elle occupera la lourde fonction de présidente de l’UFR de 1958 à 1978.
Vendredi, un événement presque historique va se dérouler, un événement que nous ne manquerons pas de suivre, et de partager avec vous, nos chers fidèles lecteurs.

Bbj


Lettre de l’U.F.R. à Isnelle

À l’annonce du baptême du lycée Duparc en Isnelle Amelin, l’Union des Femmes réunionnaises nous a fait parvenir un communiqué rendant hommage à une des principales fondatrices du mouvement des femmes à La Réunion. On lira ce texte ci-après.

Isnelle,
Un lycée va porter ton nom, le 29 avril prochain, soixante ans après ton élection comme conseillère municipale de Saint-Denis, quand le droit de vote venait enfin d’être attribué aux femmes de France et d’Outre-mer.
Nous, militantes à l’UFR, organisation de masse dont tu as été une des fondatrices en 1958 sommes fières et honorées de savoir que le lycée Isnelle Amelin accueillera des générations de jeunes qui prononceront ton nom en évoquant leur établissement.
Souhaitons que pendant des années quelqu’un puisse leur rappeler à chaque rentrée scolaire quelle militante infatigable tu fus pendant toute ta vie. Etre au service de la population était ta devise. Au sein du PCR comme de l’UFR et dans tes mandats électifs, tu as défendu avec acharnement le droit à la santé, au travail, au logement, à des élections honnêtes.
Quand les revendications des femmes se sont affinées, tu as su avec de plus jeunes que toi défendre le droit à la contraception, à l’avortement, au respect en condamnant toutes les violences subies par tes sœurs réunionnaises et tes sœurs de par le monde.
Ta silhouette toujours droite malgré l’âge, tes cheveux bien noirs, ton regard franc et direct sont dans nos têtes et dans nos cœurs.
C’est la maladie qui t’a contrainte au repos dans ta maison de La Montagne, bordée d’un jardin touffu et fleuri... ta demeure familiale ayant été écrasée par les bulldozers du maire Legros.
Tu avais dit un jour : j’ai quatre fois vingt ans et le corps ne suit plus la tête.
La lutteuse ne s’est inclinée que devant la mort en février 1994, les vexations, les menaces, les brimades subies à cause de ton engagement n’avaient jamais réussi à te briser.
Tu es l’exemple même de la militante, fidèle à ses convictions, plus soucieuse de son action efficace que de son image de marque. Ton combat c’était ta vie et tu n’as jamais accepté le moindre compromis. Isnelle, tu restes un modèle pour nous toutes, puisses-tu être ce même modèle pour les futures générations afin que le combat des Réunionnaises s’enrichisse encore et encore de femmes authentiques comme toi.

Pour le Bureau UFR
Huguette Bello, Graziella Leveneur, Marianne Assing et Marylène Berne.


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