Ne dîtes pas à ma femme...

24 juin 2006

Aujourd’hui je voudrais vous parler de la valse des sélectionneurs et autres entraîneurs.
Dans ce Mondial 2006, 32 sélections nationales s’affrontent. C’est-à-dire 32 pays ambitieux, 32 sélectionneurs choisis, 47 matchs au 1er tour, puis 16 jusqu’à la finale comprise. Soit 63 matchs au total pendant 30 jours de compétition. Et au soir du 9 juillet, 1 seul, le vainqueur, aura le sourire, la joie et le bonheur parce qu’il y a aussi, ne l’oublions jamais, un vaincu. Mais quel vaincu ? Un finaliste !
Combien de coachs seront virés avant la finale et surtout après celle-ci ? Déjà, Henri Michel s’inquiète du silence radio de la Fédération Ivoirienne. Pourtant, son travail, les performances et les progrès réalisés par les Eléphants sont indéniables. Le staff technique ivoirien a bien bossé ! Mais seul le résultat sec compte. On oublie tout aussi sec d’où on est parti !
D’autres sélectionneurs seront bientôt sur la sellette. Notre Raymond Domenech national n’est pas trop loin de la roche Tarpéienne. Le grand plongeon est peut-être pour demain ou après-demain au plus tard !
Et chez nous, dans notre championnat péi où souvent la passion est exacerbée par un environnement malsain, sans horizon sportif, moral, politique - qui pousse à la déraison, est-ce bien différent ?
Trop de personnes dans les clubs et autour sont atteintes du syndrome de champion, de coupes, de titres. Seule l’ambition mesurée, calculée est un bon moteur.
L’obsession de vouloir gagner tout, tout de suite, n’importe comment, à tout prix : du n’importe quoi. On peut rêver longtemps quand on dort, mais rêver éveillé trop longtemps conduit à la mégalomanie et à la paranoïa.
Quelques faits nous inquiètent dans notre football réunionnais : Raymond Lauret en parlait déjà dans un de ses tout derniers “Libres propos”.

- La Tamponnaise est championne 2005. Malgré tout, on y fait le ménage comme les éléphants le font dans un magasin de porcelaine.

- La Saint-Pierroise caracole en tête, elle n’a pas perdu un match en championnat. Du jamais vu depuis plusieurs saisons. Et patatras, une élimination prématurée en coupe et les insultes, les menaces, les propos racistes fusent vers les entraîneurs, les joueurs !

- L’US Possession, nouvelle promue après une belle saison en super D2, largue les éducateurs de la montée, recrute des joueurs de bon niveau, un entraîneur avec un bon vécu de joueur, les résultats sont pour l’instant en dents-de-scie et, badaboum, on chahute, critique, écorche le technicien.

- L’Excelsior perd, en produisant un match très intéressant, face à l’USST qui a utilisé des méthodes pas très orthodoxes et voilà un excité isolé et lâche qui houspille l’entraîneur - alors que les tangos n’avaient pas perdu depuis 2003 au Stade Raphaël Babet !
Enfin, le dernier entraîneur viré de la saison 2006 s’appelle Thierry Robert, après 11 journées et 2 bonnes saisons au Saint-Denis FC. Pourquoi ?
On peut convenir que le football est un sport populaire, ouvert, médiatisé, décortiqué, analysé. Mais doit-il à ce point être suspecté, vilipendé, jalousé, politisé...? C’est souvent le foot-réalité avec ses excès.
Les techniciens payent cher cette surexposition qui dérègle le cerveau de milliers “d’entraîneurs-marrons”.
En football, on ne peut pas vivre heureux et cachés. Ne dîtes à ma femme que ses enfants sont dans le football jusqu’au cou, elle croit qu’ils sont fonctionnaires !

Salut zot toute !

Goulam Gangate


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