Réforme du système éducatif

« Nous craignons le pire »

22 février 2008, par Edith Poulbassia

Les annonces successives du gouvernement pour la réforme de l’Éducation national ont fait réagir la FSU hier. Pour le syndicat, rien ne justifie ces attaques répétées contre le monde éducatif. Moins de professeurs, c’est forcément moins de cours, et une qualité dégradée de l’enseignement. La solution des heures supplémentaires est une illusion.

La FSU a effectué hier un bilan de santé du système éducatif. Diagnostic de la fédération syndicale : l’Éducation nationale n’est pas encore à l’agonie, mais elle présente déjà des signes de faiblesse que l’Etat se prépare à amplifier.

De l’école primaire au secondaire, les représentants syndicaux ont passé en revue les changements à venir. Trop de réformes, dénonce la FSU. Le gouvernement agit dans la précipitation et sans aucune considération pour le personnel éducatif, ainsi que pour les élèves. « En termes d’éducation, qu’est-ce qui vaut la précipitation ? », interroge Sandrine Peignon du Syndicat national unitaire de l’enseignement professionnel (SNUEP). Pour la FSU, nul doute qu’il s’agit de faire des économies sur le dos de l’éducation, au détriment de la qualité de l’enseignement.

Objectif du gouvernement, la suppression d’un poste d’enseignant sur deux, soit 20.000 professeurs en moins par an sur la période 2009-2012. Cette année, La Réunion n’a pas été épargnée. Les 73 postes en moins se traduisent en moyenne par 23 à 25 heures de cours au lieu de 18 heures pour chaque enseignant. Mais, prévient Philippe Manenc, professeur d’EPS, « les profs ne sont pas prêts à faire des heures sup ». C’est la qualité de l’enseignement qui en pâti. Exemple avec les 12.000 départs à la retraite des professeurs d’EPS ces deux dernières années pour seulement 400 postes au concours. Certains cours ne sont plus assurés, comme la natation. « La moitié des collégiens ne savent pas nager à La Réunion, contre le tiers des lycéens. Pourtant, le savoir nager est aussi important que le savoir lire, ou compter », estime Philippe Manenc.

Le Bac professionnnel en 3 ans vise le même objectif de réduction de postes. Sandrine Peignon le démontre : « L’idée est de transformer le BEP en Bac pro de 3 ans, ce qui fait 1.000 heures de cours qui disparaissent pour un diplôme, et surtout la suppression d’un poste sur 4, soit 26.000 professeurs économisés d’ici 2012 en lycée professionnel. On sacrifie toute une génération d’élèves, à moins qu’à la rentrée 2009, nous ayons à faire à un prototype d’élèves ».

Les heures supplémentaires ne sont pas obligatoires, mais la FSU dénonce les pressions exercées sur les enseignants. Mais ce système d’heures supplémentaires pourra-t-il fonctionner sans conséquences sur la qualité de l’enseignement ? « La régulation va se faire d’elle-même, les professeurs vont donner moins de devoirs, corriger moins de copie, c’est inévitable ».

L’école primaire est quant à elle déstabilisée par les annonces du gouvernement. « On a l’impression que le Président se réveille le matin avec une nouvelle idée et qu’immédiatement, il veut l’appliquer », constate Mylène Mounichy du SNUIPP. Enseignants associés au contrôle des enfants grâce à la Base-élèves, plus de maths et de français, au détriment des autres matières, manipulation du devoir de mémoire... La FSU n’attend plus que le livre blanc que le ministre devrait présenter en avril en s’inspirant du rapport Pochard. « Nous craignons le pire », lâche Lionel Millot du SNES.

La FSU compte bien évoquer tous ces changements à la réunion du Comité technique paritaire de l’académie le 28 février. La fédération devra notamment se prononcer sur la nouvelle carte de formation pour l’année prochaine. La FSU demande enfin au ministre de l’Éducation de revenir sur sa décision de repousser les dates du Bac. « Nos collègues sont de très mauvaises humeur », prévient Lionel Millot.

E. P.


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