Le SE-UNSA annonce la mobilisation des enseignants

Objectif : sensibiliser les parents

6 septembre 2007, par Edith Poulbassia

La baisse des postes dans l’Éducation nationale et les annonces successives du gouvernement n’enchantent pas le syndicat SE-UNSA Réunion. Il prévient déjà qu’une mobilisation des enseignants aura lieu ce mois-ci.

Une lettre (de 30 pages !) aux éducateurs, datée du 4 septembre et signée de Nicolas Sarkozy, Président de la République. C’est avec ce document à la main que Jean-François Rialhe, Secrétaire général du SE-UNSA Réunion, arrive en conférence de presse. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? « Avec ce gouvernement, nous sommes obligés de réagir au coup par coup. Il mène une politique de réaction par rapport à un problème donné, à un moment donné, il pose des phrases sans concertation, ni avec les enseignants, ni avec les parents », affirme Jean-François Rialhe.
La suppression de postes, le service minimum, plus récemment la suppression de l’école le samedi, la fin du collège unique... Le syndicat reproche au gouvernement la méthode employée sur tous ces sujets : l’absence de débat, de dialogue pour suivre la seule logique comptable. Le SE-UNSA Réunion, qui représente 2.000 enseignants du premier au second degrés, se dit prêt à la mobilisation ce mois-ci pour sensibiliser les parents aux mesures que prépare le gouvernement, mesures que le syndicat considère comme une régression du système éducatif.

Des postes déjà en baisse dans de 1er degré

Si “la rentrée s’est passée” sans gros problèmes cette année, le SE-UNSA Réunion fait remarquer quand même qu’un décalage existe entre « l’analyse du Rectorat et les besoins sur le terrain ». « Le premier degré a accueilli 800 élèves en plus cette année, 14 postes ont été créés, ce qui fait 1 enseignant pour 57 élèves. 20 titulaires sortant de formation se sont retrouvés sans poste, le problème est maintenant résolu. Dans le second degré, les 63 moyens supprimés, qui correspondent à des horaires des enseignants (63x18 heures), nous ont été rendus, non pas en personnel, mais sous forme d’heures supplémentaires », explique le secrétaire général du syndicat.
Ce qui inquiète particulièrement le syndicat, c’est l’annonce de plus de 11.000 suppressions de postes. Déjà, le nombre de postes baisse chaque année pour le premier degré à La Réunion, affirme Jean-François Rialhe. « Nous sommes passés de 40, puis 20, maintenant 14, alors que nous avons beaucoup de jeunes en difficulté scolaire ». Pour le SE-UNSA Réunion, la qualité de l’enseignement ne peut se faire au détriment de l’encadrement.

Mener une réflexion sur le rythme des enfants

Concernant la possibilité de ne plus faire école le samedi, SE-UNSA estime « qu’une réflexion est à mener sur le rythme des enfants, au lieu d’adopter une logique purement comptable ». Beaucoup d’enseignants sont pour, un certain nombre de parents également, mais au final, « ce sont les classes sociales favorisées qui en profiteront pour partir en week-end ». Autre point sur lequel le syndicat s’est exprimé : la différence d’heures de cours assurés par le professeur certifié et l’agrégé, 18 heures pour l’un, 15 heures pour l’autre. Le ministre de l’Éducation voudrait revenir sur cette distinction, mais là aussi, le syndicat demande l’ouverture du dialogue.
Enfin, le service minimum dans les écoles qui, a la différence du second degré, ne dispose pas de personnel de Dd-Direction, de CPE. Pour le syndicat, impossible de l’accepter. « Ce serait une remise en cause du droit de grève des enseignants. Une piste existe pourtant : la mairie qui aménage les locaux peut mettre du personnel à disposition ».

Edith Poulbassia


La rentrée des enfants handicapés

Catherine Hoarau, psychologue scolaire, note une amélioration de la situation par rapport à l’année dernière (mise en place du MDPH). Toutefois, tout n’est pas rose. Pour les CLIS à l’école primaire, Catherine Hoarau a relevé quelques disfonctionnements : certains enfants qui ont été acceptés en CLIS ne bénéficient pas de transport spécialisé pour les y emmener et inversement. Pour les 110 CLIS 1 (enfants avec handicap mental), l’accueil reste difficile : 68 postes sont occupés par des enseignants non spécialisés, dont 22 sortant de l’IUFM. Au collège, 5 nouvelles UPI ont été créées, mais cela reste insuffisant pour satisfaire la demande. Les auxiliaires de vie scolaire, essentiels pour les enfants handicapés, sont en nombre insuffisant. « Certaines municipalités (Le Port, La Possession, Sainte-Suzanne) mettent les moyens pour une politique sociale afin de suppléer au manque d’auxiliaires de vie scolaire de l’Etat », ajoute Catherine Hoarau, mais ce qui n’empêche pas que des élèves handicapés doivent se partager les auxiliaires, et donc se retrouvent regroupés dans une même classe. Et puis, il manque 9 postes de psychologues scolaires, 45 postes de maîtres d’aide spécialisée pédagogique, 22 rééducateurs en primaire, des médecins scolaires à Saint-Louis, Saint-Leu et Saint-André.

EP


Lettre du Président aux éducateurs : morceaux choisis

« Jadis, l’instituteur, le professeur avait une place reconnue dans la société parce que la République était fière de son école et de ceux auxquels elle en avait confié la charge. L’instituteur, le professeur était fier de son métier, fier de servir la République et une certaine idée de l’Homme et du progrès. Nous devons renouer avec cette fierté. Dans l’école de demain, vous serez mieux rémunérés, mieux considérés, et à rebours de l’égalitarisme qui a trop souvent prévalu, vous gagnez plus, vous progressez plus rapidement si vous choisissez de travailler et de vous investir davantage ».
(...)
« Parents, vous êtes les premiers des éducateurs. Je sais combien ce rôle est difficile quand le chômage menace, quand la famille se recompose, quand le père ou la mère se retrouve tout seul pour élever ses enfants. Je sais combien la vie peut être lourde. Je veux vous dire que vous serez soutenus, que vous serez aidés à chaque fois que vous en aurez besoin pour éduquer vos enfants, dès le plus jeune âge, et que pour moi, la politique familiale fait entièrement partie du projet éducatif. Je veux vous dire que le droit à la garde d’enfant et la maternelle seront pour moi, au cours des cinq années qui viennent, des priorités et que je suis décidé à faire en sorte que plus aucun enfant ne soit livré à lui-même une fois la classe terminée, afin que vous puissiez achever votre journée de travail sans éprouver l’angoisse de savoir votre fils ou fille sans surveillance, sans encadrement ».
(...)
« Il ne faut pas que les enfants restent enfermés dans leur classe. Très tôt, ils doivent aller dans les théâtres, les musées, les bibliothèques, les laboratoires, les ateliers. Très tôt, ils doivent être confrontés aux beautés de la nature et initiés à ses mystères. C’est dans les forêts, les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d’histoire, mais aussi de poésie auront souvent le plus de portée, le plus de signification ».


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