Enquête internationale de l’OCDE sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage

OCDE : les enseignants aiment leur travail mais ne se sentent pas considérés, soutenus et reconnus

25 juin 2014

Il ressort d’une nouvelle enquête de l’OCDE que la plupart des enseignants aiment leur travail, même s’ils estiment n’être pas soutenus ni reconnus au sein de l’institution scolaire, et déconsidérés par la société au sens large.

« L’enquête internationale de l’OCDE sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage (TALIS) révèle que plus de neuf enseignants sur dix sont satisfaits de leur travail, et près de huit sur dix choisiraient à nouveau le professorat. En revanche, moins d’un sur trois estime que l’enseignement est une profession bien considérée par la société. Il est important de souligner que les pays où les enseignants se sentent considérés sont généralement ceux qui obtiennent de bons résultats à l’enquête PISA.

Plus de 100 000 enseignants et chefs d’établissement du premier cycle de l’enseignement secondaire (élèves âgés de 11 à 16 ans) de 34 pays et économies ont participé à cette enquête de l’OCDE. Son objectif est d’aider les pays à obtenir un niveau de qualité élevé dans la profession, en comprenant mieux qui sont les enseignants et comment ils travaillent.

L’enquête montre que trop d’enseignants travaillent encore de façon isolée. Plus de la moitié de ceux interrogés déclare ne travailler que rarement ou jamais en équipe avec des collègues, et un tiers seulement observe ses collègues travailler. Les retours d’informations sont également peu répandus : 46 % environ des enseignants indiquent qu’ils ne reçoivent aucun retour de la part du chef d’établissement, et moins d’un tiers (31 %) estime qu’un collègue systématiquement peu performant devrait être licencié.

Cependant, l’enquête montre que les enseignants et chefs d’établissement disposent de nombreux moyens pour remédier à cet état de fait. Les enseignants qui participent à des activités d’apprentissage collaboratif sont plus satisfaits de leur travail et plus confiants dans leurs capacités. La participation aux décisions de l’établissement favorise également la satisfaction professionnelle et fait que les enseignants se sentent mieux considérés par la société.

« Nous devons attirer vers le professorat les meilleurs et plus brillants éléments. Les enseignants sont la clé de l’économie du savoir moderne, pour laquelle une bonne scolarité est essentielle à la réussite future de tous les enfants », déclare M. Andreas Schleicher, responsable de la Direction de l’éducation et des compétences de l’OCDE, à l’occasion de la présentation de l’enquête à Tokyo. « Cette enquête apporte des preuves convaincantes que les enseignants sont ouverts au changement et désireux d’apprendre et de se perfectionner tout au long de leur carrière. Parallèlement, ils doivent prendre davantage l’initiative de travailler avec leurs collègues et leur chef d’établissement, et saisir toutes les possibilités de formation continue », ajoute-t-il.

L’enquête remet en question certains stéréotypes de la profession. Ainsi, le taux de satisfaction professionnelle dépend bien plus du comportement des élèves en classe que de leur nombre. Et la plupart des enseignants jugent constructifs les retours sur leur travail et les évaluations : en moyenne, 62 % d’entre eux indiquent que les retours qu’ils reçoivent dans leur établissement débouchent sur des améliorations modestes ou importantes de leurs pratiques pédagogiques. Toutefois, entre 22 % et 45 % des enseignants au Danemark, en Espagne, en Finlande, en Islande, en Italie et en Suède déclarent n’avoir jamais reçu aucun retour au sein de leur établissement actuel, contre 13 % en moyenne dans les 34 pays participants.

Autres faits marquants :

Profils des enseignants

À l’exception du Japon, la profession se féminise avec 68 % de femmes enseignantes. L’âge moyen est de 43 ans, mais c’est à Singapour que les enseignants sont les plus jeunes, et en Italie qu’ils sont les plus âgés. Plus de neuf enseignants sur dix (91 %) possèdent un diplôme supérieur et ont suivi une formation à l’enseignement (90 %). L’enseignant type exerce depuis 16 ans environ, généralement à temps plein (82 %) et sur la base d’un contrat permanent (83 %).

Chefs d’établissement

Environ la moitié des chefs d’établissement sont des hommes (51 %), ils ont autour de 50 ans et cumulent 21 ans d’expérience dans le secteur éducatif. Ils passent la majorité de leur temps (41 %) à gérer des personnes et des ressources, à faire de la planification et à rédiger des rapports. Ceux qui se situent à des niveaux de direction plus élevés se disent plus satisfaits de leur travail, mais plus d’un sur cinq (22 %) n’a jamais eu de formation à l’encadrement et 31 % n’en ont eu qu’après être devenu chef d’établissement.

En classe

L’effectif moyen est de 24 élèves par classe. Les enseignants assurent en moyenne 19 heures de cours par semaine (de 15 heures en Norvège à 27 heures au Chili), mais dans près de la moitié des pays, un enseignant sur quatre déclare passer au moins 30 % du temps d’enseignement à gérer des interruptions de cours et des tâches administratives.

Sur 38 heures de travail hebdomadaire en moyenne, sept sont consacrées à la préparation des cours, cinq à la correction et deux à la gestion, aux échanges avec les parents et aux activités extrascolaires.

La plupart des établissements scolaires sont bien dotés et les enseignants font état de relations positives avec leurs pairs et avec la direction. Cependant, plus d’un tiers des enseignants travaille dans une école où le chef d’établissement mentionne des pénuries importantes d’enseignants qualifiés, d’enseignants formés aux besoins éducatifs particuliers et de personnel de soutien.

Début de carrière et formation continue

Plus de deux tiers (66 %) des enseignants travaillent dans des établissements où existent des programmes d’initiation formels. Ce n’est pas le cas au Brésil, au Mexique, en Pologne, au Portugal et en Espagne, où entre 20 % et 30 % seulement des enseignants travaillent dans ce type d’établissement.

Neuf enseignants sur dix environ (88 %) ont suivi un programme de formation continue l’année dernière, dont plus des trois quarts (entre 76 % et 91 %) disent que cela a eu un impact positif sur leur enseignement.

S’agissant des domaines dans lesquels les enseignants disent avoir besoin de plus de formation, l’enseignement des élèves ayant des besoins particuliers arrive en tête (22 %), suivi des compétences en technologies de l’information et des communications (19 %).

Évaluations et retours

Près de 80 % des enseignants ont des retours sur leur travail suite à des inspections en classe, et deux tiers (64 %) après analyse des résultats des élèves.

Cependant, la majorité des enseignants estime que les évaluations formelles n’ont que peu d’incidence sur l’avancement ou les gratifications financières. Des augmentations de salaire annuelles sont attribuées quels que soient les résultats dans 78 % des établissements scolaires, et 44 % des enseignants travaillent dans des établissements où les évaluations formelles n’ont pas de conséquence sur l’avancement.

La moitié environ des enseignants pense aussi que la plupart des évaluations ne sont rien de plus que des exercices administratifs et 43 % d’entre eux estiment qu’elles ne sont pas réellement liées à la façon dont ils enseignent. »


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