Grève des lycéens à Saint-Denis

Où est le stylo vert de François Fillon ?

9 mars 2005

Voilà un exemple pour les citoyens d’aujourd’hui. La jeunesse est dans la rue, et le fait entendre. Hier, près de 500 lycéens prenaient la rue de Paris, pour montrer leur ferme détermination à l’encontre du projet de loi Fillon.

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Quelques représentants de l’Intersyndicale, celle-là même qui appelle à la grève ce jeudi 10 mars (voir notre édition d’hier), se réjouissaient de la fibre syndicale de certains jeunes grévistes. "Le discours est de plus en plus pertinent", note Éric Sorret de la Fédération syndicale unitaire (FSU). Le discours est, disons-le, devenu politique. La jeunesse réunionnaise, comme les lycéens de l’Hexagone, comprend l’attaque flagrante faite contre l’école de la République, une école qui se doit d’être ouverte à tous, sans partialité sociale, remplissant sa mission première : l’égalité des chances. Les lycéens "citoyens" entendent revoir la copie à coup de stylo rouge, et appellent le ministre Fillon à se munir de son stylo vert préféré, pour corriger ses nombreuses fautes. Zéro, François Fillon.
Alice Hardy, de la Ligue lycéenne, le disait judicieusement : "le gouvernement refuse d’écouter la rue". Elle n’a pas tort. Après trois rencontres avec le recteur Christian Merlin - que les lycéens saluaient d’ailleurs après l’annonce de son départ - après un débat télévisé, après avoir pris la rue, après s’être confrontée aux forces de police, la jeunesse réunionnaise souhaite montrer qu’elle demeure sur le qui vive. Elle n’attendra pas patiemment que les sénateurs de la majorité entérinent le dramatique choix de l’Assemblée nationale. "Ce n’est pas en restant en cours que nous allons parvenir à changer les choses", explique Alice Hardy, qui reconnaît cependant que les affrontements avec les force de police et l’approche des vacances n’ont pas permis d’avoir une mobilisation d’envergure.

Les lycéens, solidaires à l’Intersyndicale

500 lycéens dans la rue, ça fait quand même grabuge sur la voie publique. C’est déjà une belle réussite, quoiqu’en disent certains. Nombre de piétons dionysiens, s’ils ne participaient pas à la manifestation, reconnaissaient le bien-fondé de cette opération de mécontentement. Annick A., mère de famille, dont un fils lycéen, présente pour soutenir son fils gréviste, notait que les jeunes devraient durcir le mouvement, même si elle craint pour les prochains examens du baccalauréat. Les jeunes grévistes promettent de soutenir l’appel à la grève générale de l’Intersyndicale, ce jeudi 10 mars. Éric Sorret, alors que les grévistes prennent place sur le square Labourdonnais, devant le palais colonial de Dominique Vian, indique que l’Intersyndicale est parfaitement solidaire aux jeunes grévistes, et revendique le retrait pur et simple du projet de loi Fillon. "Jeudi, nous allons aussi dire, et de manière très ferme, notre refus de cette loi", déclare-t-il, sous une tôlée d’applaudissements de la part des grévistes.
L’heure n’était pas, le rappellent quelques syndicalistes, à la récupération. Mais cette loi Fillon reste dramatique pour l’avenir de notre jeunesse. Le gouvernement entre dans une démarche comptable. École des riches ? Toujours est-il que la ligue lycéenne demande le retrait du plan Fillon, notamment sur les points précis, que sont le maintien des Travaux pratiques encadrés (TPE), et l’annulation du contrôle continu. À Jeudi.

Bbj


"Dans deux ans, on votera..."

Pour Guillaume Aribaud de la Ligue lycéenne, il importe de montrer avec force, et en solidarité avec le mouvement national, que la jeunesse réunionnaise n’est pas dupe. Elle reste sur les mêmes revendications, même si le projet de loi est déjà passé à l’Assemblée Nationale. Il faut revoir plusieurs points de cette loi Fillon, restée à l’état embryonnaire, projet de loi conçu pour les bacheliers, mais sans eux. Le jeune lycéen, inscrit en première scientifique au lycée saint-andréen Sarda Garriga, note cependant un manque de vision dans l’attitude gouvernementale, et particulièrement du ministre François Fillon. "Dans deux ans, on votera. Ils n’ont pas voulu nous écouter aujourd’hui. Dans deux ans, ils comprendront", insiste-t-il.


Soutien du SNES aux lycéens contre le projet Fillon

Dans un communiqué diffusé hier, le congrès académique du SNES, réuni hier et aujourd’hui au lycée Antoine Roussin à Saint-Louis dit apporter "son soutien total aux lycéens en lutte contre le projet de loi Fillon" et qu’"une délégation du congrès s’est d’ailleurs jointe à la manifestation de Saint-Pierre" hier matin.
Le congrès académique appelle les personnels du second degré "à se mettre tous en grève le jeudi 10 mars et à se joindre massivement à la manifestation unitaire public/privé au Jardin de l’État".
Aussi, le congrès académique "exige le retrait du projet de loi Fillon et demande au gouvernement d’ouvrir de vraies négociations pour mettre en place une autre politique, en particulier en recrutant des personnels permettant de réaliser la démocratisation de notre système éducatif".


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