Visite d’une délégation du Québec

Parents - étudiants : se voir et se parler

12 novembre 2005

Il n’y a pas que des difficultés financières et matérielles lors d’une expérience de mobilité. Il faut aussi le plein d’émotion... Gouvernement québécois et Conseil régional communiquent, les institutions communiquent entre elles, mardi, les responsables des établissements québécois ont pu rassurer les parents des élèves qu’ils accueillent, et surtout une liaison particulière s’est établie avec le Québec entre parent et enfant par visio-conférence.

Une délégation québécoise est en ce moment à La Réunion. Plus d’une quinzaine de responsables des CEGEP, centre d’enseignement technique supérieur sont venus représenter leur établissement. Certains viennent pour la première fois et n’ont pas encore "eu la chance d’accueillir des Réunionnais". D’autres sont déjà venus, comptent des jeunes Réunionnais inscrits parmi leurs étudiants et sont venus mardi soir au Conseil régional à la rencontre des parents d’élèves, venus nombreux.

3 mois sans se voir

Après une présentation rapide de chaque province, une liaison particulière a été établie avec le Québec par visio-conférence. Sur les écrans, une dizaine d’étudiants réunionnais ont pu parler depuis le Québec, avec les parents présents dans la salle.
Ainsi, Jenita Chekhhoory a pu parler à sa mère, à sa sœur et à son père. Après un Bac pro de comptabilité, cette Saint-andréenne de 20 ans a rejoint un CEGEP pour se perfectionner dans le même domaine. Elle est partie avec la dernière promotion, il y a 3 mois. Elle communique avec sa famille par téléphone et Internet, mais ils ne s’étaient pas vus depuis tout ce temps. Pour Cynthia, assise à côté de Jenita, le choc émotionnel a été trop fort. Quand elle a vu sa mère à l’écran, elle n’a pas pu lui parler. Trop d’émotion. Des deux côtés.

Des rires et des larmes

S’il est vrai que tout le monde assistait aux discussions entre parents et enfants, cela n’enleva rien à l’intimité qui s’instaura durant l’heure où les échanges se sont poursuivis. Il y eut des rires, des larmes. Les remarques : "ou la grossi on diré", "tu es belle maman", "tu es belle ma fille", les conseils de la fille aux parents "pran soin d’zot", des parents à la fille "travay bien", les encouragements, les déclarations d’amour mutuelles, les tremblements de voix... L’échange s’établit spontanément, naturellement, tout le monde parle créole, président de Région compris.

"Letchis lé rouz"

"La fré i komans rantré", indique un jeune homme. "Pasians, va géri la gal", répond le père. "I mank pa rien ?", demande une mère. "Ou la grosi", remarque une autre. "Letchis lé rouz", lance une maman à sa fille qui demande des nouvelles de Saint-André. "Koz èk moin, fé pa diskour", demande une jeune fille à sa mère qui se félicite de la voir bien portante, bien encadrée... "Mon kèr lé gro", dit un père à sa fille qui lui demande pourquoi sa voix a changé. "Di papa arèt pléré", dira-t-elle ensuite à sa mère. "Prend soin d’zot sirtou", supplie une jeune femme inquiète pour la santé de ses parents. Echanges ponctués d’applaudissement général.

Belle histoire de famille

La famille Turpin venue du Tampon et Reine-Marie Vitry venue de Saint-Philippe n’ont pas eu la chance de parler à leurs enfants. Quand Doris a fait part à Reine-Marie de son désir de partir au Québec, ça a d’abord été difficile pour elle, car il partait pour 3 ans. Après une année de Fac, Doris a décidé de rejoindre un CEGEP pour un BTS Graphisme. Au bout de 3 mois, si les premières semaines ont été difficiles, elle nous confie : "Je le sens maintenant épanoui". Doris n’est pas parti seul, sa copine et lui sont partis ensemble. Thérèse Turpin est à La Pocatière et lui à Rivière du Loup. Ils ne sont distants que d’1 heure de route et se voient tous les week-ends. Parents et enfants communiquent 2 ou 3 fois par mois par téléphone, ou par message Internet. Après la visio-conférence, les parents ont pu discuter avec les responsables des établissements québécois qui ont tous souligné la qualité des étudiants réunionnais, universitairement et humainement parlant.

Eiffel


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus