Colloque à l’IAE

“Paroles d’outremer”

21 novembre 2007

L’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) accueille depuis hier un colloque intitulé “Paroles d’outremer”. Objectif pour les universitaires qui s’intéressent aux langues, à la littérature et aux médias dans ces espaces insulaires : « interroger la validité de la notion d’Outre-mer au regard des pratiques et des démarches épistémologiques de chercheurs venus d’horizons divers ».

La première journée d’hier a été consacrée aux recherches sur la langue et sur la littérature. Aujourd’hui, le colloque se termine avec une série d’interventions en rapport avec les sciences de l’information et de la communication, et la littérature. Ce colloque est l’occasion d’une rencontre entre les différents chercheurs de cet espace outremer, afin de confronter les études menées sur un même thème et voir si les problématiques ainsi que les outils d’analyse convergent. Car, et c’est là la question qui a guidé cette première journée, peut-on confondre tous les espaces situés “outre-mer”, en l’occurrence les Antilles et l’Océan Indien, représentés à ce colloque ? En ce sens, les organisateurs de cette rencontre ont voulu montrer qu’un « dialogue au cœur des outre-mers est à renforcer », mais aussi que l’espace outremer peut alimenter la recherche en Métropole.
Ainsi, Michel Launay a montré « en quoi les langues de l’Outre-mer français peuvent renouveler la problématique des langues régionales » dans l’Hexagone. Alors que ces langues régionales bénéficient surtout d’une présence symbolique dans l’enseignement, « la question de la culture a tendance à dériver vers le folklore », la situation en outre-mer est intéressante et force à affiner les relations aux langues régionales. Les créoles et les langues outre-mer (Mayotte, Polynésie, etc...) sont « un ferment intellectuel dont on aurait tort de se priver ». La vitalité de ces langues, la transmission intergénérationnelle, la construction du bilinguisme sont autant d’éléments qui devraient conduire à une meilleure prise en compte dans l’enseignement. « Je crois, a-t-il expliqué, qu’il ne faut pas entraver la relation à la langue dans les petites classes, qu’il faut mettre en place des activités de langage en langue maternelle, quitte à déléguer des enseignants, comme on le fait en Guyane avec des médiateurs bilingues pour les enfants Noirs marrons... ». Pour Michel Launay, la langue est un élément de connaissance de l’autre, et développer la réflexion des élèves sur plusieurs langues à la fois n’est pas porter atteinte au français.
Lambert-Félix Prudent, dans son intervention intitulée “Outre-cieux, outre-tombe, outre-mer”, a insisté sur le sens du mot “outre-mer”. « L’acception actuelle du mot outre-mer, tel qu’il est utilisé dans ministère de l’Outre-mer, renvoie à une manière coloniale de voir l’Outre-mer ». Toujours l’idée de territoires rattachés à une métropole, et qui n’existe pas sans elle. Or, une autre acception est possible à travers la créolité. C’est ce qui se produit depuis quelques années, grâce à des rencontres et des échanges entre les îles outre-mer, qu’elles soient françaises ou non. « Soudain ultramarin, outre-mer prend un autre sens » ; Même si ces îles ont pris conscience que les cultures ne peuvent être réduites à un dénominateur commun.

Edith Poulbassia


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