Le comportement des collégiens évalué par une note de vie scolaire dès cette année

Personnels de l’éducation et parents réservés sur les conditions d’application

7 septembre 2006

La note de vie scolaire, une nouveauté que les responsables de collège doivent intégrer dans leur évaluation des élèves. Michel Trejaut, principal au collège Oasis au Port, et la CPE insistent sur la difficulté à rester objectif dans l’évaluation d’un comportement, malgré les consignes de la circulaire. De son côté, l’association des parents d’élèves, la PEEP, espère que la note de vie scolaire contribuera à rétablir une certaine discipline dans les collèges.

Une note pour mieux éduquer, pour responsabiliser les élèves, c’est la nouvelle mesure lancée par l’Éducation nationale cette année. À chaque trimestre, les élèves de la 6ème à la 3ème auront une note en plus sur leur bulletin, destinée à évaluer leur attitude au sein du collège. Cette note prendra en compte l’assiduité, mais aussi la participation à des projets et des initiatives qui animeront la vie du collège. Interrogé sur l’application de cette évaluation, Michel Trejaut, principal du collège Oasis au Port, confie qu’il ne s’est "pas encore penché sur la formalisation de cette note, qui est l’un des points de la loi d’orientation sur l’école".
Pour lui, la note de vie scolaire a l’avantage de mettre l’accent sur deux axes d’éducation à la responsabilité : l’apprentissage de l’autonomie, la prise de responsabilités civiques (“être délégués de classe”), et le respect de l’autre. À chaque établissement ensuite de cadrer avec plus de précision les grands principes définis dans la circulaire ministérielle. "Certains syndicats, explique Michel Trejaut, ne sont pas favorables à cette note, convaincus que l’école doit rester un endroit où le comportement ne fasse pas l’objet d’une évaluation formative. Le débat a le mérite d’exister". La crainte majeure du principal, c’est que "ce genre de notation peut très vite devenir subjectif. Sur les 750 élèves que nous avons dans l’établissement, il est difficile de les connaître tous. Les professeurs principaux et les CPE vont donc aider à définir une note pour chaque élève". Quant à la CPE du collège Oasis, en poste depuis tout juste 1 an, elle accueille avec réticence la note de vie scolaire. "Pour moi, ça va être difficile d’attribuer une note de comportement. Mais puisqu’il s’agit d’une volonté ministérielle, on le fera. Pour les élèves qui viennent souvent dans notre bureau, ce sera facile, mais pour les autres ?", s’interroge la CPE. Elle souligne d’ailleurs que c’est la première fois que les principaux d’éducation seront amenés à attribuer une note aux élèves.

Canaliser l’attitude des élèves perturbateurs

Pour la PEEP, le principe de la note de vie scolaire est très clair. "Cette note est faite pour canaliser l’attitude de certains élèves perturbateurs, pour rééduquer certains élèves dans l’établissement", estime Agnès Kolher, la Présidente départementale et régionale de la PEEP. Quitte à faire appel à une mesure qui rappelle l’antique "note de conduite" d’avant 1968, à cette exception près que celle-ci ne comptait pas pour les évaluations des examens, alors que la note de vie scolaire s’ajoute aux épreuves du Brevet des collèges.

L’association de parents d’élèves accueille donc favorablement cette nouvelle mesure, malgré quelques réserves sur les conditions de son application dans les collèges. Pour Agnès Kolher, "un élève ne doit pas faire n’importe quoi dans un collège, mais il faut faire attention à ne pas cataloguer un élève dès la rentrée, et la note ne doit pas être perçue uniquement comme une sanction". Le dialogue doit ainsi rester au cœur de l’éducation des adolescents. En clair, la note doit être accompagnée d’une explication pour l’élève. "Si le CPE explique à l’adolescent que son comportement est inadmissible dans l’établissement en lui attribuant la note, la sanction ne va pas être vécue comme une injustice. Et puis, poursuit la Présidente de la PEEP, un moment d’égarement peut arriver à tout le monde, et pour de multiples raisons. Un enfant peut rencontrer des difficultés lorsqu’il se trouve dans une situation familiale compliquée. Il faut faire attention à ne pas envenimer certaines situations". Agnès Kolher reconnaît que l’attribution de la note de vie scolaire ne va pas à elle seule régler les problèmes d’absentéisme, de violence et de respect au sein des établissements scolaires. Mais elle ose espérer que certains élèves réagissent, d’autant plus que la note compte pour le Brevet. Elle espère aussi que les parents feront preuve de plus de responsabilité, surtout en ce qui concerne l’absentéisme. "Si l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, ce n’est pas pour rien, souligne Agnès Kolher. Je continue à croire qu’il est dangereux de passer outre. Malheureusement, certains parents désorientés laissent filer leurs enfants. Il faut que ces parents ouvrent les yeux sur ce qui se passe ailleurs, pour prendre conscience de la chance qu’ils ont d’accéder aux savoirs et à l’éducation. L’école offre encore aujourd’hui une perspective d’avenir. Elle reste un ascenseur social. C’est dommage de ne pas profiter de cette chance". La PEEP espère que la note de vie scolaire contribuera à rappeler la place centrale de l’école dans la réussite sociale et professionnelle des élèves.

E.P.


Priorité à l’assiduité et au respect du règlement intérieur

La note de vie scolaire fait l’objet d’une circulaire de l’Éducation nationale, parue au journal officiel du 23 juin 2006.
En voici un extrait : "L’apprentissage de la civilité et l’adoption de comportements civiques et responsables constituent des enjeux majeurs pour le système éducatif. La note de vie scolaire s’inscrit dans cette démarche éducative qui concerne toute la scolarité au collège. Elle devient une composante à part entière de l’évaluation des élèves, y compris pour l’obtention du diplôme national du Brevet. Elle contribue, en donnant des repères aux élèves, à faire le lien entre la scolarité, la vie scolaire et la vie sociale. Elle est destinée à valoriser les attitudes positives vis-à-vis de l’école et vis-à-vis d’autrui. Comme toutes les notations, qui sanctionnent un apprentissage, elle évalue aussi les progrès réalisés par l’élève tout au long de l’année scolaire".
Quatre éléments, dont deux obligatoires, sont pris en compte pour l’évaluation des collégiens. "Pour une note comprise entre 0 à 20, l’assiduité est notée sur 10 et le respect du règlement intérieur également sur 10". Les élèves peuvent ensuite obtenir des points supplémentaires grâce à leur implication dans des "activités organisées ou reconnues par l’établissement" (foyer socio-éducatif, actions de prévention, tutorat d’élèves plus jeunes, actions contre les discriminations, envers les personnes âgées et handicapées, etc...), mais aussi grâce à l’obtention de l’attestation de formation aux premiers secours et l’attestation scolaire de sécurité routière.


Brève laïcité

o Fronde de dizaine de maires contre le financement des écoles privées
À l’approche de la rentrée, des dizaines de maires de petites communes refusent l’article 89 de la loi de décentralisation d’août 2004 selon lequel les communes doivent participer financièrement à la scolarité des élèves du privé, même si elles disposent d’une école publique (voire privée) pouvant les accueillir. Des dizaines de conseils municipaux ont voté des délibérations demandant l’abrogation du texte qu’ils jugent contraire au fondement de l’école publique laïque et gratuite. Le Comité National d’Action Laïque (CNAL) a déposé devant le Conseil d’État un recours contre la circulaire d’application du texte, signée en décembre 2005 par Gilles de Robien. Devant cette opposition, un accord transitoire a été trouvé début juin entre l’Association des Maires de France (AMF), le Ministère de l’Intérieur et l’enseignement catholique. Dans l’attente de la décision du Conseil d’État, les communes ne doivent payer que dans les cas où elles devraient le faire aussi pour des élèves fréquentant le public. Si elle satisfait l’AMF, cette position d’attente n’a pas totalement calmé les esprits. Outre le risque "d’exode scolaire" souligné par le Conseil général de l’Aisne dans un vœu demandant l’abrogation de l’article 89, les maires protestataires y voient une nouvelle entorse au principe de libre administration des communes. Par ailleurs, des consignes ont été données pour que les écoles n’adressent pas directement les factures aux communes, "pour voir les choses le plus sereinement possible".


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