Prix Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science
Phuong Lien Tran : « J’aimerais un jour éradiquer le cancer du col de l’utérus à La Réunion »
12 octobre
Phuong Lien Tran est une chercheuse de La Réunion récompensée le 8 octobre 2024 par le Prix Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science. Elle est post-doctorante à l’UFR Santé de l’Université de La Réunion où elle enseigne également tout en étant praticienne au Service de gynécologie obstétrique, Pôle Femme Mère Enfant, du Centre hospitalier universitaire Sud Réunion. Ses recherches portent sur les moyens de lutter contre le cancer du col de l’utérus.
Photo Fondation L’Oréal Richard PAK
Arrivée à La Réunion en 2012 pour son internat de gynécologie obstétrique, Phuong Lien Tran est confrontée aux décès de patientes des suites du cancer du col de l’utérus, deux fois plus fréquent et mortel à La Réunion qu’en France. C’est pourquoi elle a décidé de réaliser son master sur l’amélioration du dépistage. Après son doctorat à l’Université de la Réunion, elle exerce aujourd’hui sur l’île en tant que Maître de conférence-Praticien Hospitalier en gynécologie obstétrique, orientée sur la chirurgie des cancers de la femme.
Quels sont les enjeux de vos recherches et leurs applications ?
L’objectif de mes recherches est d’augmenter le taux de vaccination contre le papillomavirus à La Réunion. Il est responsable de nombreux cancers chez les femmes, principalement celui du col de l’utérus, ainsi que chez les hommes. Nous travaillons sur différents moyens de mettre les enfants au cœur de la vaccination. À long terme, j’aimerais éradiquer le cancer du col de l’utérus à La Réunion, comme cela sera bientôt le cas en Australie, pays pionnier en la matière.
Pourquoi avez-vous choisi une carrière scientifique ?
J’ai toujours su que je voulais être médecin. C’est probablement lié à mon parcours. Ma mère a failli mourir d’une infection au moment de ma naissance, au Vietnam. Elle et moi avons été sauvées par un gynécologue qui lui a fait une césarienne en urgence. Quant à ma grand-mère, elle était médecin au Vietnam. Petite, je me cachais sous son bureau et je l’observais pendant qu’elle prenait soin de ses malades.
Dans votre parcours, avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme ?
Quand j’étais en master, je suis tombée enceinte et je n’ai pas pu me rendre sur le terrain, au Cameroun, comme il était prévu pour mon stage. À la fin de l’année, on m’a reproché d’avoir profité de mon master de recherche pour « pondre un gosse ». J’ai failli être invalidée. J’ai trouvé ça extrêmement injuste et dur, surtout que la remarque venait d’une femme. Malgré tout, je sais que j’ai fait les bons choix : mon mari et mon fils constituent mon équilibre au quotidien. Une femme ne devrait pas être sanctionnée pour ses choix de vie de famille.