Plus de moyens pour l’éducation à La Réunion

5 septembre 2006

L’annonce par le Recteur d’une "rentrée réussie" n’a abusé personne et surtout pas modifié les conditions d’une rentrée marquée par l’insuffisance des moyens tant humains que matériels pour accueillir un peu plus d’élèves dans notre académie. De la même manière, l’optimisme affiché du Ministre de Robien à la veille de la rentrée en Métropole n’entraîne pas l’adhésion de la majorité des enseignants. Le discours persistant sur l’inutilité de la scolarisation des moins de 3 ans, "la faute à la méthode globale" qui justifie l’imposition par le Ministre de la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture au CP dès cette rentrée, le transfert de tout un pan du secteur de l’adaptation et de l’intégration scolaire aux conseils généraux, la réforme de la formation des enseignants spécialisés, l’apprentissage dès l’âge de 14 ans ou encore la “chasse ouverte” aux enfants des sans-papiers à fin d’expulsion signent une politique de restrictions budgétaires et de retour à une conception rétrograde de l’école. La stigmatisation de la violence et de l’échec dans les établissements scolaires publics, relayée par la presse, la sous-estimation, voire la dénégation des initiatives et des innovations pédagogiques des écoles publiques inquiètent de plus en plus les familles et renforcent leur tentation de choisir le secteur de l’enseignement privé. Cette situation d’affaiblissement du service public d’éducation s’inscrit dans une logique libérale, politique qui met à mal les solidarités nationales, entraîne des désastres humains, sociaux et environnementaux. Et ce ne sont pas les créations, à cette rentrée, d’Emplois Vie Scolaire (EVS=assistant de Direction), qui sont en réalité des personnels recrutés en Contrat d’avenir, donc des précaires, pour aider les directeurs d’école dans leur tâche quotidienne, ni le redéploiement des personnels dans les collèges de ZEP classés "ambition réussite" qui viendront contredire cette orientation gouvernementale.

Le bilan du gouvernement en matière d’éducation est désastreux. Malgré cela, il persiste et signe dans ses choix libéraux, s’abritant derrière les contraintes européennes. Et sous couvert de réduction des dépenses, le gouvernement mène une politique qui conduit à la privatisation de services publics et creuse chaque jour un peu plus les inégalités sociales. C’est ainsi qu’il annonce la suppression de 8.500 postes dans l’Éducation nationale pour l’an prochain.

Parallèlement à cette annonce de suppression d’emplois de fonctionnaires, le Ministre de l’Éducation nationale écrit : "J’ai fait de l’égalité des chances la référence constante de mon action...". Que penser de cette déclaration ahurissante du ministre ? Une contradiction flagrante entre le dire et le faire, en même temps le mépris affiché par ce sinistre personnage pour le monde enseignant.

Face à l’aggravation de la crise avec son cortège d’angoisses, de marginalisations, le sentiment d’une société sans avenir, les familles, les jeunes attendent beaucoup de l’École. On attend, légitimement, qu’elle assure le droit à l’éducation et l’égalité des chances dans l’accès au savoir, à la qualification et à l’emploi, qu’elle contribue à la construction de l’identité des jeunes et à leur socialisation, qu’elle développe l’esprit critique et forme des citoyens actifs et responsables. L’École est perçue par les familles comme l’un des principaux garants de la justice sociale.
L’aspiration largement partagée à plus de justice sociale exige que l’École garantisse à tous la qualification reconnue, une maîtrise des connaissances et une formation culturelle nécessaires à une insertion sociale réussie. L’enjeu fondamental de la formation initiale exige que les pouvoirs publics accordent les crédits nécessaires au bon fonctionnement du système éducatif. Si les collectivités font des efforts considérables en matière d’investissement éducatif, il est navrant de constater le désengagement de l’État. Pour obliger le gouvernement à mettre un terme à sa logique de casse du service public d’éducation, il est important que, tous, nous soutenions activement les revendications des personnels de l’éducation et des parents lors des manifestations prévues durant ce mois de septembre.

Yvon Virapin


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