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Pour un calendrier scolaire à La Réunion au service des Réunionnais

Quand des considérations extérieures à La Réunion compromettent la réussite scolaire de plus de 200000 jeunes chaque année

mercredi 28 septembre 2022, par Manuel Marchal


Contre toute logique, le calendrier scolaire imposé aux Réunionnais ne cesse d’augmenter les périodes de classe durant la saison chaude, ainsi que les vacances durant la saison froide. Cela se fait au détriment de la qualité des apprentissages. La volonté est de rapprocher le calendrier scolaire en vigueur dans notre île de celui qui s’applique en France. Or, la France est située dans l’hémisphère Nord, de l’autre côté de l’Afrique, et les saisons y sont inversées. Conséquence : le calendrier scolaire n’est pas au service de la réussite scolaire des Réunionnais, bien au contraire.


Photo Toniox.

La Réunion est un pays tropical situé dans l’hémisphère Sud. Pendant de nombreuses années, le calendrier scolaire tenait compte de cette réalité. Les grandes vacances se situaient durant la saison chaude, qui est aussi celle des cyclones. Elles démarraient fin décembre pour une reprise fin février-début mars. La principale critique formulée était la suivante : une importante coupure au milieu de l’année scolaire. Car l’année scolaire débute au mois d’août pour se terminer en juillet. L’amélioration était évidente : commencer l’année scolaire en mars pour la terminer en décembre, c’est-à-dire s’inspirer du calendrier en vigueur en Kanaky Nouvelle-Calédonie.

L’école imposée pendant la saison la plus chaude

Mais c’est un choix opposé à la réussite scolaire qui a été imposé aux Réunionnais. Les vacances d’été ont été réduites à un mois : de fin décembre à fin janvier. Pendant ce temps, les vacances d’hiver ont été allongées : de juillet à la mi-août, soit pas loin d’un mois et demi.
La conséquence principale est d’obliger plus de 200000 élèves réunionnais et leurs encadrants à travailler pendant la période moins propice aux apprentissages. Ils doivent subir la chaleur de l’été tropical. De plus, comme la classe se déroule pendant la saison des cyclones, il n’est pas rare que les écoles soient fermées par mesure de sécurité. Ce sont alors des jours d’apprentissage qui sont perdus.
Il est clair que ce calendrier a pour but de renforcer l’assimilation, puisqu’il nie la géographie de La Réunion en imposant celle d’un autre pays, la France. En effet en France, les grandes vacances se déroulent pendant l’hiver à La Réunion.

« La poursuite d’étude en France nécessaire » : argument très contestable

Le motif invoqué officiellement est de permettre la poursuite d’étude des Réunionnais en France. Ceci ne concerne peut être que 3000 jeunes au maximum par an, soit à peine 1 % de la population scolaire. Pour ce 1 %, les 99 autres doivent subir un calendrier qui nuit à leur réussite scolaire.
Pourtant, la Kanaky Nouvelle-Calédonie est également un territoire de la République. L’offre universitaire y est moins développée qu’à La Réunion, mais la fin de l’année scolaire est fixée en décembre. Pour ceux qui veulent continuer leurs études en France, la période entre décembre et septembre n’est pas perdue. Elle est mise à profit pour réaliser des stages ou des remises à niveau. Cela contribue à diminuer le taux d’échec en première année d’enseignement supérieur.
Par ailleurs, l’offre de formation dans l’enseignement supérieur à La Réunion doit être augmentée afin de répondre à des besoins non-satisfaits. Voici quelques exemples : la psychologie et les sciences de l’éducation n’existent qu’à l’Université catholique, l’anthropologie, la sociologie ou la philosophie ne sont pas enseignées à La Réunion.
Le développement de l’offre de formation de l’Université de La Réunion permettrait donc de faire tomber ce qu’il reste de l’argument de « la poursuite d’étude en France nécessaire ».

Un calendrier réunionnais favorisera l’accès des Réunionnais à l’enseignement

Il est clair également qu’un calendrier scolaire au service des Réunionnais compliquera la venue d’enseignants de France. En effet, comme l’année scolaire s’y termine en juin, ils prendraient leur poste au milieu de l’année scolaire à La Réunion ce qui n’est pas idéal en termes d’efficacité pédagogique.
Ceci permettra donc à des Réunionnais d’accéder plus facilement à des postes d’enseignants, si l’efficacité pédagogique est le principal critère. Allié au créole comme langue d’enseignement afin de mieux maîtriser le français et les autres langues vivantes, ceci favorisera structurellement une réunionnisation du personnel enseignant.
Ainsi l’école à La Réunion pourra être au service des Réunionnais, puisque le calendrier scolaire ne sera plus un obstacle à la réussite des jeunes Réunionnais. Reste à savoir si la réussite scolaire des Réunionnais est une priorité pour le pouvoir parisien.

M.M.


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