(Page 6)

Beaucoup de parents, mal informés ou induits en erreur, croient que les classes à plusieurs cours risquent d’être néfastes à leurs enfants. Toutes les enquêtes menées par le Ministère de l’Éducation nationale sur ce sujet ont montré que ce type de classe était celui qui avait le plus grand potentiel de réussite.

L’enfant acteur de ses apprentissages

Plus que la méthode, l’organisation méthodologique de l’apprentissage doit prendre en compte les acquis antérieurs, les compétences et capacités individuelles, les spécificités de chaque élève pour lui offrir une palette de situations et d’outils où il trouvera ceux qui lui conviennent le mieux pour engager et parfaire son apprentissage. Il faut bien savoir que ce n’est pas l’adulte qui apprend à l’enfant, mais l’enfant qui apprend par lui-même, avec l’aide de l’adulte bien sûr, mais aussi de ses pairs.
L’hétérogénéité caractéristique des classes de cycle est un levier pour l’enfant, acteur de ses apprentissages. L’enseignant, en utilisant les différences, met en place des situations de concertation, de mises en commun, de monitorat, de tutorat, etc. qui sont bénéfiques aux uns comme aux autres.

Partage mutuel

Dans une classe de cycle 2, l’enfant du niveau “grande section” comprend ce qu’est la lecture en observant ses camarades du niveau CE1. C’est en voyant ses amis du CP qu’il ressent la difficulté de cet apprentissage, l’investissement et le temps qu’il demande. Ça le rassure. Cette structure permet à chaque élève de s’enrichir des activités proposées à leurs camarades de niveaux différents. Les plus grands peuvent bénéficier de l’organisation matérielle sécurisante de la “maternelle” (coins jeux, matériel didactique, ateliers) dont le sevrage est, pour beaucoup, trop brutal à l’entrée de la “grande école”. Ils sont également sollicités par les plus jeunes pour les aider. Cette situation de transfert des compétences est très valorisante pour eux et représente la meilleure façon de réinvestir et de renforcer ses acquis. Dans la classe de cycle, les plus jeunes ont une cohorte de camarades qui pourront jouer ce rôle essentiel du grand frère ou de la grande sœur qu’ils n’ont pas forcément dans leur famille.

Temps, confiance et pédagogie

Très souvent, et à tort, l’on attribue les difficultés d’apprentissage d’un enfant à son incapacité, alors qu’il s’agit plus d’une mauvaise gestion du temps d’apprentissage. Tout enfant progresse tout au long de son existence : il a appris à sourire, à marcher, à parler, pourquoi ne saurait-il pas apprendre à lire et à écrire ? Il s’agit là d’une question de temps, de confiance et bien sûr de pédagogie.
Il est important de ne jamais brûler les étapes de l’apprentissage, comme de ne jamais freiner les capacités individuelles. Si l’enfant se persuade qu’il n’y arrivera pas, c’est déjà accroître considérablement les risques d’échec. L’enfant doit disposer, au bon moment, des outils dont il a besoin pour progresser, pour surmonter un obstacle. Il doit aussi être bien accompagné sur le plan humain. La structure de classe ne va, bien sûr, pas tout régler et le rôle de l’enseignant est essentiel. Si l’on part du principe qu’il faut prendre en compte l’hétérogénéité plutôt que de la combattre, il est évident que des classes où les différences d’âge et de niveaux sont voulues ne seront pas plus difficiles à gérer, bien au contraire, que celles où ces différences sont la conséquence d’une immaturité et/ou d’échecs répétés de l’élève. Mais encore faut-il aider l’enseignant à traiter cette hétérogénéité, grâce à une palette variée d’outils qui lui apportera une aide concrète. D’où l’intérêt de la collection “Outils pour les cycles” qui permettra à l’enseignant d’évaluer les situations d’apprentissage à proposer aux élèves.
Pour corroborer notre propos, nous vous conseillons, pour la détente, la lecture de “La gloire de mon père”, de Marcel Pagnol où l’instituteur constate que la seule présence de son fils en classe (lorsque la mère le dépose pour faire des courses) lui permet d’apprendre à lire. Et pour la compréhension, “Apprendre... oui, mais comment ?” de Philippe Meirieu, éditions E.S.F.