La Rentrée selon le PCR

’ Pourquoi attend-on l’échec ? ’

18 août 2006

240.000 élèves, soit presque un tiers de la population réunionnaise, reprennent bientôt le chemin de l’école, inscrits de la maternelle jusqu’à l’université. Pour le PCR, qui recevait hier la presse, l’école crée toujours de l’inégalité sociale, au détriment des petites gens. Le Parti Communiste Réunionnais tire la sonnette d’alarme.

Les chiffres l’attestent, l’école n’est pas démocratique et ouverte à toutes les couches sociales. Les élèves, enfants d’ouvrier, sont scolairement défavorisés et en sous-nombre. Par contre, 90% des enfants de cadres sont intégrés dans les filières générales, contre 42% pour les enfants d’ouvriers ou de parents sans emploi. La réussite au baccalauréat est encore tributaire du statut social des parents, et la poursuite des études avec le bac présente les mêmes facteurs. 80% des enfants de cadres et de professions intermédiaires poursuivent leurs études au-delà du bac, contre 30% pour les élèves issus d’un milieu social ouvrier, ou sans emploi.

Rétablir l’égalité des chances

"L’éducation nationale doit se donner les moyens de rétablir l’égalité des chances", déclare Monica Govindin, conseillère générale du Port. À La Réunion, encore, faut-il observer l’écart béant entre les résultats de l’enseignement dans l’Hexagone et celui dispensé sur notre île ! Plus de 50% de nos jeunes sortent de l’école sans aucun diplôme, et 69% d’entre eux sont encore au chômage 7 mois après leur sortie de leur "trop court" cursus scolaire.

Que fait l’Education Nationale pour pallier ses inégalités ? Peut-être faudrait-il commencer par revoir l’organisation de l’enseignement, et le partenariat avec le tissu économique. L’école doit être en lien avec les entreprises. Peut-être devrait-elle s’inspirer du dispositif “Ingénieurs Pour l’École” (IPE) ! Le dispositif IPE consiste à détacher de leur entreprise dans les Académies, à titre transitoire, des ingénieurs et des cadres afin qu’ils puissent mettre leur expérience professionnelle au service du système éducatif. L’objectif est de favoriser le rapprochement entre l’école et l’entreprise et d’accroître les chances d’accès des jeunes à l’emploi. Monica Govindin note que cela devrait être généralisé à tous les secteurs professionnels. En effet, si le double cursus, théorique et professionnelle, est aménagé, les élèves pourraient s’intégrer de manière plus aisée dans le monde du travail, dans le cadre du politique de l’intégration professionnelle par l’expérience. Espérons que cela soit entendu, au plus haut niveau, local et national, voire européen.

Pénurie criante

L’école française doit d’abord s’inquiéter des moyens qu’elle met à disposition, pour que la démocratisation de l’enseignement sorte de la fiction. D’un point de vue de local, "la situation est préoccupante, tant au niveau structurel qu’humain", déclare Fabrice Hoarau, du bureau du PCR. Manque de personnels, manque de structures, manque de place. C’est la pénurie, au détriment des élèves, du personnel employé, mais surtout à la défaveur de la qualité de l’enseignement. Depuis plusieurs années, les spécialistes décrient la dégradation constante des qualités de l’éducation française. L’Etat ne réagit pas, parce qu’incriminé. Ainsi, on constate à La Réunion, une carence dans l’accueil en crèche. Le taux de scolarisation des enfants de 2 ans n’excède pas les 14%. Le primaire et le secondaire observent un taux d’encadrement faible. A La Réunion, 28 à 30 élèves par classe. L’Hexagone conserve un taux d’encadrement "élevé" avec 23 élèves par classe. Notre île ne dispose que d’un seul collège ayant les 300 élèves recommandés. Sinon, l’on doit compter sur des collèges-usines, regroupant 600 à 800 collégiens. Une question est : quelle qualité de l’enseignement à La Réunion ? "Pourquoi attend-on l’échec ?", demande Fabrice Hoarau. L’amélioration des conditions d’études passe inéluctablement par un encadrement à la hauteur des velléités gouvernementales. Gilles de Robien, comme tous ses prédécesseurs ministres de l’éducation nationale, dit défendre l’égalité des chances par la démocratisation de l’éducation. A quand les moyens qui vont avec ?

Aider les familles

Les seuls à trinquer ses jours de rentrées sont les parents, qu’ils soient aisés ou indigents. Il faut sortir le porte-monnaie. Et la note est salée. Les coûts augmentent chaque année, alors que 61% des collégiens et lycéens réunionnais sont boursiers, soit 7 élèves sur 10 boursiers, cela indique le statut social des parents qui, la plupart du temps, s’essoufflent à devoir payer autant, alors que l’école républicaine est gratuite. Soi-disant. Parce qu’il faut compter les frais de l’inscription, le tarif de la longue liste des effets scolaires. Si l’élève intègre un lycée professionnel, il devra encore s’acquitter de tout son équipement professionnel. La facture globale ne s’achève pas là, puisqu’il faut encore habiller l’élève. Un seul constat, note la conseillère générale Graziella Leveneur "les allocations d’aide à la scolarité ne suffisent pas à couvrir les frais engagés, ce qui provoque une gêne financière chez plusieurs familles réunionnaises".

Les chiffres sont consternants. Ainsi, en moyenne, les boursiers ne disposeraient que de 5 euros par mois, soit 60,30 euros par an. C’est sûr avec une telle somme, on s’achète tout. Ceux-là ne doivent pas se plaindre, puisque des élèves ne peuvent profiter de ce léger pécule, puisque le plafond d’attribution des bourses aurait été dépassé par leurs parents. Même s’ils ne disposent que d’un SMIC, et en charge de 3 enfants. Bref ! Les dépenses sont à la charge des parents, et l’école républicaine française se dit gratuite. Mais l’Etat se désengage, on ne peut que le constater. D’ailleurs sa dotation moyenne pour un collégien est de 26 euros par mois. 19 euros par mois pour un lycéen, 28 euros pour les élèves de SEGPA. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Le PCR demande de revoir le système des bourses, et demande l’augmentation de l’enveloppe allouée. Par ailleurs, pour que les familles, juste au-dessus du seuil requis, puissent profiter de la bourse, même la plus maigre participation, le parti propose le relèvement du plafond d’attribution des bourses, ainsi que l’indexation des allocations d’aides à la scolarité, selon le coût de la vie. À bon entendeur ...

Patrick Julie


395,50 euros pour entrer à l’université

Les syndicats d’étudiants étaient forcés de monter au créneau, après avoir observer des augmentations "malveillantes" sur les frais d’inscriptions. Un étudiant qui voit ainsi additionné sur ses frais d’inscription, le sport par exemple, alors qu’il n’étudie que l’histoire ou la biologie. Aujourd’hui encore il faut sortir 395,50 euros pour profiter des cours de l’université. Certains futurs étudiants doivent travailler pour pouvoir s’inscrire, ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais qui discrédite la politique de la soi-disant gratuité de l’éducation française. Le PCR relève également un manque de logements étudiants, alors que les prix du locatif réunionnais sont exorbitants. À quand la solution ?


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