Premier colloque sur l’Université d’Outre-mer

28 janvier 2008

Pour la première fois a eu lieu en France un colloque sur l’Université d’Outre-mer. Organisé à Paris par l’Université de La Réunion, la CASDEN et la BRED, sous l’égide de la CPU, les 22 et 23 janvier, ce colloque a permis de présenter les enjeux et les faiblesses des Universités ultramarines. Et aussi de comprendre leurs besoins et leurs attentes.

Le colloque, réunissant universitaires et politiques, a été ouvert par Pierre Desvergnes (1), Président de la CASDEN. Il a évoqué les liens forts qui unissent la CASDEN et l’Enseignement Supérieur, et particulièrement le monde universitaire. C’est donc tout naturellement que la CASDEN a pris part à l’organisation de ces deux journées. Serge Svizzero, Président de l’Université de la Réunion, intervenant ensuite, pose la question suivante : pourquoi un colloque sur l’Université d’Outre-mer ?

Les spécificités de l’Université d’Outre-mer

Tout d’abord, qu’est-ce que l’Université d’Outre-mer ? Elle rassemble l’Université Antilles-Guyane, celle de Nouvelle-Calédonie, celle de Polynésie, enfin celle de La Réunion. Plus que l’Université, il conviendrait de parler plutôt des Universités d’Outre-mer. Quelles sont leurs spécificités ? Le premier élément est leur éloignement de la Métropole. Il s’agit là d’une différence majeure avec les autres Universités françaises. A l’éloignement s’adjoint parfois l’isolement : c’est le cas de la Guyane, caractérisée par une grande insularité. Ces régions sont marquées aussi par une forte croissance démographique, la plus forte de France. Plusieurs participants à ce colloque ont ainsi rappelé que la maternité qui enregistre le plus de naissances en France se trouve à Mayotte. Or, cette natalité forte s’inscrit dans un contexte économique défavorable : l’environnement international des DOM-TOM est très différent de celui de la Métropole.
En Métropole, les pays avoisinants sont des pays européens à haut niveau de vie, tandis qu’en Outre-mer, il s’agit de pays en voie de développement (Afrique, Amérique du Sud...). Pour les Universités ultramarines, nouer des partenariats internationaux ressemble parfois plus à de l’aide au développement qu’à une réelle coopération. Enfin, il faut prendre en considération le climat. Il a des incidences directes sur l’économie : un cyclone, par exemple, va avoir des conséquences dévastatrices, et des répercussions directes sur la vie quotidienne de la région. Mais le climat peut aussi être un atout : les Universités peuvent devenir de véritables laboratoires de recherche, par exemple sur la biodiversité.

Défis et atouts

Alors pourquoi ce colloque ? Serge Svizzero répond que ce colloque trouve pleinement sa justification dans le fait que les Universités d’Outre-mer ne sont pas des Universités comme les autres. Il est temps de prendre conscience des difficultés auxquelles elles se heurtent, et aussi de leurs immenses richesses. Car ces Universités ont les mêmes missions que toutes les Universités françaises : la transmission des savoirs et la formation des jeunes. Mais elles jouent en plus un rôle d’ascenseur social capital : dans ces régions en effet, les familles des étudiants sont souvent très modestes, les fratries nombreuses, et l’Université est un rouage essentiel, souvent le seul endroit de la région où poursuivre des études supérieures.
L’Université participe pleinement du développement économique au niveau local. Il ne faut pas oublier non plus qu’étant loin de la Métropole, elle peut être la vitrine du rayonnement de la France dans ces régions. Ce qui est un atout non négligeable.
L’Université d’Outre-mer est face à de nombreux défis. Comment va-t-elle gérer alors le nouveau défi que représente pour elle la mise en place de la loi LRU sur l’autonomie des Universités ? En effet, comment gérer son autonomie lorsqu’on est la seule Université à 10.000 km de tout ? C’est la question à laquelle va répondre Philippe Gillet, Directeur de cabinet de Valérie Pécresse, dans notre prochain volet.

Sandra Ktourza
(Sources : VousNousIls.fr)


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