(page 6)

Ils sont impatients et ont les yeux qui brillent. Cent vingt jeunes vont quitter La Réunion début août, pour rejoindre le Canada, où ils intégreront un collège d’enseignement général et professionnel (CEGEP). Parmi eux, Jérémy et Ludovic, qui vont poursuivre des études de comptabilité au CEGEP de Beauce Appalaches. Ils ont fait leur choix après avoir rencontré les représentants canadiens lors de leur venue à Saint-Pierre. Ils nous disent qu’ils sont très pressés de prendre leur envol.

"C’est pour mon avenir"

Gabrielle rejoint, elle, le CEGEP de Rimouski pour un DEC Travail Social après un BAC ES option anglais. Elle est pressée elle aussi et "anxieuse à l’idée de quitter la famille" mais "c’est pour mon avenir, c’est ce qui me motive le plus." Lionel suivra la même formation mais au CEGEP de Gaspesie, il a changé du tout au tout puisqu’il est détenteur d’un bac électrotechnique. Il est "content de partir, pour continuer mes études, pour une belle carrière".
Le président de l’ANT a souligné la qualité des établissements vers lesquels ils se dirigent leur indiquant : "vous êtes attendus et désiré" et "notre succès sera votre succès, je suis sûr que vous réussirez."

"Sur le chemin de la réussite"

Éric Magamootoo, président de la CCIR qui a contribué au stage de préparation, souligne que ces jeunes apporteront "une plus value pour nos entreprises et la créativité dont a besoin notre économie". Pour lui, ils sont "déjà sur le chemin de la réussite" et de l’enrichissement humain. Il apportait un dernier message : "Nos rêves se bornaient à la région, vos rêves embrasent le monde. Nous sommes là pour vous aider à construire votre rêve. Demain, dans les moments de doute et de faiblesse, au-delà de vos familles, sachez que les institutions sont là pour vous soutenir sur le chemin de la réussite."
En cette occasion, Paul Vergès rappelait que la mobilité est une des bases de la politique de la Région. Si certains peuvent être étonnés de voir que le Canada, "un pays aussi lointain montre un intérêt aussi marqué pour La Réunion", c’est que face à un problème de démographie et de vieillissement de la population, "le gouvernement canadien veut attirer sur son territoire des jeunes qui puissent s’intégrer à la société canadienne." Le président de la Région ajoute que ces jeunes seront un jour confrontés à un choix : "s’insérer à la société canadienne ou revenir à La Réunion participer à notre développement." Si la mission première est bien "l’acquisition des connaissances pour un métier afin de vous donner une chance et le pouvoir de choisir", tous seront confrontés à ce choix. Et certains peut-être épouseront une nouvelle patrie. La Réunion étant confronté à un problème d’emploi et d’insertion de sa jeunesse, il y a entre nos deux pays convergence d’intérêt. Pour Paul Vergès "les résultats dépassent nos espérances, on comptera bientôt 400 Réunionnais au Canada, c’est une véritable petite communauté qui commence à se former. Ce n’est plus un trajet personnel. Il s’agit de définir le rôle de cette communauté, vous êtes les ambassadeurs de La Réunion. Votre venue suscite la curiosité de connaître l’île, sa société et nos conditions économiques, sociales, culturelles et politiques." Il établit sur ce point un parallèle avec les jeunes Réunionnais en poste dans les Alliances françaises de Madagascar.

Tous ambassadeurs

Il terminait par un clin d’œil au passé et au futur : "le point de départ de la sortie de la misère coloniale a été le classement comme département français de La Réunion ce qui a généré notre économie d’aujourd’hui. L’un des deux hommes (NDLR Lepervenche) à la base de ce classement, étant un descendant canadien, venu de Montréal. Il a joué un rôle capital dans l’histoire de notre pays." Il souhaitait qu’un descendant Réunionnais marque peut-être un jour l’histoire du Canada.
Enfin, il ajoutait : "À l’époque, les Réunionnais bougeaient à la fin de leur carrière, vous c’est au début de votre vie professionnelle que vous êtes projetés dans une autre société, c’est une chance, une possibilité de construire son destin." Le président du Conseil régional espère que "La Réunion puisse essaimer ces jeunes, qu’ils soient utiles, efficaces et diffusent une nouvelle image de notre île dans le monde."

Eiffel

An plis ke sa

Dans le cadre de la mise en œuvre du dispositif de préparation à la mobilité vers le Québec, une session de 82 heures s’est déroulée à la Plaine des Cafres, en vue du prochain départ en août 2005 pour le Québec, de 120 jeunes qui se destinent à la préparation d’un diplôme d’études collégiales après trois ans d’études professionnelles dans un CEGEP.
Le module de préparation à la mobilité a concerné plus particulièrement 60 jeunes qui éprouvaient des difficultés à l’idée de s’adapter à leur vie au Québec.
La Région Réunion a contribué d’une part au dispositif de préparation à la mobilité et d’autre part au projet de mobilité via une convention avec la Région Bas Saint-Laurent et l’accueil des différentes délégations à travers notamment l’allocation de contribution à l’hébergement de 346 euros mensuels, l’État intervenant avec les PIJ à hauteur de 305 euros mensuels. La durée des études est de 36 mois. La prise en charge de la Collectivité pour chaque étudiant s’élève donc à 4.835 euros. Pour les 121 jeunes, le montant de l’intervention de la Région est de 585.035 euros, soit plus de 3,8 millions de francs.