“Les sentiers de la littérature en maternelle”

Raconte encore...

30 novembre 2005

“Les sentiers de la littérature en maternelle” est un ouvrage à la fois destiné aux enseignants de maternelle mais aussi aux parents qui souhaitent favoriser les échanges autour des livres, aider l’enfant à entrer dans le monde de l’écrit en se construisant des repères culturels.

Les auteurs ont sélectionné 52 albums du répertoire de la littérature enfantine, de “Jean de la lune” à “Le géant de Zéralda”, pour permettre aux parents et aux enseignants de mieux maîtriser la rencontre avec l’album, pour aider l’enfant à comprendre, à mémoriser, à interpréter et à se construire une culture littéraire.

Vers l’âge de 2 ans et demi - 3 ans, les enfants commencent à aimer les histoires dont la structure est simple, mais dont l’intrigue n’est pas totalement convenue et prévisible. Les instantanés de vie quotidienne font place à des histoires un peu plus complexes. Celles qui mettent en scène 3 personnages commencent à leur plaire, souvent petits en taille, en prise à des grosses difficultés, ogres ou loups qui les affrontent et qu’ils affrontent. En langage symbolique, ces histoires rassurent les enfants en leur montrant qu’eux aussi grandiront en taille et sagesse, ce qui leur permettra de se mesurer aux épreuves de la vie.

“Les trois petits cochons”

S’il est un conte incontournable dans les premières années, c’est bien celui des trois petits cochons. Raconté dès la plus tendre enfance, il ne cesse d’enchanter les très jeunes qui ne se lassent pas de l’entendre encore et encore. De source incertaine, il s’est imposé dans notre patrimoine culturel et donne lieu à une prolifération de variations et de variantes originales qui se déclinent dans tous les genres et sur tous les tons tantôt moralisateur, tantôt espiègle, de l’album à la bande dessinée, du dessin animé à l’enregistrement sonore. Les éditions se sont multipliées, donnant chacune à entendre un propos, sinon totalement différent, tout au moins nuancé, qui insiste sur tel aspect ou met l’accent sur tel autre.

Des variantes multiples

La version originale est anglaise, mais il existe une grande variété dans d’autres cultures. Ainsi en Allemagne, les maisons des petits cochons sont fabriquées en boue, en chou et en briques. Dans la version américaine, elles sont faites en croustilles, tiges de maïs et briques. En Italie, les cochons ont été remplacés par des oisons, mais on trouve également le conte des trois maisons dont les héroïnes sont 3 petites filles. Le thème d’une triplette d’animaux qui se réfugient à tour de rôle dans des abris de plus en plus élaborés, de la hutte au bunker est récurrent dans la littérature enfantine. Certes, on y décèle l’évolution de l’habitat, mais les jeunes enfants ne sont pas très sensibles à cet aspect. En revanche, ils apprécient la victoire finale contre le loup qui est berné une fois encore.

Alimenter l’imaginaire

Raconter “Les trois petits cochons” aux petits de 2 ans, c’est bruiter et mettre la gestuelle à l’appui. C’est raconter l’histoire la plus proche de l’original, là où les 2 premiers cochons se font croquer. De la même façon, le rôle de la maison est défini. C’est le lieu sûr, le refuge sécurisant qui protège de la nuit et de ses fantômes en la personne du loup. Il s’agit alors de scander la marche en se tapant sur les cuisses, de faire le geste de construire les maisons, percer la porte, la fermer, taper du pied, gonfler ses joues, souffler, faire non avec la main, mimer l’éclatement de la maison. La narration ainsi surligne de façon signifiante les actions et les émotions donnant une grille de compréhension aux enfants devant les mots pour alimenter leur imaginaire. Et l’imaginaire d’un enfant se construit à partir d’images qu’il se crée. Il décroche quand ce qu’on lui donne ne permet pas cette appropriation. Il faut toutefois veiller à ne pas parasiter le récit par un excès d’ajouts qui attirent l’attention ailleurs si on veut que les mots trouvent leur place et leur signification.
On sait que la répétition est un des fondements majeurs de tout apprentissage. Si on veut initier les tout petits aux rudiments d’un récit, il est important de leur proposer la même histoire plusieurs fois. Il est fondamental de dire et redire, et il est essentiel de préserver l’immuabilité de l’écrit.


La curiosité de la semaine

La saynète : Le conte peut parfois se mettre en scène, les enfants seront alors amenés à jouer une saynète (synonyme vieilli de sketch). Attention à l’orthographe, qui n’a aucun rapport avec le mot “scène”.


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