“La Bidep” comme sujet de mémoire

Récit d’un événement politique majeur

15 septembre 2004

Pour ses recherches sur la bidépartementalisation, l’étudiant Thomas Lauret a reçu les félicitations du jury.

Thomas Lauret est un étudiant qui a suivi tout son cursus à l’Université de La Réunion. Il a soutenu hier son mémoire “La Bidep - Le débat sur la bidépartementalisation de La Réunion 1998-2001”. Un travail qu’il a réalisé sous la direction d’Yvan Combeau, professeur d’histoire contemporaine et pour lequel il a obtenu les félicitations du jury.

L’enseignement de son directeur a du influer sur le choix de son sujet puisqu’il s’agit d’histoire du temps présent, d’histoire immédiate. Mais l’initiative de porter une réflexion sur la bidépartementalisation vient de l’étudiant Thomas Lauret lui-même. Les membres du jury ont souligné le caractère sérieux et la qualité de son mémoire, tant au niveau rédactionnel qu’au niveau des recherches.
Thomas Lauret n’a pas voulu trancher, ni développer les arguments qui s’opposaient alors, mais bien donner le "récit d’un événement politique majeur de la fin du 20ème siècle à La Réunion". Un événement qu’il synthétise ainsi : "Lorsqu’en 1998, le gouvernement français envisage une nouvelle étape de la décentralisation pour l’Outre-mer, l’idée d’un découpage de l’île de la Réunion en deux département ressurgit.
Déjà évoquée par le passé, ce projet de bidépartementalisation s’inscrit dans un débat récurrent engagé par l’ensemble des partis politiques locaux.
Mise en lumière par les médias, la question mobilise progressivement la société réunionnaise. Dans un climat controversé, la polémique ouverte autour de cette réforme administrative évolue de surprises en rebondissements. Le débat se prolonge au Parlement français au fil d’une longue discussion à l’issue pour le moins inattendue..."
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La presse locale, principale source

Le travail de mémoire de Thomas Lauret vise à intégrer "les tenants et les aboutissants du débat sur la bidep, un projet aujourd’hui enterré". Mais la période à étudier (1998-2001) ne serait-elle pas trop récente pour y apporter une analyse objective ? "L’historien du temps présent, même témoin de l’événement étudié, ne méconnaît pas la rigueur scientifique propre à l’étude de l’Histoire" répond le jeune chercheur.
Pour cette étude, la presse écrite locale (“Quotidien”, “Journal de l’Île” et “Témoignages”) représente la principale source de recherche ; s’y ajoutent un classeur consacré à la bidépartementalisation depuis les années 1990 à la Bibliothèque départementale de La Réunion, une approche auprès de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), la cassette vidéo du débat du 3 mars 2000 enregistré sur les plateaux de Télé Réunion.
Thomas précise aussi qu’il a consulté de nombreux ouvrages parmi lesquels figurent les thèses de Paul François Martinez, de Wilfrid Bertile ou encore la publication d’Élie Hoarau : “Le Sud, une chance pour La Réunion”.
Outre la documentation écrite, Thomas Lauret apporte à son étude le témoignage de personnalités ayant participé au débat : l’ancien député-maire de Saint-Pierre, le sénateur-maire de Saint-André Jean-Paul Virapoullé, ainsi que le docteur Henri De Balman.

Trois années minutieusement détaillées

Pour cette étude, Thomas a choisi un plan chronologique qui se subdivise en parties thématiques, se plaçant principalement comme observateur. Sa première partie “La Loi d’orientation pour l’Outre-mer” couvre la période allant du mois de septembre 1998 à septembre 1999 avec le débat à l’Assemblée nationale, les réactions des élus à la nouvelle étape de la décentralisation, la question du découpage des communes et des cantons, le chantier de la LOOM (loi d’orientation pour l’Outre-mer), le rapport de Claude Lie et Michel Tamaya...
La deuxième partie retraçant les “Péripéties d’un débat” va de janvier à novembre 2000 ; il y expose les forces en présence, les appels à la manifestation, les grands événements sur la scène locale, les avis des collectivités, le parcours de la loi d’orientation au Parlement jusqu’au rejet de la bidep par le Sénat.
Le chapitre 3, intitulé “Échec et sanction”, se termine en mai 2001. Il revient sur l’examen définitif de la LOOM, la visite de Lionel Jospin, les élections municipales et cantonales pour finir sur le report de la Bidep aux calendes grecques. Trois années minutieusement détaillées pour permettre à tous ceux qui s’intéressent à ce sujet de revenir de manière objective sur cette question qui a mobilisé, dans un sens comme dans l’autre, l’ensemble des Réunionnais.

Eiffel


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