Éducation populaire

« Refonder l’école pour qu’elle soit celle de tous »

25 juin 2007

La Ligue de l’Enseignement (Fédération des œuvres laïques de La Réunion) a tenu samedi son assemblée générale annuelle. Son secrétaire général sera la semaine prochaine à Paris pour le Congrès national de la Ligue de l’Enseignement qui se tiendra du 28 juin au 1er juillet sur le thème “Individualismes, communautés, destins communs : comment faire société ?”.

La maquette fabriquée par les habitants de Bras-Fusil (Saint-Benoît).
(photos PD)

L’assemblée générale de la Ligue de l’Enseignement - F.O.L a été l’occasion d’interventions vivantes et denses de la part des nombreux acteurs de l’éducation populaire présents au lycée de Bellepierre, ouvert à leur intention samedi matin par le proviseur Cros.
Le rapport d’activité préparé par Patrice Boyer, Secrétaire général, a été exposé à plusieurs voix, avec 6 des associations ou partenaires qui travaillent régulièrement avec la F.O.L. dans ses champs d’intervention habituels : lutte contre l’illettrisme, plaisir de la lecture, formation à l’animation autour de
la lecture, prévention, activités sportives, etc...
Parmi eux, un groupe d’adultes formés avec le Groupement d’Unité Territoriale (GUT) et l’A.D.I de Saint-Benoît a présenté la maquette réalisée par une dizaine de personnes en grande difficulté sur le plan de la lecture, qui ont miniaturisé leur quartier de Bras-Fusil. En quelque 200 heures, elles ont réalisé une maquette que Serge Fabresson, Conseiller technique et pédagogique, Directeur de la Jeunesse et des Sports, a qualifié « d’œuvre et objet d’art populaire, fruit d’une médiation culturelle réussie ».
Plusieurs partenaires avaient répondu à l’invitation de la Ligue de l’Enseignement - tels le syndicat enseignant de l’UNSA, le Comité régional des associations pour la Jeunesse et l’Education populaire (CRAJEP), les Francas - une association d’Education populaire engagée en faveur des droits et de la citoyenneté des enfants -, qui tenait dans l’après-midi de samedi son assemblée générale. Des parents d’élèves, l’USEP et l’UFOLEP faisaient également partie, avec plusieurs associations, des invités à cette rencontre. L’USEP fédère une centaine d’associations d’écoles du 1er degré qui permettent à 16.000 enfants de pratiquer une activité sportive tournée vers l’éducation à la solidarité et à la citoyenneté, plutôt que vers la sélection de champions en culotte courte.

Dans le rapport moral, le Président de la Ligue de l’Enseignement - F.O.L, Frédéric Salvan, a relevé combien, en dépit de toutes ces activités péri-scolaires et de tout le bénévolat mobilisé, il restait préoccupé, obsédé même, par les chiffres de l’échec scolaire. « Ils rendent urgente une refondation de l’école pour qu’elle soit vraiment celle de tous », a-t-il dit.
La Ligue de l’Enseignement revendique une ligne d’action politique. « Notre rôle est de faire de la politique autrement, car nous sommes indépendants de tous les partis. Mais nous dialoguons avec eux. Ainsi assumons-nous pleinement notre responsabilité de mouvement d’Education populaire... », a dit Frédéric Salvan, qui avait aussi fait part, en prenant la parole, de ses regrets devant l’absence des politiques à cette assemblée générale.
Le rapport moral a mis en exergue plusieurs orientations fondamentales pour l’éducation de la jeunesse : le rejet de l’exclusion et des discriminations, le renouveau de la citoyenneté et la reconnaissance du fait associatif comme ferment de démocratie.
A ce propos, Frédéric Salvan notait qu’à la faveur des profondes mutations qui changent notre société, la « fracture sociale entre les riches et les pauvres se double d’une autre, tout aussi explosive : celle entre les jeunes et les adultes. Tout se passe comme si la société craignait ses jeunes et ne souhaitait pas les voir accéder à la majorité, à l’autonomie, bref, à la citoyenneté », a-t-il ajouté.

A La Réunion, où 30% de la population a moins de 20 ans, il est encore plus essentiel de proposer à cette jeunesse d’« apprendre à être acteur dans la cité, poser un regard critique sur son fonctionnement pour mieux résister aux sirènes de la passivité, de la consommation à outrance... ». C’est le sens de l’action de la Ligue de l’Enseignement et de ses partenaires, « pour choisir la solidarité contre le repli sur soi et l’effort contre l’assistanat ».
C’est plus généralement la vocation du milieu associatif, dont le président de la LdE a souligné l’importance sociale dans l’édification d’une « dynamique de la citoyenneté ». La vie associative représente une force sociale, en France comme à La Réunion, et reste « un espace privilégié d’apprentissage, de culture et d’éducation tout au long de la vie ».
Dans les mouvements d’éducation populaire en particulier, les bénévoles sont bien placés pour savoir que leur « matrice de force et d’énergies », en plaçant « la solidarité au cœur de l’action publique », peut apporter « les réponses aux grandes questions du 21ème siècle ».
Cette conviction a fourni au président sa transition vers le « nouveau projet fédéral » - prolongeant celui de 2003-2007 - qui, d’une part, prenne acte des changements politiques ayant marqué l’élection présidentielle, et d’autre part, donne aux valeurs fondatrices de la LdE - laïcité, solidarité, citoyenneté - un champ d’action répondant aux questions soulevées par les évolutions de notre société.

Dans cet état d’esprit, la LdE - F.O.L de La Réunion participera la semaine prochaine au Congrès de la Ligue nationale sur la thématique “Comment faire société ?” dans La Réunion d’un million d’habitants. Ce ne peut être qu’en prenant pour cible la précarité, le chômage, l’échec scolaire, l’illettrisme... pour leur substituer « un égal accès de tous à l’éducation, à la formation, à la vie professionnelle, à la culture, à la communication, au sport, aux vacances et aux loisirs... ».
C’est du moins la réponse du secteur associatif à une société qui prétend imposer le “marché” comme seule et unique forme de rapport social : contre la solidarité, le comparatif de compétition ; contre la laïcité, le repli communautariste et contre la citoyenneté, le dogme de la consommation.
La Ligue de l’Enseignement, qui a été lors de la dernière période électorale à l’origine d’un Manifeste pour une République qui tient ses promesses, se fait une autre idée de la valorisation des potentialités de chaque citoyen(ne) : « Nous devons faire penser ceux qui ne pensent pas, faire agir ceux qui n’agissent pas, faire des hommes des citoyens », a conclu le président de la Ligue, en citant son fondateur, Jean Macé (1815-1894).
En fin de séance, après un débat qui a donné des signes tangibles de la vitalité du milieu associatif et de son engagement constant, le Conseil fédéral a réélu quatre membres sortants, tous candidats à leur succession, en lui adjoignant un cinquième membre, Laurent Técher, responsable de la formation à la LdE, et désigné Secrétaire général adjoint.

P. David


Au Congrès de Paris

Jeudi 28 juin

Table ronde (16h 30 - 18h30) : "Individualisme, communautés et destins communs, comment faire société ?" animée par Jean-Michel Djian.
Intervenants : Patrick Peugeot, Président de la CIMADE ; Françoise Vergès, Sociologue ; Dominique Wolton, Sociologue des médias ; Jacques Dermagne, Président du Conseil économique et social.

Vendredi 29 juin

Table ronde (9h à 11h) : "La Fraternité pour faire société" animée par Joël Roman.

Témoignages filmés d’Edgar Morin, Bronislaw Geremek, Françoise Héritier, Ariane Mnouchkine.
Réactions, dialogue et confrontations de points de vue :
François de Singly, Sociologue ; Claudy Lebreton, Président de l’Association des Départements de France ; Philippe Frémeaux, Directeur d’Alternatives économiques et Mélanie Gratacos, Déléguée générale d’Animafac.


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