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L’Instant éducation
17 août 2013
Cette année, la rentrée devrait se dérouler dans le calme contrairement à ce qu’on a pu connaître les fois précédentes. Ce calme est trompeur. Car aucun rapport n’a été publié sur ce qui s’est réellement passé. Le bilan de l’année dernière n’est pas encore fait qu’il faut recommencer. Pour sortir du rituel, questionnons le présent : quelle rentrée et pour quel public ?
Il y a toujours eu dans notre société un consensus en faveur de la démocratisation de la scolarisation des Réunionnais. Il y avait un tel retard à rattraper. La loi du 19 mars 1946 a servi de cadre pour cet engagement. Des efforts importants ont été accomplis dans le recrutement, la construction des infrastructures et la fourniture du matériel scolaire. Aujourd’hui, les résultats sont là :
- La totalité des enfants réunionnais scolarisée.
- Collèges et lycées contre deux seulement en 1948, deux lycées en 1970.
- 10.000 bacheliers par an contre une vingtaine en 1946.
- Le taux de réussite au Bac est de 8%.
Aujourd’hui, la problématique s’est déplacée, il ne s’agit plus seulement de scolariser les jeunes Réunionnais et de créer les infrastructures nécessaires, il s’agit maintenant de fournir une formation de qualité aux élèves, de valoriser la culture réunionnaise, de former un encadrement pérenne et de proximité, le tout en lien étroit avec le marché du travail capable d’absorber la main-d’œuvre disponible. L’annonce que 69% des jeunes de moins de 25 ans sortis du système scolaire sont au chômage est très grave. A quoi a-t-il servi de faire 10 à 13 années de scolarisation pour se retrouver dans cette situation ? Seul un encadrement coupé des réalités sociales des enfants qu’ils ont en charge peut continuer à fonctionner dans une bulle de satisfecit permanent.
L’encadrement
- En août 2012, la rentrée est marquée par le problème du manque des employés municipaux. 23 communes sur 24 n’ont pas pu ouvrir les écoles faute d’employés. Ces emplois sont des emplois précaires dans la très grande majorité et donc soumis aux aléas des élections. En l’occurrence ici, ces emplois ont fait les frais de l’élection présidentielle précédente. Cette situation instable est intolérable. Le personnel d’encadrement dans les écoles doit être un personnel pérenne, formé et titulaire. L’éducation ne peut souffrir de ce genre de mascarade politicienne. L’année dernière, il a été procédé à des embauches... pour acheter le calme social, non pour leur compétence.
- L’encadrement, c’est aussi le personnel enseignant. Des milliers de petits enfants créolophones vont faire leur entrée pour la première fois à l’école maternelle ce lundi 19 août. Pour eux, c’est une première vraie rupture d’avec le milieu familial. Comme tous les enfants de la République et de la planète, ils auront à gérer ce moment stressant. Mais en plus ici, ce sera le « choc des cultures », pendant toute une journée, ils vont être confrontés à la langue française. Ils devront comprendre cette langue et tenter de s’exprimer dans celle-ci d’emblée. Voilà l’exercice qu’on leur demandera à 3-4 ans. Certains y parviendront, mais la grande majorité s’y perdra ou se bloquera. Ça aussi, c’est inadmissible. L’enseignant de maternelle doit être un personnel qui comprend le créole et l’utilise au service de l’épanouissement de la classe. Cela doit être la base à une éducation démocratique, c’est-à-dire respectueuse de l’individu. Par la suite, la langue et la culture réunionnaises doivent être étudiées et approfondies. Dans les programmes scolaires du monde entier, la civilisation du pays tient une place importante, pourquoi il en serait autrement de la civilisation réunionnaise, pourquoi devrait-elle être cachée ? L’enseignant à La Réunion doit mesurer l’exceptionnelle chance qu’il a de participer à la sauvegarde d’un patrimoine immatériel mondial. Si le Maloya n’avait pas été sorti du fénoir et développé par les Réunionnais eux-mêmes, il n’aurait pas été reconnu à cette échelle. Or, Maloya et civilisation réunionnaise sont liés. L’enseignant a une lourde responsabilité dans l’expansion du savoir réunionnais.
La formation
- Le taux d’illettrisme ici est criant, 30% de la population, alors que la scolarisation est totale. Le problème de la langue est indéniablement un frein à un apprentissage de qualité et il faut absolument le résoudre. C’est un préalable. Mais l’illettrisme, l’absentéisme, le décrochage scolaire précoce relèvent beaucoup du sentiment d’inutilité sociale et de la dégradation de l’image de soi. Autant de points négatifs qui renvoient justement à un système éducatif et à des encadrants coupés des réalités sociales et culturelles.
- N’y aurait-il aucun lien avec les conditions difficiles dans lesquelles se trouvent les familles réunionnaises ? 30% de population active n’a pas d’emploi. 52% ne dépasse le seuil de la pauvreté ; quelles conséquences sur l’éducation des enfants vivant dans ces milieux ? Le poids de la télévision et de son contenu abrutissant ? Depuis les observations théoriques de Piaget (fondement de la base de la pédagogie française) jusqu’aux observations scientifiques récentes, il est montré que l’affect influence le cognitif, « l’intellect ». Le lien est clairement établi de nos jours. C’est l’ensemble du système scolaire qui doit être réformé.
En attendant, il est possible de soulager l’extrême misère de l’Ecole. Mettre en place un véritable réseau d’aide pour ces élèves. Un réseau qui partirait de l’école avec le signalement systématique d’enfants en décrochage scolaire, puis par la prise en charge individuelle de ces enfants par un personnel formé, qui irait à la rencontre des familles, afin de trouver avec elles les solutions adaptées à l’enfant. Sans cette bouée de secours, notre société sera condamnée à produire sans cesse les mêmes schémas d’échec. Cette initiative doit servir à la recherche et l’innovation en faveur d’une réforme en profondeur.
- Une formation de qualité passe aussi par des conditions de travail adéquates. Or, peut-on parler de conditions adéquates quand on impose à nos élèves de travailler pendant les périodes les plus chaudes et les plus pluvieuses de l’année ? En janvier, école rime avec cyclone et fermeture systématique des classes, c’est toute la période de janvier à février qui est gâchée, soit plus d’un mois de cours. Par contre, les mois de juillet et août, où le climat est favorable au travail, les établissements sont fermés. De plus en plus de monde reconnaît que tout cela répond aux exigences d’un calendrier scolaire d’une « métropole » située dans un autre hémisphère. Est-ce tolérable ? Le calendrier scolaire doit être adapté aux réalités climatiques de l’île. Comment 250.000 élèves peuvent souffrir un calendrier qui ne prend pas en compte leurs réalités ?
(à suivre)
Julie Pontalba
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