Suppression des “Classes contrats”

Restriction budgétaire pour les élèves en difficulté

12 juillet 2008, par Sophie Périabe

Le dispositif ’Classes contrat’ mis en place en 2006 par le Rectorat ne sera pas reconduit à la prochaine rentrée scolaire. Motif : les résultats ne seraient pas satisfaisants. Devant l’absence de concertation et ’d’évaluation pertinente du dispositif’, on serait tenté de croire que cela relève plutôt des orientations gouvernementales qui visent à faire des économies à tout va. Bienvenue dans le système éducatif français, bradé !

Depuis 2006, les élèves en grande difficulté, à l’issue du Primaire, pouvaient accéder à un nouveau dispositif qui leur permettaient de faire le programme de sixième en deux ans avant de passer en cinquième, les "classes contrats". Pour Benoît Blard, président de la FCPE, ce dispositif était adapté à certains jeunes qui connaissaient de réelles difficultés. « J’ai d’ailleurs rencontré un professeur d’une de ces classes au collège du 14ème Km et, en effet, ce dispositif permet de remettre les élèves à niveau en lecture, en logique, etc... ». Ainsi, au lieu d’être perdu dans une sixième "normale", ou encore d’aller en SEGPA, l’élève avait la possibilité de se remettre à niveau et continuer à suivre sa scolarité au collège. « Si ces classes sont supprimées, c’est une véritable catastrophe ; de plus, le gouvernement n’a pas consulté le corps enseignant, ni les parents d’élèves », s’insurge le président de la FCPE. Officiellement, les classes ont été supprimées car elles n’avaient pas donné de résultats satisfaisants. Mais, ni les enseignants, ni les parents d’élèves n’ont eu connaissance d’une évaluation du dispositif. C’est bien de budget et d’économies qu’il est question, objectif prioritaire du gouvernement, et le recteur s’applique à faire des économies sur le dos des élèves en échec scolaire. Benoît Blard dénonce les méthodes employées par le gouvernement pour faire passer telle ou telle réforme. « Que ce soit dans l’éducation ou autre, il n’y a pas de discussion, de concertation avec les personnes concernées. Les réformes sont appliquées en quelques mois, avec une rapidité déconcertante, c’est à se poser question ! ». Avec la suppression de ce dispositif, les élèves vont être de nouveau mélangés, ce qui n’est pas une mauvaise chose, au contraire, mais sans bénéficier de moyens supplémentaires. Le fossé entre les très bons élèves et les moins bons risque encore de s’agrandir, l’échec scolaire ne va pas diminuer. Si les parents ont les moyens de payer des cours particuliers, l’élève peut obtenir une aide supplémentaire et ainsi continuer à suivre le rythme de la classe mais pour les élèves issus de familles défavorisées, ils seront toujours perdus. Mais attention, loin de moi l’idée de préconiser de rassembler dans une même classe tous les bons élèves, et dans une autre les moins bons élèves. Le principe des classes hétérogènes est essentiel mais il est nécessaire de mettre les moyens pour aider les élèves en difficulté. Selon le collectif de professeurs de collège en classes contrats, « le Rectorat se retire de la réflexion et de l’aide aux élèves en difficulté, après 18 ans de dispositifs successifs ». Ils demandent la remise en place d’un système d’aide « cohérent et réfléchi » capable de soutenir ces jeunes en situation d’échec scolaire. Et qu’en disent nos élus ? Motus et bouche cousue !

SP


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