Séminaire européen sur l’Interculturel à La Réunion

S’enrichir des expériences de l’Outre-mer

2 novembre 2007

À l’initiative de la Fédération Internationale (FI) des CEMEA (Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active), une dizaine de délégations de pays européens travaillent actuellement à La Réunion sur le thème de l’éducation interculturelle. Objectif : s’inspirer des pratiques locales pour élaborer des outils pédagogiques visant à favoriser une autre vision et construction de l’interculturalité à l’échelle européenne. Un enjeu majeur.

En Europe, en Afrique, la FICEMEA organise régulièrement des séminaires pour permettre à ses membres un échange actif de leurs pratiques concernant différents thèmes de l’éducation populaire. Pour réfléchir à celui de l’interculturalité, elle a naturellement choisi La Réunion qui, passée d’une interculturalité subie à une interculturalité nourrie, représente pour l’Europe un formidable laboratoire d’observation à l’échelle de l’Outre-mer.

Interculturalité : échanges entre les cultures, respect de la culture de l’autre

De par son histoire, La Réunion est une terre de rencontres, de contacts des cultures (africaine, indienne, malgache, chinoise, européenne...) ; une terre de métissage, au sens large d’échanges, unie par le ferment de la créolité. L’interculturalité est d’ailleurs la matrice des sociétés créoles. La Réunion, ce sont des communautés de vie, d’ethnies, de religions, de traditions culturelles et cultuelles différentes qui, par la force des choses, ont appris à cohabiter, à vivre ensemble, à partager. Certes, tout n’est pas parfait : dans un monde en mutation, le respect de l’autre, de la différence de penser, d’agir demandent à être cultivés, nourris, transmis.
Mais notre société, hybride culturel, se distingue par son esprit de tolérance. Cette expérience locale, et plus largement celle de l’Outre-mer, intéresse ces responsables éducatifs de Lituanie, Roumanie, Angleterre, Italie, Espagne..., membres de la FICEMEA, venus dans notre île pour confronter leurs propres expériences de l’interculturalité, prendre appui sur l’approche réunionnaise de l’éducation interculturelle et voir comment décliner ces différentes approches pour favoriser, à partir d’outils pédagogiques, la construction européenne ; développer de nouveaux projets de rencontres de jeunes prenant mieux en compte cet enjeu culturel.
Mais qu’est au juste l’éducation interculturelle ? Selon Michel Chane San, Président du CEMEA de La Réunion, « il s’agit de faire prendre conscience - à travers des actions de formations, des séminaires - que les différences culturelles doivent être appréhendées comme des atouts. C’est une approche positive, un apprentissage de ce qu’est l’autre pour lever les préjugés et les clichés, pour favoriser une meilleure compréhension entre les individus et favoriser les échanges culturels ».

L’éducation interculturelle dans une perspective européenne

Arrivées le 30 octobre dans notre île, les délégations étaient dès le lendemain, mercredi, réparties en différents groupes pour des rencontres et visites de terrain. L’un s’est rendu au foyer socioculturel de La Possession pour échanger avec des associations de quartiers qui travaillent à l’intégration de ressortissants mahorais. La délégation allemande a pu bénéficier d’une initiation au maloya et mesurer le rôle fédérateur de la musique locale. Un autre groupe s’est rendu au CCEE pour rencontrer des écrivains réunionnais, alors que des collègues étaient avec Idriss Issop Banian qui a assuré la visite de la mosquée puis de l’ashram du Port. Enfin, un dernier groupe à Saint-Joseph s’est intéressé à la politique culturelle autour des Arts. « Nous avons voulu décliner les interventions selon différents axes : la langue, la littérature, l’aspect religieux, la musique, explique Michel Chane San. Nous avons aussi programmé des rencontres avec l’AMCUR pour présenter les enjeux d’un tel projet, et le Groupe de Dialogue Interreligieux ».
Mais ces délégations ne sont pas là pour de simples visites, aussi enrichissantes qu’elles puissent être. Elles auront, durant le séminaire, à présenter un état des lieux - préparé en amont avec les jeunes - de leurs propres approches éducatives en matière d’interculturalité en fonction de l’histoire, de la politique d’immigration de leur pays ; à échanger leurs pratiques selon différentes approches puis, après une phase d’immersion locale, à approfondir des problématiques précises au cours d’ateliers qui traiteront, entre autres, de : l’éducation interculturelle dans le “vivre ensemble” au niveau local ; la dimension interreligieuse et la culture ; l’éducation interculturelle dans une perspective européenne.

Le séminaire : une étape nécessaire

Tous ces travaux, qui se déroulent jusqu’au 5 novembre au Centre Jacques Tessier à la Saline-les-Bains, ne seront pas voués à finir dans des cartons à l’issue du séminaire. Un dispositif de suivi des projets sur le terrain à travers un e-groupe permettra la poursuite des échanges. L’expérience d’animation de soirées sur des thèmes culturels et interculturels que les responsables associatifs auront menés en groupe durant le séminaire devra leur permettre de poursuivre des projets avec les jeunes de leurs pays respectifs. L’objectif étant, on le rappelle, de concevoir à partir des vécus locaux des outils pédagogiques pour développer des projets nationaux et européens de rencontres de jeunes. Un vaste, passionnant et essentiel programme quand on considère la force des débats contradictoires sur l’immigration et l’identité qui agitent l’Europe, et le monde.

Stéphanie Longeras


Programme du week-end

Samedi 3 novembre 2007

• De 8h30 à 12h :

Atelier pratique : Une expérience d’une association réunionnaise

10h
Groupes de réflexion - 3ème partie (mise en forme pour la présentation)

Déjeuner

• De 14h-19h

Suite du matin

16h
Présentation des résultats du travail des groupes de réflexions.

Dîner (Soirée interculturelle)

Dimanche 4 novembre 2007

• De 8h30 à 12h

Mise en perspective : “Comment j’appliquerais les pratiques expérimentées et les réflexions théoriques dans mon travail et/ ou dans un projet interculturel ?”

Bilan du séminaire

Déjeuner

• De 14h-19h

Départ des participants :

Les participants au Forum à Madagascar repartent de la réunion le 5 novembre à midi.

Les participants qui ne participent pas au Forum (participants français) repartent en soirée du 5 novembre.

Dîner


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