Situation sans issue

16 mai 2008

« Serge Svizzero interprète les lois en sa faveur », c’est ce qui ressort de la conférence de presse donnée par les étudiants venus bloquer un énième Conseil prévu à 14 heures ce mercredi 14 mai.

Ce Conseil, présidé par Serge Svizzero a été annulé. En effet, les étudiants du MIEA (Mouvement Interfacultés des Étudiants Actifs) et de REUNIR-Cé se sont invité dans la salle Jean-Paul Zitte où avait lieu le Conseil. Celui-ci n’étant pas public, il a été ajourné par le président. Le blocage continue donc à l’université de La Réunion. Les étudiants continuent à bloquer tous les conseils présidés par Serge Svizzero.
Stéphane Duverger, le président de l’association étudiante REUNIR-Confédération étudiante, a fait quelques déclarations suite au départ de Serge Svizzero La veille déjà, le Conseil des Études et de la Vie Universitaire n’avait pas pu se tenir faute d’avoir atteint le quorum, un certain nombre de professeurs étant absents.
Stéphane Duverger insiste sur trois points :

- la démission du président Serge Svizzero ;

- les revendications portées par les étudiants ;

- la visibilité des comptes universitaires.

« On nous considère comme des terroristes », déplore Stéphane Duverger. « La coordination étudiante reste forte et soudée. Le blocage ne consiste pas seulement à empêcher les conseils de se tenir », ajoute-t-il. Le combat étudiant est nouveau à la Réunion mais c’est un blocage pacifique, comme l’affirme Stéphane Duverger et les autres étudiants.
Ils ont alerté un certain nombre de personnalités politiques qui soutiennent maintenant leur mouvement. Parmi eux, on peut citer Gélita Hoarau, Gilbert Annette, Jean-Claude Fruteau ou encore Huguette Bello. Des courriers ont été envoyés aux parlementaires à l’intention de François Fillon.
Les étudiants reprochent entre autres au président de mener une gouvernance qui va dans son seul intérêt personnel. Serge Svizzero est ainsi accusé d’avoir bloqué les élections du nouveau directeur d’un laboratoire de la Faculté de Droit et d’Économie. Directeur du CERESUR, il refusait, paraît-il, de « laisser sa place ». Ensuite il y a eu l’affaire du calendrier électoral, « la goutte d’eau qui a fait déborder la coupe ».
Les étudiants ont écrit au Président de la République et lui ont fait parvenir un dossier de presse d’une trentaine de feuillets où sont réunis tous les articles de presse concernant la situation de l’université depuis 2005. Jamais un président d’université n’aura autant fait parler de lui. Maintenant, ce ne sont plus seulement les étudiants qui réclament la démission du président, mais les professeurs aussi. Si le président a encore un tant soit peu de dignité et de conscience professionnelle et s’il a à cœur l’avenir des étudiants dont il a la responsabilité, il devra faire le choix de quitter son fauteuil. Se renfrogner et se complaire dans cette situation honteuse pour une université ne peut que porter préjudice à l’ensemble des acteurs du monde universitaire. Qui voudra envoyer son enfant à la fac en voyant ce genre de situation. Après les résultats du baccalauréat, qui sait combien d’étudiants auront encore envie de s’inscrire à l’Université de La Réunion ? On pense maintenant à aujourd’hui. Mais quand va-t-on penser à l’avenir ? Bloquer oui, mais jusqu’à quel point ? Certains disent que les étudiants devraient commencer à travailler avant de faire grève. Cela revient à dire que les étudiants agissent d’une certaine manière de façon irresponsable. Les étudiants doivent s’interroger sur le fonctionnement de l’université et recentrer le problème. À ce jour, on a l’impression que c’est contre l’homme Svizzero que vont les attaques alors qu’il ne fait que représenter un système qui finalement se sert de lui comme d’un pare-feu. Les étudiants ouvrent les yeux, mais regardent du mauvais côté et c’est cela qui est affligeant. Changer de président, oui, mais après ? Personne ne parle de l’avenir, ou n’ose en parler ou même s’en soucier, attendant que cela arrive pour aviser. Mais tout le monde sait que les grands hommes, ceux qui ont fait l’Histoire, étaient des visionnaires. Les étudiants pensent-ils fléchir la courbe de l’Histoire en ne se préoccupant que du présent ou de l’avenir immédiat ? Ce n’est pas seulement leur avenir qui est en jeu mais aussi celui-ci de milliers de jeunes.
Serge Svizzero démissionnera-t-il ? Les étudiants vont-ils continuer dans leur action de blocage ? Qui des deux partis prendra ses responsabilités dans l’intérêt de tous ?

Francine Clavé Vesoul


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus