ANT : réduction des crédits de l’État

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7 février 2008

La programmation 2008 de l’ANT fait apparaître une réduction considérable des moyens financiers consacrés par l’État de 73% par rapport à 2007 : de 11,4 millions d’euros en 2007 à 3,06 millions d’euros en 2008. Deux mesures d’accompagnement du projet de formation en Mobilité sont concernées par cette baisse : le Projet Initiative Jeune et la Formation Individualisée en Mobilité.

La Région relève plusieurs points importants. L’État se désengage alors que le budget régional pour la Mobilité a augmenté de 30% en 2008, compte tenu de la montée en charges des effectifs, soit 9 millions d’euros. Les attestations de capacités financières nécessaires à l’entrée au Québec ont déjà été envoyées aux candidats de la promotion, si bien que le maintien au niveau annoncé de l’enveloppe financière de l’Etat remettrait en cause leur projet de formation, ou nécessiterait, pour sa réalisation, une contribution à hauteur de 700 euros par mois sur 36 pour toutes les familles.
Dès lors, il est évident que toutes les familles ne pourront accéder à ce dispositif qui introduirait un facteur de discrimination négative et rendrait la destination du Québec élitiste.

Contradiction de l’État

En 2007, 6.500 parcours en formation et emplois ont été possibles avec l’aide des 3 acteurs (État, Région et Département) dont 4.400 réalisés par l’ANT (Agence Nationale pour l’insertion et la promotion des Travailleurs originaires de l’Outre-mer) sur le volet de la formation. Les objectifs affichés des acteurs de la Mobilité (Etat, Région et Département) d’atteindre 10.000 départs par an sont contraires aux nouvelles dispositions budgétaires. Les collectivités soutiennent activement la diversification des destinations vers l’Asie, l’Afrique et l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande) pour la formation et l’insertion professionnelles. Cette orientation sera abandonnée si le partenariat financier avec l’Etat n’est plus possible.

Nouvel handicap

L’objectif du PRDF est l’élévation constante des niveaux de qualifications ; la réduction des durées de prise en charge conduit à une impasse et réduit les perspectives de formation et d’insertion professionnelle des techniciens supérieurs dont La Réunion a besoin pour son tissu économique conformément au PR2D (métiers émergents liés aux grands chantiers ; routes, tram-train...), secteurs en tension (services aux personnes).
Les formations relatives aux secteurs sociaux et sanitaires, transférées aux Régions par la loi du 10 août 2004, trouvent leurs limites pour accueillir les milliers de candidatures locales. Les coûts d’investissement et de fonctionnement des structures de formation (exemple : 1 million d’euros pour 20 étudiants de la nouvelle école de kinés dont l’ouverture est prévue en 2008) mettent en exergue l’opportunité de recourir à la Mobilité vers d’autres régions françaises, voire européennes (Belgique). La conséquence du retrait de l’Etat devient une impasse pour ces étudiants prêts à partir et s’insérer durablement hors de La Réunion. 476 étudiants dans ces secteurs sont actuellement en Métropole et le taux d’insertion est plus de 80%.

Alerte rouge

La structure de l’ANT, dont La Réunion est la première cliente, se trouve dans une situation délicate quant à son avenir. Outil créé en 1962, il est présent sur le territoire national avec 11 antennes régionales qui accompagnent les ressortissants de l’Outre-mer, et il constitue un repère incontournable pour les candidats à la formation en Mobilité.
La baisse des crédits de l’Etat et le recul concomitant des partenariats avec les collectivités entraîneraient aussi la sous-mobilisation, voire le dégagement, des crédits FSE prévus au POE 2007-2013 sur le volet de la Mobilité.

Les jeunes : premières victimes

La rupture brutale de l’annonce de la baisse des crédits est préjudiciable pour la population, et notamment pour les jeunes qui ont décidé depuis 2007 de poursuivre leur formation en Mobilité ; les réorientations nécessaires ne sont pas toujours possibles dans les secteurs des BTS et DUT, qu’il s’agisse des établissements locaux ou d’ailleurs.
S’agissant du volet de l’insertion, même s’il ne s’agit d’une compétence propre à la collectivité régionale, les formations en Mobilité soutenues par l’Etat et la Région visent l’acquisition d’expériences professionnelles, voire une insertion durable. Le retour de nos jeunes qualifiés et expérimentés constitue d’excellentes opportunités d’embauches pour notre économie qui souffre de l’insuffisance de cadres intermédiaires et de créateurs d’activités.
Enfin, un volet sur lequel un challenge doit être relevé est l’alternance, qui est en développement partout dans les régions françaises. Dès lors, la Mobilité a toutes ses chances de réussite, notamment pour les publics majeurs dans des secteurs économiques diversifiés et porteurs d’emplois. Cet axe de développement requiert le soutien de l’Etat pour l’aide à la prise en charge des conditions matérielles, qui est indispensable pour l’installation et l’intégration des publics concernés, au-delà de l’accompagnement des régions d’accueil.

Communiqué du Conseil régional
Le titre et les intertitres sont de “Témoignages”


Projet Initiative Jeune

Le nombre de Projet Initiative Jeune (PIJ) Mobilité passerait de 1.443 (6 millions 222.893 euros) en 2007 à 482 PIJ Mobilité (1 million 665.310 euros) en 2008. La durée moyenne de cette mesure est également en baisse : de 14,3 mois à 11. Les conséquences directes se traduisent par le fait qu’il n’y aura plus d’accompagnement pour les 200 étudiants en formation infirmière en 2008 et les 180 étudiants pour les Cégeps au Québec, malgré la convention triennale signée avec le Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles renouvelée en février 2007. Des stages professionnels de 3 mois seront également compromis ; le dispositif de stages hors académie serait donc mis en difficulté, et le partenariat (Rectorat, ANT, Région) ne permettrait plus le départ et la réalisation de stages professionnels de plusieurs centaines de lycéens et d’étudiants de BTS. L’année 2008 célèbre le 400ème anniversaire de la fondation de la Ville du Québec, et il serait difficile pour la France de constater l’arrêt brutal de ce partenariat.


Formation Individualisée en Mobilité

Le nombre de Formation Individualisée en Mobilité passerait de 413 (5 millions 179.516 euros) en 2007 à 128 (1 million 399.014 euros) en 2008. La durée moyenne de cette mesure est aussi en baisse : 8,4 mois à 7,4. Ainsi, les formations soutenues ne pourront plus concerner les formations longues de niveau III et IV, mais les niveaux V, avec un taux de validation et d’insertion plus difficile. Le nombre de niveaux IV inscrits se chiffre par milliers : les perspectives de poursuites de formation en Mobilité de niveau III et d’insertion durable seraient donc annulées pour ce public en particulier.


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