Visite de Christian Estrosi au CYROI

« Un bel exemple de l’avancée et de la dimension internationale de La Réunion dans sa région »

6 octobre 2007

Le Ministre Christian Estrosi a salué hier l’équipe du CYROI et les membres de son Conseil scientifique international, fraîchement installé, en soulignant le rôle que peut jouer le cyclotron « pour l’égalité des chances face à la santé » et pour développer un pôle d’excellence de niveau international dans la zone OI.

Le projet CYROI a présenté sa structure et ses projets pour la recherche et la Santé.
(photo Toniox)

Le Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer, Christian Estrosi, a rencontré hier après-midi les membres de l’équipe du CYROI (cyclotron Réunion océan Indien) réunis à la plateforme biomédicale du Cyclotron, dans la Technopole.
La rencontre scientifique était placée sous la présidence de Serge Svizzero, Président de l’Université de La Réunion et Président du groupement d’intérêt public CYROI, constitué par l’association de l’Université et du CHD Félix Guyon. La session de l’après-midi avait pour objectif d’installer le Conseil scientifique international de 21 membres et de présenter le projet CYROI du point de vue de la structure et de ses projets pour la recherche et pour la Santé. Ce projet ambitieux, d’un coût actualisé de 13 millions d’euros portés par plusieurs partenaires financiers (Région, Département, Europe, CHD et Cinor), n’est pas un « acte isolé » dans le domaine de la recherche, ainsi que l’a souligné le président du CYROI, en introduisant l’installation du Conseil scientifique.

Membre du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) dont il dirige le Département des sciences du vivant, le professeur André Syrota a présenté au Conseil scientifique un historique du développement de l’imagerie moléculaire in vivo, depuis les débuts du 20ème siècle et les travaux d’Irène et Frédéric Joliot-Curie sur la radioactivité artificielle, pour lesquels ils reçurent ensemble le Prix Nobel de chimie en 1935. Le premier cyclotron était apparu peu avant (1930) et les premières manipulations de la radioactivité en biologie firent apparaître très vite l’intérêt d’un recoupement pluridisciplinaire entre biologie, chimie, physique et médecine. Frédéric Joliot, en 1943, soulignait devant l’Académie de Médecine l’importance des applications biologiques des radios éléments.

Les travaux menés dans le courant du 20ème siècle - on peut retenir, entre autres, la mise au point de la première caméra à positon (1970) - ont été très fortement stimulés par les avancées de l’informatique. Aujourd’hui, les appareils sont d’une précision prodigieuse et offrent aux scientifiques de nombreuses possibilités pour trouver les molécules qui serviront de traceurs dans la détection des maladies. C’est l’enjeu de la Tomographie par émission de positons (Tep) présentée par le professeur Syrota. Cette méthode est d’un grand intérêt pour la cancérologie, en raison de sa capacité à détecter les métastases et leurs éventuelles extensions ou, dans d’autres tumeurs, d’identifier et de localiser des lésions. En poussant plus loin l’exploration, dans la direction ouverte par Freud dans son “Esquisse d’une psychologie scientifique”, le professeur Syrota a indiqué des convergences avec les Sciences humaines et la possibilité de travailler à une imagerie des processus cognitifs.

C’est en allant frapper à la porte du professeur Syrota, après un congrès international des médecins nucléaires tenu dans notre île en 2003, que Maya Césari, une jeune chercheuse de l’Université - qui fut désignée par la Région chargée de mission pour le cyclotron -, appuyée par un noyau de scientifiques, put convaincre les pouvoirs publics et les instances européennes de soutenir le projet de cyclotron pour La Réunion. Maya Césari fit hier un bref rappel des efforts déployés depuis 2003 et qui ont abouti à l’accomplissement de cette première phase, puisque les bâtiments élevés dans le parc de la technopole seront inaugurés d’ici environ 1 mois.
Christian Mériau, aujourd’hui Directeur du cyclotron, a souligné l’exceptionnelle activité déployée par Maya Césari, avec l’équipe, pour amener le projet à son étape actuelle : après les essais et validations de protocoles en cours, le début de l’activité du cyclotron est prévue pour janvier 2008 ; puis une deuxième étape, inscrite au Programme d’orientation européen (POE 2007-2013), permettra l’extension des bâtiments et leur équipement, ainsi que l’installation de 3 start-up de biotechnologie.

A l’arrivée du secrétaire d’Etat, les scientifiques ont présenté à Christian Estrosi la structure construite autour du cyclotron - un cyclotron qui, parce qu’il représente un investissement remarquable pour La Réunion, a une double vocation, médicale et de recherche. Le président de l’Université a fait voir « les trois grandes retombées » attendues de cet équipement : l’amélioration de la santé publique, l’emploi (par le cyclotron et par les start-up) et le rayonnement de La Réunion dans sa zone par la recherche.
Maya Césari a évoqué les « défis » - notamment scientifiques - que devra relever La Réunion, en tant que région européenne « la plus ultrapériphérique ». Le professeur André Syrota a souligné l’exemplarité de ce projet « qui a d’abord pour but d’améliorer la santé des malades et qui est très pluridisciplinaire ».

Pour le ministre - dont c’est la première visite à La Réunion -, ce projet illustre la possibilité de faire se rejoindre les préoccupations sociales et des exigences d’atteindre le plus haut niveau. « On a autant besoin d’innovation industrielle et technologique, et de compétitivité, que de solidarité et d’accompagnement », a-t-il dit. C’est aussi « un bel exemple de l’avancée et de la dimension internationale que peut avoir La Réunion dans sa région », a dit le secrétaire d’Etat. En jetant les bases pour le développement d’une grande Faculté de médecine commune aux pays de la région, La Réunion travaille aussi au rayonnement de la France et de l’Europe dans l’Océan Indien, et chaque Réunionnais peut être fier de voir son pays rayonner de la sorte dans sa zone, a dit en substance Christian Estrosi qui, après une visite guidée au cyclotron, s’est rendu au Grenelle de l’Environnement, non sans exprimer un soutien appuyé à l’assemblée des scientifiques. Après avoir dit son accord à un doublement du “numerus clausus” pour les études de médecine, il a souligné les perspectives ouvertes par le cyclotron dans ce domaine. « C’est une étape importante pour aller vers le label de CHU... Vous êtes sur la voie qui doit vous permettre d’avoir un CHU à La Réunion », a dit le secrétaire d’Etat, en laissant le Conseil scientifique international à ses travaux.

La réunion scientifique s’est poursuivie jusqu’au soir, avec une présentation plurielle, introduite par l’universitaire Patrick Hervé, de l’environnement scientifique en recherche biomédicale à La Réunion. Il a été question de la recherche à l’Université, de biodiversité et de chimie du vivant, de la recherche autour des plantes - notamment des plantes médicinales - et de divers domaines de recherches médicales, tels le cancer ou le chikungunya.

P. David

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