Accord-cadre régional dans le secteur de l’agro-alimentaire

Un contrat d’objectifs pour améliorer les formations

29 novembre 2006

Sous la présidence de Denise Delorme, Vice-présidente du Conseil régional déléguée à la Formation professionnelle, les partenaires de l’industrie agro-alimentaire se sont retrouvés dans l’hémicycle pour la signature d’un accord-cadre pour un contrat d’objectifs visant à améliorer les formations initiales et continues des salariés de l’industrie agro-alimentaire.

À la suite d’une étude prospective menée par l’OREF en 2003-2004 dans le secteur de l’agro-alimentaire, réactualisée sur des données (2003-2005) provenant de l’Observatoire de l’artisanat, un diagnostic a été établi sur les formations initiales et continues dans ce secteur, ainsi qu’un inventaire des métiers de la branche, un diagnostic économique et un point sur la situation de l’emploi. Cette étude a servi de base à la définition de l’accord-cadre signé hier en présence de Pierre Debeine, Directeur national de l’AGEFAFORIA, organisme paritaire pour les formations de branches qui intervient dans notre île depuis 2002.
Les signataires de l’accord-cadre concernant l’industrie agro-alimentaire, après ceux qui sont venus appuyer les secteurs de l’Automobile et du Bâtiment, sont : le Préfet de Région, le Président de la Région et le Recteur d’Académie ; le Directeur de l’Agriculture et de la Fôret ; l’Association pour le développement industriel de La Réunion, le MEDEF, le Syndicat des industries alimentaires diverses et celui des boulangers pâtissiers, le Syndicat des fabricants de sucre et celui des fabricants de rhum, les syndicats de salariés de la branche et la Chambre de Métiers.

S’adapter aux évolutions technologiques

Le Directeur du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Serge Leroy, a souligné l’importance « d’étayer le développement de l’industrie par le développement des compétences des salariés et des compétences générales du secteur ». La filière de l’agro-alimentaire, a-t-il dit, représente « un grand potentiel de croissance, appuyé sur la richesse agricole ».
Mais c’est aussi un secteur confronté à des évolutions technologiques rapides, où près de la moitié des salariés, à La Réunion, ont un niveau de qualification faible.
Francis Matte, Délégué académique à l’enseignement technique, a salué dans l’étude un « travail sérieux qui va nous aider dans l’adéquation emploi/formation », tandis que Michel Sinoir (DAF), dit le “Recteur vert” parce qu’il est l’autorité académique du secteur agricole, signalait que le Lycée agricole de Saint-Joseph mettra en place des certificats agro-alimentaires et des actions de mobilité pour les salariés de la branche.
Selon l’étude menée, les 80 entreprises de plus de 6 salariés - totalisant plus de 3.000 salariés de la branche - sont réparties en 7 sous-secteurs dont le premier, et de loin, est celui des boissons et des alcools (824 salariés, 17 entreprises). S’y ajoute l’artisanat agro-alimentaire : 1.057 entreprises employant 2.756 salariés dans les filières farine, viande et poisson. Parmi ces structures artisanales, 44% n’ont pas de salariés (chiffre monté à 60% dans la filière poisson). Ce secteur de l’agro-alimentaire est le second secteur d’activité dans l’île : il regroupe près du quart des entreprises industrielles et plus du tiers de leurs salariés.

Développer le “tutorat”

Ces données sur la branche réunionnaise de l’agro-alimentaire rejoignent par bien des côtés celles que le Directeur de l’AGEFAFORIA a donné sur les entreprises françaises où, derrière quelques grands groupes « très visibles » dans ce secteur, travaillent « beaucoup de très petites entreprises dans 8 familles de l’industrie alimentaire ». Un « secteur jeune » appelé à « bouger » vite encore, « dans le contexte de mondialisation accélérée et sous la pression de l’évolution des modes de consommation ». Cette double contrainte oblige, selon Pierre Debeine, à un effort d’adaptation important.
Ainsi, les enjeux des ressources humaines du secteur font voir qu’à La Réunion, 45% des ouvriers n’ont pas de qualification, pour 23% à 25% d’ouvriers qualifiés. Ces chiffres sont inversés en France.
La filière grandit dans ses effectifs de 3% chaque année, ici comme en France mais... avec une pyramide des âges très différente et donc des problématiques différentes de transmission des savoir-faire.
Le directeur de l’AGEFAFORIA a montré ensuite un film sur 4 grands métiers, à très forte évolution : logistique, commercial, maintenance et production/qualité. Les enjeux de la formation préconisent de promouvoir ces métiers auprès des jeunes, de développer le “tutorat” pour la transmission des savoir-faire et d’élever des niveaux de qualifications, pour préserver l’employabilité face à des concurrents aux coûts de main-d’œuvre très inférieurs. L’essentiel des informations à intégrer à ce sujet se trouve sur le site http://www.agefaforia.info.

Un engagement de 5 ans pour 6 grands axes

La Conseillère régionale Denise Delorme a souligné la volonté de la Région d’accompagner la filière dans sa progression et pour l’élévation des qualifications et l’information sur les métiers. « Vous avez le soutien de la Région sur ces différentes pistes, pour que les jeunes demain soient employables », a-t-elle dit en invitant à la signature à laquelle assistait aussi Anick Le Toullec, Présidente de la Commission du développement humain.
Parmi les participants, le Président de l’ADIR, Maurice Cérisola, a mis en avant « l’importance d’un secteur industriel fort dans l’agro-alimentaire », dans une communauté de 1 million d’habitants. Il a aussi pointé du doigt les campagnes de rumeurs délirantes sur ce qui est produit à La Réunion.
Tous se sont certainement retrouvés dans les mots de conclusion de la Conseillère Denis Delorme, invitant à « œuvrer à la qualité et à la traçabilité des produits, dans l’intérêt de la santé publique ». « Il y a des brebis galeuses partout : raison de plus de protéger le secteur par une augmentation de la qualité », a-t-elle dit.
Paul Martinel, de la CILAM, a quant à lui insisté sur la nécessité « d’avancer plus vite qu’ailleurs, sur l’amélioration de la formation car le marché de La Réunion est petit, à peine l’équivalent de celui de Toulouse et de sa banlieue ». « Nos concurrents sont en Europe et singulièrement en France, où l’agro-alimentaire est en pointe », a-t-il poursuivi, illustrant la différence d’échelle par la problématique de la fromagerie réunionnaise.
Après une présentation du contrat d’objectifs par le Président de la Commission paritaire régionale, les signataires se sont engagés pour 5 ans - et selon 6 grands axes - à soutenir les efforts de formation de toute entreprise de l’industrie agro-alimentaire.

P. David


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