Perspectives dans l’océan Indien

Un décalage entre les ambitions et les moyens

15 octobre 2004

La première journée de la Recherche a dressé un état des lieux des pôles de recherche, de leurs moyens et des perspectives qui s’ouvrent dans le cadre de la coopération régionale, devenue ’la priorité’ de l’Université de La Réunion. Des obstacles demeurent...

Le tour d’horizon des moyens dont dispose la Recherche dans l’océan Indien a composé hier un tableau contrasté. Le matin, les doyens des quatre universités malgaches comptant une faculté des Lettres et sciences humaines, ont présenté leur établissement - dix départements d’étude à Antananarivo, 5 à Toliary, 4 à Toamasina et 2 à Antsiranana - et les thèmes de recherche qui donnent à chacune son identité.
Puis le directeur de la faculté des Lettres et sciences humaines de l’île Maurice, Parmaseenen Veerapen, a présenté les 5 départements et leurs principaux travaux. Environ une trentaine d’étudiants y sont inscrits en 3ème cycle.
Sudel Fuma, vice-doyen chargé de la Recherche et des relations internationales, a présenté à l’assemblée des chercheurs un rapide exposé chiffré de la recherche à La Réunion - six laboratoires de recherche, un Bureau du 3ème cycle, un DEA et un laboratoire de cartographie.

20.000 étudiants dans 20 ans

Les axes de recherche quant à eux ont été développés plus avant dans l’après-midi par les directeurs des centres de recherche. Ils ont présenté le DEA (appelé à disparaître cette année pour laisser place au LMD1 et 2), le Centre de Recherche littéraire et historique de l’océan Indien (CRLHOI), le pôle “Langues, textes et communication dans les espaces francophones” (LCF), une unité du CNRS et enfin le CRESOI, ou Centre de recherche et études des sociétés de l’océan Indien.
La Réunion est perçue par la plupart des participants à ces journées comme l’élément moteur dans les axes de coopération et de recherche, en raison de l’importance relative des moyens dont elle dispose.
Et pourtant, les responsables de la faculté de Lettres ont mis en exergue l’étroitesse de ces moyens au regard de la forte croissance du nombre d’étudiants.
Ils sont actuellement 12.500 et seront près de 20.000 d’ici vingt ans. Mais le personnel titulaire "n’est passé que de 15 à 19 entre 2001 et 2004" a souligné Sudel Fuma, dont l’exposé a conforté la "mauvaise humeur" exprimée le matin par le doyen de la faculté de Lettres, devant la maigreur de la dotation en postes réservée à l’Université de La Réunion : 5 seulement, sur les 750 postes de la dotation spécifique "et zéro poste pour la faculté de Lettres", s’est indigné Michel Latchoumanin.

Des moyens à mutualiser dans la coopération régionale

Cette protestation n’est pas seulement un mouvement d’humeur dans une appréciation franco-française de la situation de la recherche. Elle correspond à la prise de conscience d’un "décalage", selon le propos du président Svizzero, entre les ambitions régionales des chercheurs et la limitation des moyens qu’ils se proposent de “mutualiser” dans le cadre de la coopération régionale.
Les acteurs de la Recherche se sont heurtés hier à cette contradiction dans laquelle est prise l’Université de La Réunion qui, contrairement aux universités de France, va voir sa population étudiante augmenter encore pendant vingt ans, sans trouver toujours auprès du gouvernement les oreilles attentives dont ils auraient besoin.

P. David


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