En 2000, lors de la Conférence Régionale pour la Santé qui a lieu tous les 4 ans, la Caisse Générale de Sécurité Sociale de La Réunion (CGSS), la Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS) et le Département ont constaté que les nombreuses associations qui mettaient en place des actions de prévention manquaient d’un centre de ressources pour les accompagner dans leurs projets. L’année suivante, le Comité Régional d’Éducation pour la Santé (CRES), association loi 1901, voyait le jour.

"Il faut engager des actions de proximité"

Pour mener à bien ses missions de centre de ressources, de conseils méthodologiques et de formations, le CRES Réunion possède aujourd’hui près de 500 outils. "Nous disposons d’un centre de ressources constitué de divers supports tels que les affichages, les brochures, les vidéos/CD-Rom, les mallettes pédagogiques... publiés essentiellement pour les professionnels des secteurs de la santé, du social et de l’éducation, explique Blandine Bouvet, Directrice du CRES Réunion. On peut aussi engager des recherches documentaires pour des besoins ciblés, dispenser des formations sur des thèmes comme le tabagisme, la sexualité, l’alimentation ou encore apporter un conseil méthodologique aux porteurs de projets, en travaillant sur les objectifs, l’évaluation du projet voire la recherche de partenaires".

Relais des programmes nationaux, le CRES est aussi partenaire de la politique de santé au plan local. Il apporte sa contribution à l’élaboration du Programme Régional de Santé Public et se positionne dans la conduite d’actions de proximité. Dans le cadre de l’élaboration d’un “Plan chik”, la DRASS vient justement de solliciter l’accompagnement du CRES pour sensibiliser la population à la santé communautaire et à la mobilisation sociale. "Il y a une prise de conscience que la mobilisation de la population ne dépend pas juste d’un message, mais qu’il faut engager des actions de proximité", souligne Blandine Bouvet.

"Encore souvent ce rapport dominant-dominé"

Avant, la prévention se limitait à un message qui, on l’aura remarqué, n’est pas une fin en soit, si bien que rappeler les dangers de la cigarette ne suffit pas à dissuader les fumeurs de consommer de la nicotine. "On s’est rendu compte que beaucoup de facteurs influencent les comportements, précise Blandine Bouvet. L’histoire, le contexte institutionnel... nous n’avons pas tous des comportements rationnels, et peu importe le message, nous devons trouver le moyen de travailler avec les représentations et croyances des gens. Si un fumeur continue à fumer malgré les risques pour sa santé, c’est qu’il a des raisons et il faut s’appuyer sur cette connaissance. Tout l’enjeu est de sensibiliser les professionnels à l’écoute, car si le patient ne maîtrise pas tous les éléments scientifiques, il a une certaine connaissance et expertise de sa santé".
Et cette démarche doit prévaloir dans tous les domaines relatifs à la santé, sachant que l’éducation, comme le soutient fortement le CRES, est une démarche sur le long terme. Sa directrice insiste encore sur l’importance de prendre en compte la parole "légitime" du patient, de la valoriser, pour sortir de cette démarche de culpabilisation. "On devrait être dans le non-jugement, la non-culpabilité, alors que notre société soulève toujours ce qui n’est pas bien fait (...). Il faut se mettre sur un pied d’égalité pour évoluer, mais on retrouve encore souvent ce rapport dominant-dominé".

Au CRES, on ne retrouve ni infirmier, ni médecin. L’association se fait accompagner par les professionnels de santé sur certaines questions techniques, mais tient à conserver cette approche globale de l’éducation pour la santé qui prend en compte l’individu et son environnement. Cette prise en compte psychosociologique des comportements est un élément marquant de l’évolution de la politique de santé qui fait effectivement du CRES un acteur indispensable de la prévention.

Stéphanie Longeras
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Le CRES pratique

Les documents du CRES sont disponibles gratuitement pour la plupart, ou en prêt (inscription au centre de ressources). Vous trouverez sur son site Internet ("http://www.cresreunion.org) le catalogue des documents proposés, et une borne informatique connectée à Internet est mise à votre disposition. Le centre de ressources du CRES situé au 229 Chaussée royale à Saint-Paul est ouvert du lundi au mercredi de 13h30 à 16h30, et les jeudi et vendredi de 9 heures à 12 heures (sur rendez-vous uniquement). Pour plus d’information, contacter Karine Dijoux au 0262-71-10-88 ([email protected]). Si vous souhaitez participer à la vie du CRES, vous pouvez y adhérer en le contactant ou en téléchargeant le bulletin d’adhésion sur son site.

Dernier outil : un classeur d’éducation nutritionnelle

Un support adapté à La Réunion

Aujourd’hui, le CRES Réunion organise dans ses locaux une journée de valorisation afin de présenter son dernier outil : un classeur pédagogique sur la nutrition et l’alimentation baptisé “Nouveaux goûts, nouveaux plaisirs”.
Il est composé d’un guide méthodologique axé sur l’aspect promotion de la santé avec 4 fiches actions : “Alimentation et Santé”, “Alimentation et Plaisir”, “Alimentation à travers le monde” et enfin “Alimentation et Produits de consommation”. Ce support, s’il a certes vertu à relayer les programmes nationaux d’éducation pour la santé, à concourir à l’objectif départemental de lutte contre l’obésité, se veut aussi "un outil vraiment conçu pour La Réunion qui enregistre un gros manque de supports adaptés", confie Solène Leblanc, chef de projet. La jeune femme reconnaît qu’en 20 ans à La Réunion, les comportements alimentaires se sont clairement modifiés. "On ne peut pas empêcher l’évolution, mais apprendre à gérer la société de consommation, à trouver un compromis entre produits locaux et modernité". Le CD-Rom proposé permettra ainsi une découverte ou redécouverte des fruits et légumes locaux. "Beaucoup nous disent manquer de supports concrets tels que des fruits locaux en plastique", précise encore la jeune femme. "Nous souhaitons mettre en place, dès novembre, le Salon des Outils pour présenter ce qui est fait par les professionnels de terrain et ainsi permettre une approche moins théorique, plus conceptuelle pour après mener des actions". Moules, photographies d’aliments plastifiées, grande roue présentant les différents groupes d’aliments... "on peut certainement valoriser ces réalisations". Les différentes rencontres nécessaires à la réalisation de ce classeur ont donc ouvert d’autres perspectives.
Il sera diffusé en fin d’année aux professionnels de l’enseignement, de la santé, du social, de l’animation ou encore de la restauration scolaire accompagné d’une formation payante pour diffuser le support, sachant qu’une prise en charges financière du CRES reste possible pour les structures à petits budgets.
Alors, bonne découverte et bon appétit.

S.L.