Institut de recherche en agronomie tropicale au service du développement durable, le CIRAD à La Réunion compte aujourd’hui 55 chercheurs et 121 techniciens. La signature des avenants 2005 à la convention cadre pluriannuelle (2000-2006) entre le CIRAD et la Région précise le contenu des programmes de recherches. Pour Paul Vergès, cette signature vient "couronner une action menée depuis des années, essentielle pour le développement de La Réunion". Reprenant les conditions du "problème insoluble" réunionnais (voir article RSMA) . Il réaffirmait que le niveau de formation des Réunionnais était une carte à jouer dans notre stratégie de coopération régionale sur la voie d’un développement durable de l’océan Indien : "la politique d’innovation, de recherche-développement est une carte maîtresse qui permettra à nos voisins d’économiser du temps, de l’énergie et de trouver une solution à leurs problèmes insolubles".

76 opérations de recherche

Le président du Conseil régional tout comme Jean-Pierre Gay, directeur régional du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) soulignent donc l’enjeu du pôle de compétitivité sur l’agro-nutrition en milieu tropical réunionnais au sein duquel le CIRAD prend toute son ampleur.
Nous n’avons pas suffisamment conscience de l’imbrication des recherches du CIRAD dans le paysage réunionnais. Ces recherches concernent aussi bien la canne à sucre, les fruits, maraîchage et plantes aromatiques, l’élevage, l’agriculture durable et l’environnement, la protection des plantes, l’agro-alimentaire et le café Bourbon Pointu. Pas moins de 76 opérations de recherches ont lieu dans tous ces domaines. Une recherche à laquelle l’Université de La Réunion est aussi intimement liée. Dans une prochaine édition, nous exposerons le projet café Bourbon Pointu.

Eiffel

o Canne à sucre
Dans ce domaine, il s’agit d’améliorer la productivité et de fournir des outils d’aide à la décision. Le CIRAD arrive par télédétection à établir des cartes permettant un suivi de la coupe. Il a mis au point un logiciel simplifié pour gérer les irrigations et déterminer les besoins en eau. Deux nouvelles molécules herbicides ont été homologuées. Un autre logiciel permet d’optimiser la qualité de la canne. Le CIRAD a établi une cartographie des besoins en eau et des potentialités de l’irrigation. Il mène également une étude sur la multifonctionnalité de la canne, très importante dans le cadre de la réforme OCM-Sucre.

o Fruits, maraîchage et plantes aromatiques
Les défis qui se posent à ces filières sont nouveaux et le CIRAD tente d’apporter des réponses sur la qualité visuelle pour l’exportation, la qualité gustative et organoleptique, le respect de l’environnement et la labellisation. Les recherches vont permettre la publication d’un guide technique sur la culture de la tomate sous serre. Plusieurs outils ont été réalisés, permettant de prédire les dates et la qualité des productions de mangue, de déterminer leur maturité, de maîtriser leur floraison, de les diversifier ainsi que le litchi. Le CIRAD mène des recherches en agriculture biologique sur la production d’agrumes et de mangues et contribue à l’amélioration de la qualité de l’ananas Victoria et la mise en place d’un label Rouge.

o Élevage
Dans ce domaine, en 2005, les travaux sont organisés en 6 opérations concernant la gestion agronomique de la ressource, l’étude des facteurs de l’infertilité en élevage laitier et l’étude des interactions nutrition-reproduction, l’étude de ce qui détermine la qualité des laits, la modélisation des flux dans les exploitations laitières, l’analyse des pratiques gestionnaires et des modèles de décision, et la caractérisation de la production caprine.

o Agriculture durable et environnement
Les résultats marquants concernent la diversification des systèmes de production, l’étude de la multifonctionnalité de l’agriculture, la gestion de l’eau, les modes d’occupation des sols, la sécurisation foncière, la conservation et la biodiversité, le lessivage de produits polluants, l’inventaire de la présence d’éléments métalliques dans les sols, les plantes, les déchets, la publication d’un guide d’utilisation des matières organiques ...

o Protection des plantes
Dans ce secteur, les transferts de technologies en diagnostic moléculaire s’intensifient. Les collaborations entre pathologistes et généticiens au sein du 3P à Saint-Pierre donnent les premiers résultats probants en termes de valorisation du matériel végétal. En termes de lutte biologique contre les insectes ravageurs et les plantes envahissantes comme la vigne maronne, des solutions apparaissent. Un gène de résistance à la rouille de la canne a été localisée et La Réunion travaille en collaboration avec l’Afrique du Sud sur la biodiversité.

o Agro-alimentaire
La recherche dans l’agro-alimentaire a permis une valorisation des graisses de volaille, la conception d’un fumoir à chaud à vocation charcutière, la valorisation de nouvelles productions végétales (coronille, pejibaye) et l’amélioration de la conservation de la mangue.