Le SGEN-CFDT Réunion et le projet Fillon

Un projet sans ambition sur fond de budget de rigueur

26 novembre 2004

(Page 5)

Le grand débat national sur l’École parmi les personnels, les usagers de l’École, la “société civile”, retraduit par la Commission Thélot dans une publication de plus de 500 pages “Les Français et leur école : le miroir du débat”, et qui a ensuite donné lieu à la publication d’un volumineux “rapport Thélot” semble bien avoir accouché d’une souris.
Si le SGPEN se satisfait du repositionnement du “centre de gravité” de l’École sur l’élève, dans la continuité de la loi sur l’Éducation de 1989, les projets de mesures ministérielles qui ont été présentés au grand public à travers différents communiqués de presse et émissions télévisées sont très en-deçà des aspirations suscitées par plusieurs semaines de débat dans tout le pays ; elles sont surtout dictées par un souci d’économies budgétaires.
D’une réforme en profondeur du système éducatif pour prendre en compte les évolutions sociales et économiques, aucune trace : cela coûterait trop cher sans doute.
L’École nous dit-on, "s’engage à garantir à tous les élèves la maîtrise des compétences indispensables au terme de la scolarité obligatoire". Cela n’a-t-il pas toujours été la mission fondamentale de l’École ? De plus, est-il nécessaire de créer une instance de plus, le Haut Conseil de l’École, pour vérifier la mise en œuvre de cette mission ?
Mettre en œuvre des évaluations à l’école et au collège ? Les équipes éducatives n’ont pas attendu une loi pour le faire.
Avancer d’un mois la date du Brevet des collèges ? Quelle révolution !
On constate qu’en France le système éducatif dispense davantage d’heures de cours que la moyenne des pays européens ; il faut donc en supprimer. On sait bien que les heures de cours sont “budgétivores” ! Et sans attendre le vote de la loi, on commence tout de suite par la suppression de Travaux personnels encadrés qui avaient pourtant constitué l’amorce d’une pédagogie différente fondée sur le principe de l’interdisciplinarité.
Parmi les autres “nouveautés”, on notera la création de “conseils pédagogiques” dans les collèges et lycées destinés à élaborer le projet pédagogique et gérer le travail des équipes. Là encore, avait-on besoin d’une structure de plus pour être plus efficace ?
Du côté des IUFM, la grande innovation est de les intégrer aux universités ; cela va sans doute suffire à réformer en profondeur la formation de maîtres !
"À la fin de la scolarité en IUFM, le nouveau professeur sera affecté dans l’académie où se trouve son IUFM de manière à garder un lien avec ses formateurs" : il ne faut pas couper le cordon ombilical trop tôt ! De plus, cela lui donnera un an de plus pour se préparer aux grandes migrations forcées vers les académies métropolitaines. Les voyages forment la jeunesse, dit-on ... Enfin, le “nouveau professeur” sera sans nul doute consolé par la prime d’installation de 1.000 euros qui lui sera attribuée.
L’instauration par la loi d’un droit individuel à la formation continue des enseignants (20 heures de formation par an, capitalisables sur 6 ans) est sans doute l’une des mesures les plus “positives” ; en effet jusqu’à présent, la formation continue était le plus souvent dépendante des possibilités de remplacement, d’où la difficulté pour les enseignants de partir en formation.
Autre intention positive : la multiplication des classes relais, trop peu nombreuses jusqu’à présent.
Le ministre a réaffirmé à de multiples reprises que le projet de loi n’était pas bouclé et qu’il serait attentif aux critiques et propositions qui lui seraient faites, notamment par les organisations syndicales. Affaire donc à suivre...

Jean-Louis Belhôte,
secrétaire général du SGEN-CFDT à La Réunion


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