Plan régional de lutte contre l’illettrisme

Un séminaire trans-institutionnel

22 novembre 2004

Le comité de pilotage pour l’élaboration d’un Plan régional de lutte contre
l’illettrisme a réuni son comité technique le 19 novembre pour une journée de séminaire avec l’ensemble des partenaires institutionnels : Éducation nationale, Université, collectivités territoriales, armée, direction du Travail, formation professionnelle, etc. L’objectif poursuivi est de faire valider le plan régional vers février-mars 2005.

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Le Plan régional 2005-2007 de lutte contre l’illettrisme est le premier plan de ce type élaboré à La Réunion, où ce fléau persiste à un niveau préoccupant. Un recensement de 1996 a estimé à environ 100.000 le nombre d’illettrés adultes, soit 21% de la population de plus de 15 ans à l’époque. En 2005, l’INSEE devrait faire connaître les résultats d’une enquête actualisant la connaissance du phénomène de l’illettrisme à La Réunion. "C’est la première fois que l’ensemble des opérateurs se donnent un tel objectif : un plan commun à tous, intégrant ce qui existe déjà, en articulation avec d’autres actions en cours - plan de cohésion sociale, PRDF...- dans lesquels existe un volet “lutte contre l’illettrisme”" a expliqué Paul Soupe, chargé de mission régional, mandaté par l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). L’état des lieux et le bilan institutionnel entrepris par le comité de pilotage État/Région "a fait apparaître un grand nombre d’actions très diversifiées et des pistes à suivre pour l’avenir", a ajouté Christine Soupramanien, conseillère régionale, déléguée à l’action contre l’illettrisme.
Ce constat se traduit dans les axes d’action proposés : (1) la prévention, (2) l’accueil, la détection et l’orientation, (3) l’accompagnement des adultes, (4) la formation des intervenants. À ces quatre premiers champs d’action s’ajoutent des “axes transversaux” qui incluent l’enquête de l’INSEE (voir plus haut) et d’une façon générale l’évaluation des politiques, mais aussi des innovations et des recherches en ingénierie, autant que des actions de communication.
Le champ de la prévention, par exemple, recoupe le projet académique ainsi que des actions extra et périscolaires, des actions culturelles et celles du plan de cohésion sociale.
Le Rectorat de La Réunion a inscrit dans son plan académique de "faire déboucher la scolarité obligatoire (primaire + élémentaire) sur une réussite, en confortant le rôle de l’école maternelle et les fondamentaux" a indiqué Michel Dieulivol, en notant qu’"un trop grand nombre d’enfants (25% à 30%) arrivant au CE1, n’ont pas acquis les rudiments de la lecture et de l’écriture"... Ce constat a conduit l’Éducation nationale à envisager une nouvelle évaluation nationale, pour le début du CE1, afin de repérer au plus tôt les difficultés rencontrées au cours préparatoire. Selon le responsable académique, 15 classes de CP bénéficient actuellement d’un tiers de temps supplémentaire pour un accompagnement individualisé. C’est peu, mais cela montre une prise de conscience de la précocité des facteurs qui - s’ils ne sont pas détectés à temps - favorisent, au fil de la scolarité, la persistance de l’illettrisme.
Les actions extra ou périscolaires, avec Jeunesse et Sport notamment, concernent les enfants dont les parents sont eux-mêmes en difficulté devant certains savoirs fondamentaux. "La relation avec le créole y est plus naturelle que dans l’institution scolaire où la situation reste plus tendue" a indiqué Paul Soupe.
Chacun des cinq champs définis recouvre un grand nombre d’actions, impliquant plusieurs partenaires institutionnels. Dans le domaine de la professionnalisation des formateurs, plusieurs actions sont prévues pour échanger sur les pratiques en cours et l’Université est impliquée dans la préparation d’un “diplôme universitaire”, assorti d’une validation des acquis qui peuvent venir conforter dans leurs pratiques l’ensemble des formateurs.
Le comité de pilotage a aussi prévu d’associer à la préparation de ce plan les nombreuses associations déjà impliquées par des contacts avec les publics concernés par ce plan de lutte.
55 personnes ont pris part aux travaux de la journée de vendredi, alternant entre séances plénières et ateliers. Les organisateurs pensent
que le plan régional pourrait être validé vers février-mars 2005.

P. David


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