Commission de l’Océan Indien

Un “télescope du vivant” dans l’Océan Indien

9 juin 2006

Décidée lors de la dernière réunion des ministres de la Commission de l’Océan Indien, les 16-17 mars 2006, la création pour l’Océan Indien d’un Centre de veille épidémiologique et de recherche sur les maladies émergentes a connu hier son premier jalon concret : une réunion scientifique internationale pour la mise en œuvre d’un télescope du vivant.

En mars dernier, les ministres des Affaires étrangères de la Commission de l’Océan Indien, réunis à Antananarivo pour leur session annuelle, ont acté une proposition de la délégation française qui a reçu en mai le soutien officiel du Premier ministre, Dominique de Villepin. Cette initiative proposait la création, par les pays de la COI et avec le soutien d’organismes internationaux, d’un centre de veille épidémiologique qui soit aussi un centre de recherche sur les maladies émergentes. Elle a débouché sur la conception et la mise en œuvre d’une structure qui va fonctionner comme un “télescope du vivant”, selon l’expression du professeur Flahault, sous la responsabilité d’un collectif scientifique international.
L’explosion de l’épidémie de chikungunya à La Réunion en ce début d’année, et dans une moindre mesure à Maurice et à Madagascar, a mis en relief la responsabilité collective des scientifiques et des acteurs de la santé publique devant l’émergence de maladies nouvelles ou réactivées.

"Porteurs de tous nos espoirs"

Une quarantaine d’acteurs de la recherche biologique, de la santé animale, de l’entomologie, de la microbiologie et des facteurs environnementaux et sociaux, ainsi que des administrateurs de la santé publique, se réunissent depuis hier pour préparer la mise en œuvre de ce centre de veille, qui sera l’objet d’une prochaine rencontre de scientifiques et d’une réunion des ministres de la santé de la COI.
Pour le premier acte de la mise en œuvre de ce programme, le président de Région Paul Vergès a ouvert la réunion en compagnie du professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, président de la cellule française de coordination des recherches sur la dengue et le chikungunya, le représentant de la Secrétaire générale de la COI, le représentant du Préfet et le médecin-chef du Conseil général.
"Vous êtes porteurs de tous les espoirs de la population", a dit le président de Région à la quarantaine de scientifique réunis, après avoir exposé les raisons d’une inquiétude toujours vivace dans la population réunionnaise, laquelle n’a pour “se consoler” que "d’avoir été au départ d’une expérience dont l’utilité aura peut-être d’avoir servi à la recherche", a-t-il dit en substance.

Partage et pluridisciplinarité

Un autre motif de satisfaction est la rapidité avec laquelle cette décision, issue du travail de la COI, a trouvé un débouché concret.
M. Bossard, au nom de Mme Andréas, secrétaire générale de la COI, a indiqué trois objectifs assignés à la nouvelle structure : "faire le point sur les recherches en cours sur les maladies émergentes, en particulier la dengue ; réfléchir à un système de veille épidémiologique qui, à partir des pays de la COI, pourrait être étendu à d’autres continents et enfin, rechercher des complémentarités avec ce qui existe déjà ou doit être créé" a-t-il dit en mentionnant l’Observatoire du VIH-Sida pour l’océan Indien, dont s’occupe activement la conseillère régionale Catherine Gaud.
Le représentant du préfet a souligné la dimension du "partage" au principe de cette structure : partage "des constats, des recherches et des solutions techniques qui, avec le concours de tous, feront rayonner l’Océan Indien".
Les travaux ont ensuite commencé sous la houlette du professeur Antoine Flahault, qui a développé les raisons de vouloir "porter une ambition pour cette région du monde", en la dotant d’un "télescope du vivant unique au monde", capable de constituer un outil de “météo sanitaire” pour "une meilleure anticipation des crises à venir".
Il en a souligné "l’interdisciplinarité" comme condition de réussite : "la réunion de nombreux spécialistes et la rupture des cloisonnements partout où c’est nécessaire seront les clés du fonctionnement de ce centre de veille sanitaire" a-t-il dit dans son adresse à l’assistance.
Les travaux vont se poursuivre aujourd’hui, à huis clos et se conclure par une synthèse des ateliers, présentée par le représentant de l’OMS à Genève.

P. David


Vu de l’Île Maurice

Le ministère de la Santé mauricien est représenté dans cette réunion par MM. Gopalsing Daby, en charge du Laboratoire d’analyses sanguines et Chandralall Sookram, chargé de la prévention de la santé publique dans le Sud de l’Île Maurice, où l’épidémie de chikungunya s’est le plus répandue.
"Devant les menaces de maladies émergentes - a estimé Chandralall Sookram - nous ne sommes pas préparés à faire face et nous avons été assez impuissants. Nous avons eu beaucoup de mal à contrôler le virus. Or nous avons d’autres vecteurs qui peuvent transmettre d’autres maladies, comme la dengue, la fièvre West Nile ou l’encéphalite japonaise. Avec les transports aériens, ces maladies qui nous entourent peuvent s’introduire chez nous à n’importe quel moment... Il faut en être conscient et mettre en place un système de lutte, dans une stratégie concertée".


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