Éducation : le SE-UNSA et le projet de loi Fillon

’Un volontarisme de façade’

11 février 2005

Le projet de loi Fillon sur l’Éducation ne présente que des hypothèses sans fondement. Pour le Syndicats des enseignants (SE-UNSA), il ne tient pas compte des réalités et des besoins du système éducatif actuel, n’offre aucune proposition viable permettant d’optimiser la réussite scolaire de l’élève.

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Alors qu’en France, plusieurs centaines de lycéens descendent dans les rues pour faire barrage à la future loi d’orientation sur l’Éducation qui sera votée par le Parlement au printemps prochain, le syndicat SE-UNSA de La Réunion partage les mêmes inquiétudes que les fédérations étudiantes.
Son secrétaire général, Jean-François Rialhe, estime qu’"après les proclamations d’intentions, c’est la désillusion complète, le vide". M. Fillon n’exprime qu’un "volontarisme de façade". Selon lui, en instaurant la punition collective, le ministre de l’Éducation a une "vision rétrograde de l’école", qui tend à culpabiliser l’élève face à ses lacunes plutôt que de l’aider à les dépasser.
Pour le SE-UNSA, le socle commun, en mettant à la trappe la culture technologique, l’éducation physique et sportive ou encore la musique et les arts plastiques, n’offre qu’une vision à minima des acquis essentiels permettant à l’élève de se développer.
Enfin, la suppression des TPE (Travaux personnels d’encadrement) qui permettent aux lycéens de se préparer au Bac et aux méthodes universitaires vise uniquement, selon le SE-UNSA, à financer la loi Fillon en faisant l’économie de 1.000 postes.
Il en va de même pour la rénovation du Bac, "un sujet intéressant mais sans urgence". Un examen qui peut être discuté mais qui doit rester avant tout national. "La casse de la fonction publique n’est pas une caricature. Cette loi va augmenter les problèmes des enseignants et celle des élèves en difficulté", affirme Jean-François Rialhe.

Où sont les moyens ?

D’après un sondage mené auprès de 2.500 adhérents du SE-UNSA, 70% se disent favorables aux objectifs avancés mais 76% estiment que les propositions faites sont insuffisantes. Ils rejettent catégoriquement ce projet et parlent de "vive désillusion", de "rendez-vous manqué".
Mais comme le SE-UNSA ne veut pas se limiter à l’opposition, il a choisi de faire des propositions et de faire parvenir une série d’amendements à tous les députés et sénateurs. Il propose de mener une réflexion plus approfondie sur la formation continue des enseignants, les pratiques pédagogiques et la formation professionnelle.
Plutôt que de culpabiliser l’élève qui rencontre des difficultés dans son parcours, Jean-François Rialhe estime que le gouvernement devrait davantage se pencher sur la question des inégalités sociales sur lesquelles l’échec scolaire est largement basé. Plutôt que de supprimer des postes, l’Éducation nationale devrait renforcer le taux d’encadrement, surtout à La Réunion qui connaît le plus faible taux des DOM. "On demande des moyens pour réussir et pour instaurer des pratiques différentes", conclut Jean-Francois Rialhe.

Estéfany


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