
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Épreuves de créole au BAC
26 juin 2006
Depuis l’année scolaire 2001 / 2002 il existe au baccalauréat une épreuve de Langue et Culture Régionale (LCR). Mard,i ils étaient trente quatre candidats de terminale au Lycée Jean Hinglo à passer les épreuves orales de Langue et Culture Régionale, mercredi quelques-uns passaient la même épreuve sur Saint-Pierre. Les candidats présentant l’option LCR viennent des lycées Bras Fusil (Saint-Benoit), Stella (Saint-Leu), Jean Hinglo (le Port). Il y a eu aussi des candidats libres.
Jean-François Sam-Long, vous êtes professeur de français, chargé de mission LCR pour le second degré. En quoi consiste l’épreuve LCR au baccalauréat ?
- Le candidat doit se présenter à l’épreuve option créole au BAC avec la liste des textes qu’il a étudiés avec son professeur durant l’année scolaire. L’examinateur lui propose de préparer un texte pendant 20 minutes. Ensuite, il doit montrer qu’il sait parler, lire, écrire en créole à travers un jeu de questions/réponses à partir du texte. Questions de compréhension et d’interprétation, tout en abordant les problèmes de syntaxe, de grammaire, de graphie. Il peut être interrogé également sur les connaissances qu’il a dans le domaine culturel, historique, linguistique.
Quel est le poids de cette option dans l’obtention du diplôme ?
- L’option créole au BAC bénéficie d’un coefficient 2 pour toute note supérieure à 10.
D’une session à l’autre le niveau des élèves augmentent-ils ?
- D’une session à l’autre, on constate que la majorité des candidats sont... des filles (de la même façon que la majorité des professeurs certifiés de créole sont des femmes), que non seulement le niveau augmente, mais la motivation chez les jeunes grandit de plus en plus. C’est très net que la LCR est liée à une prise de conscience quant aux richesses du patrimoine culturel réunionnais, à la construction identitaire de soi, à un retour aux sources pour mieux appréhender un avenir des plus incertains, notamment l’obligation de quitter l’île pour aller chercher un travail en France et en Europe.
La LCR devrait être présente tout au long de la scolarité, de la maternelle à la terminale et au-delà en faculté. Qu’en est-il en réalité ?
- Je ne peux pas parler de ce qui se passe dans le premier degré, car il existe au rectorat une chargée de mission LCR pour le premier degré. En ce qui concerne le second degré, je peux affirmer que les élèves suivent l’option LCR de la classe de quatrième à la terminale. En classe de 6ème et de 5ème, les élèves peuvent suivre des Itinéraires De Découverte (IDD). Pour le second degré, il serait souhaitable qu’il y ait une continuité de la 6ème à la terminale, un objectif à atteindre durant les prochaines années avec des moyens adéquats. Je crois qu’il ne faut pas chercher à aller trop vite, car les outils pédagogiques manquent à tous les niveaux. Nous avons fait un manuel de littérature pour le collège, un autre pour le lycée, il reste à établir des fiches de grammaire et à les expérimenter dans les classes. Nous avons besoin d’un nouveau dictionnaire créole/français (celui d’Alain Armand date de... 1987) dans la mesure où il y a un véritable décalage entre la situation de la langue créole aujourd’hui et telle qu’elle est décrite dans le dictionnaire. Nous avons besoin aussi d’un dictionnaire français/créole. Et puis, il nous faut réfléchir davantage sur la question de la graphie... Tout est à faire, à inventer, et il est des passerelles à établir entre le premier et le second degré. Mais dès qu’on touche au problème de la langue, tout devient très compliqué ! Ce n’est pas une raison pour baisser les bras. C’est juste pour dire que ti pat i pa n’a rivé, tout en sachant que le temps joue contre nous pour deux principales raisons : la langue créole se francise de plus en plus, des milliers d’élèves ne maîtrisent pas ou maîtrisent mal le français (100.000 à 120.000 illettrés), donc la priorité des priorités c’est la maîtrise de la langue française, langue officielle de l’enseignement, et les parents l’entendent aussi de cette oreille.
Combien y a-t-il de professeur au niveau du second degrés ?
- A la prochaine rentrée scolaire 2006-2007 : 14 professeurs titulaires et trois stagiaires.
Quels sont les obstacles principaux à son développement ?
- Les principaux obstacles au développement de la LCR dans l’île : un, les parents et les élèves, dans leur grande majorité, ne se sentent pas concernés par l’option facultative LCR ; deux, dans la tête des uns et des autres, il y a toujours une opposition entre la langue française et la langue créole, dans la mesure où la langue française reste la langue de la promotion sociale, de la valorisation de soi au regard de l’autre ; trois, quand on dit “LCR” on ne voit que l’aspect “langue créole”, on fait l’impasse sur les autres aspects : culture, histoire, environnement, civilisation, valorisation de soi à travers ses propres richesses ; quatre, les milliers d’élèves qui sont en difficulté déterminent nécessairement des axes prioritaires : classe de soutien en français, classe de soutien en maths, classes contrats, ambition réussite pour le collège... et il y a réorientation des moyens pour répondre aux objectifs de l’éducation nationale et à l’attente des parents. Il est clair que ces milliers d’élèves qui sont en grande difficulté sur le plan scolaire (certains sont même en très grande difficulté) représentent déjà un grave problème pour la société réunionnaise de demain. Donc, il est urgent d’agir en ne se trompant pas de priorité ! Personnellement, je pense que la LCR peut permettre à l’élève en difficulté de se réconcilier avec le monde scolaire, mais comment le faire comprendre aux parents qui, bien souvent, sont eux-mêmes dépassés par les événements, et légitimement rêvent d’un avenir meilleur pour leurs enfants ? La LCR devrait être au cœur même de l’enseignement à La Réunion. Or, pour toutes les raisons (liste non exhaustive) mentionnées ci-dessus, elle est en marge, en dépit de toutes les études qui ont été faites par des linguistes, des chercheurs, des professeurs (Robert Chaudenson, Michel Carayol, Christian Barat, Gisèle Calmy, Daniel Lauret, Axel Gauvin...). Le problème ne date pas d’aujourd’hui. Sans doute est-il encore trop tôt pour que la LCR prenne son envol : 300 élèves ont suivi l’option LCR dans toute l’île, durant l’année scolaire 2005/2006. L’inspectrice créole, Mme Evelyne Pouzalgues, se bat sur tous les fronts, mais sans une véritable prise de conscience de la population réunionnaise, des responsables culturels, des responsables politiques, la langue créole mourra de sa belle mort d’ici une trentaine d’années. Ce n’est plus qu’une question de temps. On l’étudiera en option comme le latin, le grec et d’autres langues régionales de France et de Navarre, c’est-à-dire comme une langue morte. On l’étudiera peut-être dans les collèges et les lycées, mais elle ne sera plus parlée que par une poignée d’irréductibles. Je profite de l’occasion pour lancer un cri d’alarme, en espérant que je serai entendu. Je ne me fais pas d’illusions non plus, car d’autres, bien avant moi, ont déjà lancé le même cri sans que personne ne réagisse vraiment. Je fais ce que j’ai à faire, je dis ce que j’ai à dire : que chacun prenne ses responsabilités !
Pourquoi s’inscrire en LCR ?
- C’est la question que je pose aux candidats chaque année : tout d’abord, l’option LCR leur permet de découvrir leur culture, leur histoire, et d’apprendre à maîtriser la langue créole à l’écrit ; ensuite, ils apprennent à mieux communiquer avec leurs parents, plus précisément avec leurs grands-parents qui ont plein de choses à partager avec eux ; enfin, ils ont des points de bonification au BAC. La motivation la plus importante, qui demeure le plus souvent dans le non-dit, c’est qu’ils ne veulent plus aborder la langue et la culture réunionnaises avec un sentiment d’infériorité par rapport à la langue française (conséquence des méfaits de l’assimilation culturelle dans les années 60), voire avec un sentiment de honte. Ils sont fiers de ce qu’ils ont appris, et de ce qu’ils sont aujourd’hui à leurs propres yeux. L’enseignement de la LCR est profondément lié à la construction identitaire et à la valorisation de soi à travers sa langue maternelle et sa culture. Comment peut-il en être autrement ? Et grâce à l’option LCR, une poignée de jeunes ont pris conscience qu’ils ont une histoire, une vision du monde à partager avec les autres. Sur le plan humain, cette prise de conscience n’a pas de prix !
Entretien réalisé par Francky Lauret
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