Des centaines d’enseignants susceptibles de manquer à l’appel et toujours une rentrée en pleine période des cyclones

Une rentrée scolaire à La Réunion ce 24 janvier pour quoi faire ?

24 janvier 2022, par Manuel Marchal

Plus de 200.000 jeunes Réunionnais sont concernés par la rentrée scolaire. Plusieurs centaines d’enseignants ne seront pas présents en raison de l’épidémie de coronavirus. Ce problème accentue les difficultés causées par l’inadaptation du calendrier scolaire au climat de notre pays qui oblige 200.000 élèves à travailler durant la période de l’année la moins favorable pour les apprentissages. Cette rentrée scolaire risque de tourner à la pagaille, car ce ne sont pas les 36 enseignants recrutés en urgence par le Rectorat qui vont régler tous les problèmes, loin de là.

Une fois de plus, la rentrée scolaire à La Réunion se déroule en plein cœur de l’été. Durant encore de nombreuses semaines, les jeunes et leurs encadrants vont subir les conséquences du climat tropical avec de fortes chaleurs dans des salles qui ne sont pas climatisées, dans les espaces extérieurs de pratique de l’EPS.
A La Réunion, l’été est la saison des pluies. C’est ce qu’ont rappelé les précipitations de ces dernières semaines. Comme La Réunion est sous les tropiques, et que son relief est montagneux, ces fortes pluies s’accompagnent souvent de coupures de route et donc d’un temps de circulation beaucoup plus important. Ce sont autant de perturbations qui amènent à des fermetures d’école durant les épisodes de fortes pluies, ce sont autant de journées d’enseignement perdues.
Ces faits ne sont pas nouveaux, ils ne sont pourtant pas pris en compte comme ils le doivent par l’administration responsable de l’Education nationale à La Réunion. Force est de constater que la durée des vacances d’été ne cesse de se réduire au profit de celles d’hiver qui coïncident avec les grandes vacances de l’été boréal en France.
Ce calendrier scolaire traduit l’assimilation de La Réunion à la France, avec pour conséquence un obstacle supplémentaire pour les apprentissages des élèves réunionnais, déjà contraints de suivre un enseignement dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle.

Vers un « bac cocotier » en France et à La Réunion ?

Comme si cela ne suffisait pas, cette rentrée du 24 janvier 2022 a lieu en pleine épidémie de coronavirus à La Réunion. Avec plus de 5.000 nouveaux cas par jour, jamais notre île n’a eu à déplorer un tel niveau de contamination. L’absence de plusieurs centaines d’enseignants est donc à prévoir, avec des parents qui ne seront pas prévenus avant ce matin.
Invitée ce matin par Réunion Première, la Rectrice de l’Académie a annoncé le recrutement exceptionnel des candidats sur la liste d’attente du concours régional de professeur des écoles. Demandée de longue date par les personnes concernées, cette intégration permet le recrutement de 36 fonctionnaires stagiaires qui pourront être titularisés l’an prochain.
Mais ce nombre est loin de répondre aux besoins urgents qui ne tarderont pas à se manifester, et il ne concerne que les écoles élémentaires, pas les collèges ni les lycées.
Compte tenu des perturbations engendrées par la COVID-19 aussi bien en France qu’à La Réunion, ne se dirige-t-on pas vers un « bac cocotier » pour 2022 sur l’ensemble du territoire de la République ? En effet, comment évaluer correctement le travail d’un élève dans de telles conditions.

Le prix de l’assimilation à la France

Tous ces faits amènent à s’interroger sur la pertinence d’une rentrée ce 24 janvier comme prévu. N’aurait-il mieux pas fallu la reporter afin de laisser passer la vague Omicron sur notre île ? Et pourquoi persister à faire cours dans notre île en pleine période des cyclones ?
Décidément, l’assimilation à la France est payée lourdement par les jeunes Réunionnais, ce qui compromet leur avenir.

M.M.

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