Une rentrée sous tension ?

18 août 2005

Bernard Boëne, le recteur de l’Académie de La Réunion, a beau tenter de rassurer son monde, la rentrée promet d’être tumultueuse. Si les personnels TOS et précaires de son académie ont annoncé un mouvement de grève le jour même de la rentrée, le recteur pourrait s’attendre à voir d’autres mouvements naître dans le mois de septembre.

Avant-hier, Bernard Boëne intervenait sur la chaîne publique réunionnaise pour répondre aux syndicats inquiets. Pour lui, en gros, rien ne sert de pleurer les emplois précaires en voie de disparition, puisqu’il dispose d’une enveloppe lui permettant d’embaucher la totalité des personnels précaires, pour peu bien-sûr qu’ils montrent leurs aptitudes. Effet d’annonce ? Peut-être pas. Il disposera sûrement desdits emplois, mais qu’entend-il par "montrer leurs aptitudes" ? Le travail de chacun d’entre eux n’a-t-il pas été observé, alors qu’ils ont servi l’Éducation nationale 5 ans durant ? Nous espérons seulement que tous les personnels précaires soient intégrés dès le mois de janvier 2006. L’espoir fait vivre.Pour le transfert des personnels TOS, le recteur est formel. Il appartiendra à Paris de contraindre les 2 collectivités locales à effectuer le transfert, nonobstant leur avis négatif sur ce dossier. En gros, le transfert des TOS ne concerne plus Bernard Boëne. C’est à l’État de faire appliquer la loi, “quand ça l’arrange”.
Toutes ces déclarations ne rassurent pas les parents d’élèves, qui s’attendaient à une rentrée normale. Ce ne sera sûrement pas le cas. Les personnels précaires, appuyés par l’Intersyndicale TOS (SGPEN-CGTR, UNATOS-FSU), entameront mardi 23 août prochain, une journée de mouvement, devant les murs du Rectorat. Cela devra gêner quelque peu la rentrée. Les autres syndicats de l’Éducation nationale réfléchissent quant à eux à la réponse à donner aux “éventuelles” agressions gouvernementales, qui atteindraient la qualité de l’enseignement français. Comme nous en faisions état dans notre édition d’hier, le Conseil supérieur de l’éducation votait récemment en faveur de quelques décrets de la loi Fillon, permettant par exemple à un professeur de français de remplacer un professeur de maths. Espérons-le matheux !

Stop à l’emploi précaire

Les syndicats en sont conscients. Il faut veiller au grain. Pourtant, on oserait bien volontiers critiquer la frilosité de certaines représentations syndicales. Certains préfèrent attendre, ou ne pas défendre les autres syndicats plus courageux. Jean-Raymond Mondon (UNSA-Education) notait par exemple qu’il ne commentait pas les grèves des autres. "Le recteur a dit ce qu’il pensait du système éducatif réunionnais. Nous n’avons sûrement pas la même vision que lui", déclarera-t-il simplement. Une rencontre sera prévue prochainement, et ce n’est qu’au sortir de la table ronde qu’il communiquera avec la presse.
Hervé Lauret, président de la FCPE, insiste quant à lui pour dire que sa fédération de parents d’élèves sera aux côtés des personnels précaires, et TOS. Comme par le passé, l’organisation se veut solidaire d’un mouvement de grève, salvateur pour l’Éducation nationale. "Nous ne voulons pas de l’emploi précaire. Il faut maintenant penser à intégrer ces personnels, qui sont aussi des parents d’élèves", explique-t-il. Et de poursuivre : "l’intervention du recteur a montré encore une fois qu’il y a des promesses. Mais nous devrons attendre les réalisations concrètes. Les contrats d’avenir ne seront effectifs qu’à partir de janvier 2006. Comment faire une rentrée de qualité, si l’on assiste à une diminution du personnel ?".
Quant au récurrent problème du transfert des TOS, la question restera inchangée, parce que le gouvernement français s’obstine à vouloir effectuer le passage du personnel, de sa charge à celle des collectivités locales, contraintes à s’essouffler d’un tel poids financier. "L’État ne participera plus financièrement. Ce seront encore les familles réunionnaises qui devront sortir leur porte-monnaie", déplore Hervé Lauret. Mardi prochain, la rentrée sera marquée par la grève des TOS. Espérons que certains n’attendent pas seulement les visites ministérielles pour se manifester. Il en va de l’avenir de la jeunesse réunionnaise. Alors, rentrée sous tension ?

Bbj


Mobilisation des CEC de l’Éducation nationale

Les personnels CEC, précaires de l’Éducation nationale se sont réunis en Assemblée générale au lycée professionnel Roches Maigres de Saint-Louis hier après-midi.
Lors de ce rassemblement, ils ont réaffirmé leur engagement à faire grève le jour de la rentrée, mardi 23 août 2005. Ils ont également appelé "l’ensemble des organisations syndicales sans exclusives à soutenir leur combat pour la défense de l’emploi et pour la mise en place d’un moratoire interdisant toutes fins de contrats dans l’attente d’un plan d’intégration".
Les personnels CEC souhaitent par ailleurs "le soutien public de toutes les forces sociales, associatives, politiques et institutionnelles (Région, Département...)".
Pour finir, ils invitent "tous ceux qui ont à cœur la lutte pour la défense de l’emploi à participer au rassemblement qui aura lieu mardi 23 août 2005 à partir de 10 heures devant le Rectorat de La Réunion".


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