Cette semaine, du 11 au 15 juin, quelques milliers de familles vont “vivre”, avec leurs adolescent(e)s, au rythme des épreuves du Baccalauréat, commencées hier par la philosophie. Ils sont au total 9.436 - dont 57 candidat(e)s handicapé(e)s.
4.803 jeunes des séries générales (ES, L et S) et 2.821 des sections technologiques (hôtellerie, SMS, STG, STI et STL) ont passé hier - « sans calculatrices électroniques », disent les textes officiels - l’épreuve de philosophie.
Les Terminales L ont eu à choisir entre « Est-ce seulement pour connaître que nous cherchons la vérité », « Peut-on ne pas vouloir être libre ? » ou l’explication d’un texte de Henri Bergson tiré de “L’Energie spirituelle” (1919) ; les Terminales ES ont eu pour sujets « Devons-nous chercher à être heureux ? », « Peut-on transformer le réel sans le connaître ? » ou l’explication d’un texte de Georg Wilhelm Friedrich Hegel extrait de “Propédeutique philosophique” (Cours de Bamberg, 1807) ; les Terminales S ont eu le choix entre l’analyse d’un texte de Emile Durkheim traitant de l’Etat et la société civile, ou l’une de ces deux questions : « Peut-on être injuste avec soi-même ? » et « Pourquoi cherchons-nous à connaître le réel ? ».
Les Bacs technologiques pouvaient quant à eux soit décortiquer un texte d’Emmanuel Kant sur la liberté ou traiter librement la question « Le développement de la technique étend-il notre responsabilité ? » ou encore celle-ci : « Pour être respectée, la justice doit-elle inspirer la crainte ? ».
Tous, sujets passionnants, que seuls les coefficients départagent - ce qui constituerait presque en soi une source de questionnement philosophique, sur la place et le sens de cette discipline dans la formation intellectuelle de la jeunesse, selon le rôle social auquel elle se destine.

Les épreuves principales vont se poursuivre, pour les séries du Baccalauréat général, les 13, 14 et 15 juin, et les 13 et 15 pour les séries du Bac technologique.
Les Bacs professionnels - 1.812 inscrits cette année - n’ont pas d’épreuve de philosophie. Les élèves ont eu accès, cette année, à 32 spécialités, dont 4 principales où sont concentrés 60% des inscrits ; les épreuves écrites auront lieu du 18 au 21 juin, puis du 20 au 22 pour les épreuves - écrites ou orales - facultatives.
Les résultats tomberont les 28 et 29 juin pour les deux premières séries, du 29 juin au 4 juillet pour le Bac Pro et, pour ceux qui auraient à passer les épreuves orales du deuxième groupe, ce sera les 3 et 4 juillet pour le Bac général, les 4 et 5 pour le Bac technologique.
D’une façon générale, la parité entre filles et garçons est mieux réalisée dans les sections technologiques et surtout professionnelles, avec respectivement 55% et 49% de filles, tandis que la proportion de garçons dans les filières générales tombe à 37%. C’est d’ailleurs une fille, 15 ans en Terminale S, qui est la candidate la plus jeune de l’académie. Le plus âgé est un homme de 47 ans qui passe en candidat libre un Baccalauréat professionnel, en maintenance des appareils et équipements ménagers et de collectivités.
575 inscrits aux épreuves du Bac sont des candidats libres - ils étaient 483 l’an dernier - dont 348 (72%) passeront les épreuves du Bac professionnel.
Enfin, 816 candidats se sont inscrits cette année dans les centres d’examen de Maurice, d’Afrique du Sud et de Madagascar, rattachés à l’Académie de La Réunion - dont 17 candidats inscrits à Madagascar en Bac Pro “comptabilité”.

Parmi les nouveautés du Bac 2007, les 20 premiers candidats issus de la section orientale (chinois) du lycée Leconte de Lisle, ouverte il y a 3 ans en Seconde, passeront le Bac cette année. Autre nouveauté à suivre, le créole - qui était auparavant éligible en option facultative - figure en tant que langue vivante obligatoire (LV2). Deux candidats présentent le créole comme langue obligatoire et 31 l’ont choisi comme option facultative.

Dans les coulisses du Bac, vu la quantité de papier utilisé, il faut souhaiter que l’académie soit au moins fournie en papier recyclé : pas moins de 4 tonnes et 800.000 pages produites par le service reprographie sont nécessaires à la diffusion des 300 sujets aux plus de 9.000 candidats, qui produiront environ 60.000 copies distribuées à quelque 3.000 correcteurs.

Instauré le 17 mars 1808, le Baccalauréat est une vénérable institution qui fêtera l’an prochain en France continentale ses 200 ans. Il est plus tardif à La Réunion, le premier lycée de garçons - réservé aux enfants des libres - ayant ouvert ses portes en 1818 et la première Ecole Normale... en 1882, tandis que la démocratisation de l’instruction s’est fait attendre encore quelques décennies après la loi de 1946 généralisant les établissements d’enseignement public, dans une île où l’instruction a été le fait des congrégations religieuses depuis les débuts du peuplement jusqu’à l’abolition de l’esclavage, en 1848.

P. David