De la magie des conversations africaines à la gravité des crimes de masse en passant par la fameuse séduction féminine et par la singularité des Indiens d’Equateur, le Forum des Jeunes Chercheurs 2009, organisé par l’ADDR, se veut volontairement transversal. Axée sur les “Suds d’Aujourd’hui”, cette manifestation veut provoquer la rencontre de plusieurs disciplines autour d’une même thématique : les pays qui composent cette partie du monde. « Car c’est de la transversalité que naîtront les idées nouvelles », précise l’ADDR. Différents jeunes chercheurs interviendront au cours de cette journée dédiée à valoriser la recherche. Ces recherches participent à part entière à la vie économique et sociale de notre île et de la zone Océan Indien. Pour comprendre les mutations rapides de nos sociétés, il nous faut des hommes et des femmes curieux de leurs environnements. La gestion de crise sanitaire, comme ce fut le cas pour le chik, fait appel aux connaissances combinées des communicants, des ethno-sociologues et des cartographes. La préservation et la valorisation du patrimoine ne peuvent se faire qu’avec les recherches des historiens, des anthropologues, des littéraires et des linguistes. Les projets d’aménagement de notre île nécessitent le regard de géographes et d’urbanistes. La défense de la citoyenneté s’appuie sur les compétences des juristes. La modernisation de l’éducation et de l’enseignement est le fruit du travail des chercheurs en Science de l’éducation. L’importance du travail de ces chercheurs n’est donc plus à démontrer.

Pour plus de chercheurs en entreprise

Ce Forum des Jeunes Chercheurs a aussi pour vocation de faire connaître la recherche aux acteurs du tissu économique. De manière générale, tout indique qu’être docteur n’est pas nécessairement perçu comme un indicateur d’excellence porteur de valeur ajoutée pour l’entreprise. En effet, les entrepreneurs ont une méconnaissance générale de la formation des chercheurs. Ainsi, pour faciliter l’insertion professionnelle des docteurs en Sciences humaines et sociales notamment, un travail de fond visant à l’amélioration des capacités des docteurs à valoriser leurs compétences est nécessaire, selon l’ADDR. Rapprocher l’université et l’entreprise est donc une volonté de plus en plus affichée. L’université forme le potentiel innovant que l’entreprise doit apprendre à capturer. Pour faciliter les échanges entre jeunes chercheurs et chefs d’entreprise, des manifestations comme le Forum des Jeunes Chercheurs doivent se tenir régulièrement. D’autres actions sont menées pour aider l’intégration des chercheurs dans le monde de l’entreprise. Le ministère chargé de la Recherche a porté à 1.200 le nombre de nouvelles conventions CIFRE pour 2007, contre 810 en 2002. Ce partenariat entre recherche publique et entreprise permet à de jeunes doctorants de réaliser leur thèse en entreprise, pendant trois ans, en liaison avec une équipe de recherche, extérieure à l’entreprise, qui assure l’encadrement de la thèse. Le statut de Jeune Entreprise Innovante permet à l’entreprise de bénéficier, en particulier, d’une exonération totale de charges sociales patronales pour les personnels qui participent à des projets de R&D pendant les huit premières années d’existence de la société. En 2004, ce sont 864 entreprises représentant 1.023 établissements et environ 4.800 emplois de recherche qui ont bénéficié de 45 millions d’euros d’exonération de charges sociales. Ce “pacte pour la recherche” adopté le 18 avril 2006 permet à la recherche française d’affronter, dans les meilleures conditions, la concurrence scientifique et technologique mondiale et vise à conforter le rayonnement international de la France.

Sophie Périabe

Une école doctorale interdisciplinaire à La Réunion

L’Université de La Réunion comptabilise au total 284 enseignants-chercheurs et 270 doctorants, répartis en 3 grands secteurs : Lettres et Sciences Humaines ; Droit – Economie – Gestion ; Sciences et Technologies ; ce qui a imposé la création en septembre 2000 d’une unique Ecole Doctorale Interdisciplinaire regroupant actuellement 17 équipes de recherche. Chaque année, 65 nouveaux doctorants s’inscrivent et 40 thèses sont soutenues, soit 60% des doctorants qui obtiennent le titre de docteur.

Les différents types de financement du Doctorat

Les bourses allouées à la formation des doctorants sont de différentes natures : • Les allocations de recherche ministérielles (dites MENRT) sont de véritables salaires d’un montant brut mensuel de 1.658 euros (réévaluation de mars 2008). Il s’agit de CDD de 2 ans renouvelables une fois pour une année. Il en est donné 5 par an à l’Université de La Réunion. • Les bourses de la Région Réunion, d’un montant de 1.200 euros, ont une durée de 24 mois, reconductibles une année. (Pour l’année 2008, un total de 22 bourses ont été attribuées dont 4 en coopération régionale).
• Les bourses CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la REcherche) associent un doctorant, un laboratoire et une entreprise autour d’un projet commun. Il s’agit d’un CDD de 3 ans (parfois un CDI), à salaire variable selon les entreprises. A La Réunion, en moyenne, 2 ou 3 étudiants obtiennent des bourses CIFRE chaque année. Certains doctorants ont par ailleurs un emploi qui leur permet d’être inscrits en thèse sans bénéficier d’allocations de recherche.