Vers un institut de recherches tourné vers l’international à La Réunion ?

17 avril 2007

Jean-Philippe Payet, Pascal Boniface et Philippe Serizier de la SR21. (de gauche à droite).
(photo MD)

Jean-Philippe Payet, le Directeur de la cellule d’Intelligence économique de la SR21, a présenté hier la possibilité de créer, d’ici à la fin 2007, une sorte de “think tank” (boîte à idées ou centre de matière grise) réunionnais. Celui-ci aurait vocation à réunir aussi bien les entreprises que les institutions ou bien encore des consultants. Il a testé cette idée au centre Cadjee, à Saint-Denis de La Réunion, en présence de Pascal Boniface, le Directeur de l’Institut des Relations Internationales Stratégiques (IRIS) à Paris, mais également avec de nombreux acteurs du monde économique réunionnais.
Jean-Philippe Payet a affiné quelques-uns des contours du projet existant. Il souhaiterait que cet institut de recherches travaille avant tout sur l’Océan Indien au sens large. S’il est nécessaire de « faire mieux », selon ses mots, il faut également « savoir capitaliser un certain nombre de démarches ». Il entend créer une structure qui soit indépendante. En outre, l’objectif d’un tel institut serait de se situer à mi-chemin entre la recherche universitaire et une démarche plus pratique. Donc, son but ne sera pas de réaliser des études de marché. Enfin, il a affirmé son désir que, une fois ce centre créé, il puisse travailler en relation avec l’IRIS.
Pascal Boniface a été à la fois très attentif à ce projet, mais également distant. En tant qu’« observateur extérieur », comme il s’est plusieurs fois défini, il a proposé quelques conseils à partir de son expérience acquise au cours des plus de 15 ans de vie de son institut. Il a rappelé que l’IRIS propose 5 types d’activités : animation du débat stratégique, édition, études, organisation d’événements, formation. A cet égard, le centre de recherches envisagé pourrait proposer aux entreprises les 3 derniers types de service.
Premièrement, il aurait la possibilité de réaliser des études sur tel ou tel marché pour une entreprise donnée.
Deuxièmement, il pourrait organiser des événements de haut niveau où des entrepreneurs, des universitaires, des économistes de différents pays se rencontrent.
Enfin, il aurait la possibilité de fournir des formations soit en interne, soit en externe.
Pascal Boniface a souligné la nécessité que ce centre dispose d’une certaine indépendance. Il a suggéré que sa capacité à réagir à l’actualité bâtira également sa crédibilité auprès des entrepreneurs.
Il a enfin plaidé pour le mélange les genres. En effet, selon lui : « La clé de la réussite est de mélanger les approches ».

Des réactions enthousiastes parmi les participants

Jean-Claude Pech, le patron de Réunion Plafond Industrie (RPI), s’est réjoui qu’une telle idée soit proposée. Il a rappelé que, à La Réunion, les gens ne disposent pas d’une culture stratégique suffisante. A cet égard, il indiqué que le seul qui l’avait écouté sur un problème concernant Mayotte avait été Paul Vergès. Pour lui, si l’île dispose d’un tel centre, les Réunionnais auront plus de crédibilité lorsqu’ils s’adresseront, sur des thématiques locales, aux gens de Paris. Pour ce qui est de M. Eric Magamootoo, le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion, il s’est également félicité d’une telle possibilité. Si ce centre voit le jour, il souhaite que ce dernier se préoccupe des stratégies des autres grandes entreprises. Quant à François Mandreau, le Président du club export de La Réunion, il a parlé de la nécessité d’une communauté de pensée, d’une approche globale de la zone. Jean-Raymond Mondon, le Président du Conseil Economique et Social de La Réunion (CESR), a eu une attitude ambivalente. D’une part, il a souligné la nécessité de passer de la parole aux actes. En effet, une telle idée avait déjà été mise sur le tapis et il ne souhaite pas qu’à nouveau, le projet ne se concrétise. D’autre part, il s’est bien évidemment réjoui de l’avancement d’une telle idée, et ce, d’autant plus que, par deux fois, le CESR avait souligné le besoin d’une telle structure. La nécessité s’avère encore plus pressante que les Accords de Partenariat Economique en discussion actuellement devraient être, selon ses dires, assez défavorables à La Réunion, d’où la nécessité de disposer de lieux indépendants de réflexion.

Matthieu Damian


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