Vie et survie d’une école aujourd’hui

Victime des restrictions budgétaires dès le plus jeune age

10 novembre 2005

Directrice et institutrice depuis 13 ans à l’école maternelle Les Bancouliers du Moufia, Marie-Claire Law-Tho constate que les ’moyens de plus en plus restreints’ alloués à l’Ecole sont insuffisants pour mener à bien la masse de préconisations éducatives nécessaires à notre temps. Elle constate même que ’ces dernières années, les choses ne s’arrangent pas.’

Si l’École ne peut se limiter à des missions purement scolaires, qu’elle doit considérer l’enfant dans sa globalité pour lui offrir aussi les outils de son épanouissement personnel, elle a besoin de moyens adaptés pour participer au développer des citoyens de demain. Malheureusement à La Réunion, l’on constate que l’on est déjà dans l’École de demain, celle que l’on prédit riche de projets mais pauvre de moyens humains.

2 CES pour 191 élèves

Pour gérer les 191 élèves (répartis en sept classes, de la petite à la grande section) de cette petite école de quartier à l’apparente quiétude, énergie et dévouement sont indispensables. Aucun personnel d’entretien l’après-midi, c’est la cantinière d’une autre école qui effectue deux heures de ménage le soir. Alors que 81% de l’effectif scolaire mange à la cantine, on constate là encore un manque cruel d’encadrement. Il faut couper la viande et servir de l’eau à la chaîne, pas plus. C’est l’une des deux CES, uniques effectifs techniques de l’école, qui apporte un coup de main au moment des repas, alors que l’autre est chargée du secrétariat. Avec 20 heures hebdomadaires, ces deux contrats précaires ne travaillent que le matin, mais l’école ne s’arrête pas à midi. Monsieur Hoarau, chargé de l’entretien de l’espace vert effectue aussi le petit bricolage bon à masquer pour un temps les plus gros travaux en attente.
Enfin, les sept assistantes spécialisées maternelles (une pour chaque classe) vont au-delà de leurs compétences pour venir en aide à la communauté scolaire. On se débrouille comme on peut dans l’école d’aujourd’hui.

Parents bénévoles

Au sein de l’école, la bibliothèque est un outil formidable, si tant est qu’il fonctionne. En effet, avant la vague Raffarin, sa gestion était assurée par de précieux emplois jeunes. Alors que la lutte contre l’illettrisme, la maîtrise de la langue, sont des priorités académiques, la bibliothèque "tourne au ralenti", confie la directrice. Elle n’est désormais accessible aux enfants qu’une demi-journée par semaine, et ce uniquement grâce au bénévolat de trois parents d’élèves qui, pour le bien de la communauté scolaire, assurent l’entretien, le classement, l’archivage, le prêt des livres. Un bénévolat que l’on retrouve dans l’association des parents d’élèves de l’école, créée à son arrivée par la directrice. Dirigée par Nathalie Lauret, cette interface entre parents et communauté scolaire organise par exemple des ventes de gâteaux pour récolter des fonds et ainsi permettre au théâtre de rentrer dans les murs de l’établissement.

De toutes petites victimes

Avec une moyenne de 28 élèves par classe, Les Bancouliers dépasse les estimations de la circonscription (24 élèves par classe). "Pourquoi ne pas apporter plus de moyens aux écoles qui enregistrent des besoins supplémentaires ?", interroge la directrice pour qui un emploi permanent serait bienvenu. La mairie constate, prend note, mais ne répond que par la baisse de quota des contrats aidés. Avec 70 enfants de 3 ans recensés pour cette rentrée 2005, il aurait fallu plus de personnel pour assurer leur accueil, répondre à leurs inquiétudes de tout-petits qui découvrent un univers chargé de craintes et d’angoisses. "L’enfant doit être considéré dans sa globalité, il a besoin d’un adulte pour l’accueillir, essuyer ses larmes, répondre à ses multiples sollicitations", soutient la directrice. Avec deux personnes par classe pour 28 élèves, c’est impossible. "Avec les emplois jeunes, les aides éducateurs, c’étaient les enfants les premiers bénéficiaires." Aujourd’hui, n’oublions pas que ce sont eux, les premières victimes de leur disparition.

Estéfani


Recréer des postes de surveillants au lycée

"En moins de 15 jours, deux collègues du lycée Leconte de Lisle se sont faites insultées et menacées, dont l’une à l’intérieur de l’enceinte de l’établissement. Ces faits sont tout à fait intolérables et nous apportons tout notre soutien aux collègues.
Nous dénonçons aujourd’hui la montée des actes d’incivilité dans l’enceinte de la cité scolaire du Butor où se situe le lycée.
Dans cette cité scolaire, chacun circule comme bon lui semble, sans aucun contrôle. Nous demandons plus de moyens en personnel afin d’assurer les missions de surveillance.
Nous revendiquons le rétablissement des postes de surveillants supprimés."

B. Pitou, délégué SNFOLC


Apprentissage à 14 ans : recul de 30 ans

"Le SE-UNSA a écouté les déclarations du Premier ministre sur TF1 le 7 novembre. Il constate que la seule mesure tangible proposée en matière d’éducation est l’apprentissage dès 14 ans pour les jeunes de banlieue en difficulté scolaire. Pour des jeunes qui vivent au jour le jour la relégation sociale, il s’agirait donc de rétablir une voie de relégation scolaire abandonnée depuis trente ans !
Cette annonce réactionnaire et rétrograde intervient la veille de l’installation du Haut Conseil de l’École, censé définir le contenu du socle commun de la scolarité obligatoire prévu par la loi d’orientation.
La scolarité, obligatoire jusqu’à 16 ans pour tous, ne le serait plus que jusqu’à 14 ans pour les jeunes en difficulté... Pour le SE-UNSA, que le chef du gouvernement envisage de lutter ainsi contre les discriminations est proprement consternant !"
L’égalité républicaine est-elle compatible avec l’orientation précoce ? Qui, du Premier ministre ou de la loi d’orientation, a raison ? Monsieur De Robien, dont le silence depuis le début des incidents dans les quartiers est assourdissant, sortira-t-il de sa réserve pour le dire ?
L’apprentissage à La Réunion est d’autant plus compliqué que la plupart des entreprises sont de petites tailles et manque de maître d’apprentissage et donc du nécessaire suivi des apprentis.
Le SE-UNSA enregistre par ailleurs avec intérêt l’annonce selon laquelle les "contributions aux associations", après avoir été réduites, seraient restaurées. Il attend donc du gouvernement qu’il annule les 800 suppressions de postes d’enseignants mis à disposition des associations éducatives laïques prévues dans le projet de loi de finances 2006".

Luc Berille
Secrétaire Général
JF Rialhe
SG Réunion


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus