Les Réunionnais continuent de payer le sabotage de l’autonomie énergétique prévue en 2025

172000 familles et entreprises privées d’électricité : conséquence d’un système de production dépassé datant du siècle dernier

13 septembre, par Manuel Marchal

Chaude alerte pour EDF hier matin à La Réunion : un simple problème technique dans sa centrale thermique du Port a privé environ 172000 foyers d’électricité durant la fin de matinée. Compte tenu de l’augmentation de 43 % du prix de ce produit de première nécessité en 2 ans, les réactions étaient nombreuses. Le fond du problème vient d’un équipement qui serait superflu si la priorité était l’autonomie énergétique de La Réunion grâce aux énergies renouvelables et la diminution de la consommation.

A La Réunion, le système de production et de distribution de l’électricité date du siècle dernier et n’a pas pris en compte l’évolution technologique permise par les énergies renouvelables. La production est concentrée essentiellement dans quelques centrales appartenant à deux sociétés extérieures à La Réunion : EDF et Albioma. Elles brûlent des énergies primaires importées : huile achetée au groupe Avril en France et bois importé d’Amérique du Nord. En conséquence, un simple incident dans ces centrales peut avoir d’importantes conséquences.

Le prix de l’électricité a augmenté de 43 % en 2 ans

C’est ce qu’il s’est passé hier suite à la simple défaillance d’une machine dans la centrale thermique d’EDF au Port : environ 172 000 abonnés ont été privés d’électricité à partir de 10h30 et pendant le reste de la matinée. Les Réunionnais ne sont pas habitués aux délestages suite à un manque de production. Les réactions étaient nombreuses. Elles dénonçaient notamment une piètre qualité de service compte tenu de l’augmentation de 43 % en 2 ans de l’électricité.
Le fond du problème vient d’un équipement obsolète dès sa conception, et qui a été imposé aux Réunionnais alors qu’une solution réunionnaise était possible.
L’actuelle centrale en remplace une plus ancienne qui se situait dans une zone habitée du Port. Cette dernière n’allait plus être aux normes. A ce moment, l’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER), publia une étude prouvant qu’il était possible de ne pas remplacer cette centrale à mazout par une autre centrale à mazout.
L’étude de l’ARER indiquait que le développement des énergies renouvelables, et notamment le solaire, ainsi que la réduction de la consommation permettait de se passer de cet investissement coûteux que les futures générations devront gérer quand il faudra démanteler la centrale arrivée en fin de vie. La réponse d’EDF, membre de l’ARER, fut la suivante : interdiction faite à l’ARER de produire une autre étude de ce genre.

Centrale déjà anachronique au moment de sa construction

Résultat, EDF put construire une centrale thermique à La Réunion au début du 21e siècle. C’était déjà un anachronisme au moment où le monde prenait conscience de la nécessité d’en finir avec ce vieux modèle pour le remplacer par celui des énergies renouvelables, plus propre et moins coûteux.
La panne d’hier rappelle une des conséquences de ce choix. Souhaitons qu’avec le vieillissement inéluctable de cet équipement, les pannes ne se multiplient pas.
Ceci rappelle que la biomasse brûlée dans cette centrale est une énergie de transition et qu’il est nécessaire d’arriver au plus vite à l’autonomie énergétique de La Réunion à partir de ses énergies renouvelables. C’était prévu pour 2025, la victoire d’un allié du lobby des énergies fossiles aux régionales de 2010 a démoli ce plan. Désormais, il est question de 2050… de leader, La Réunion est passée en queue de peloton.

M.M.

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