Nouvelles actions pour la mise en oeuvre du PRERURE

Autonomie énergétique : au coeur d’un nouveau modèle de développement

7 mai 2008, par Manuel Marchal

En finir avec les importations de charbon et d’hydrocarbures en mettant en oeuvre le mot d’ordre d’autonomie énergétique, c’est un des piliers d’un nouveau modèle de développement. Hier à la Région, l’ARER et le Conseil régional ont présenté les nouvelles actions de mise en oeuvre du PRERURE pour concrétiser progressivement ce mot d’ordre au cours des 17 prochaines années.

Paul Vergès, président de la Région et de l’ARER, Maya Césari et Marie-Pierre Hoarau, conseillères régionales, Christophe Rat, directeur de l’ARER, Laurent Gautret et Mathias Vinard (ARER) et Jules Dieudonné (chargé de mission PRERURE) ont présenté hier à la presse les nouvelles fiches actions du PRERURE.

Ces fiches se déclinent autour de cinq thèmes, elles correspondent à la réalisation des orientations inscrites dans le Plan régional pour les énergies renouvelables et l’utilisation rationnelle de l’énergie (PRERURE). Rappelons que le PRERURE émet des propositions pour concrétiser le mot d’ordre d’autonomie énergétique dans la production d’électricité pour 2025.

Lancé par la Région en 1999, cet objectif est lancé sur de bons rails. L’heure est à la mise en oeuvre d’actions concrètes pour l’atteindre. Des événements récents viennent conforter la politique mise en oeuvre depuis une dizaine d’années à la Région. Paul Vergès rappelle le projet des services de l’Etat, Réunion 2030, qui s’appuie sur tout ce qui a été mis en oeuvre à La Réunion dans les énergies renouvelables sous l’impulsion de la Région, ainsi que sur le projet Réunion île verte porté par les acteurs économiques. Réunion 2030 a été cité par Nicolas Sarkozy lors du discours de clôture du Grenelle de l’Environnement, comme projet prioritaire.

Des réunions interministérielles rassemblant 200 experts en sont l’illustration. C’est donc une opportunité exceptionnelle qui est là pour La Réunion, a poursuivi le Président de la Région. Il rappelle qu’hier matin, la Commission permanente de la Région a voté des décisions allant dans le sens de la mise en oeuvre du PRERURE.

L’objectif est d’une part, environnemental. L’autonomie énergétique, c’est faire de La Réunion un pays en pointe dans la mise en oeuvre d’un autre modèle de développement, capable de progresser sans polluer. Ces voies nouvelles sont un moyen pour notre île de sortir de la crise par le haut. D’une part parce qu’elles placeront La Réunion au premier plan mondial dans la recherche et de développement dans les énergies renouvelables. C’est ce que proposent les nouvelles fiches actions du PRERURE. D’autre part parce que les solutions mises en oeuvre à La Réunion intéressent tous les pays confrontés à la même situation énergétique, dans un environnement insulaire notamment.

Des résultats concrets

Le constat actuel mesure l’ampleur du défi, avec 86% de l’énergie importée sous forme de charbon et d’hydrocarbures, rappelle Jules Dieudonné. Mais il montre également les avancées importantes obtenues depuis la proclamation du mot d’ordre d’autonomie énergétique. Ce sont tout d’abord les mesures d’économie d’énergies, qui ont permis de diviser par deux la progression annuelle de la consommation. Cela permet par exemple de retarder de plus en plus l’implantation d’une centrale thermique supplémentaire, promue par une logique d’augmentation constante de la demande conséquence de l’importation à La Réunion d’un modèle de développement inadapté à la réalité du pays.

Ce sont ensuite les progrès réalisés dans l’implantation d’énergie nouvelle. Jules Dieudonné constate que la puissance installée en photovoltaïque et en éolien double chaque année. Cette croissance franchira un nouveau palier cette année avec la concrétisation de projets financés. A court terme, l’objectif est l’installation d’une moyenne annuelle de 20 mégawatts crète de centrales photovoltaïques, ce qui équivaut à une tranche de centrale thermique tous les deux ans.

Autre satisfaction : l’équipement en chauffe-eau solaire. Dans l’habitat collectif, six bailleurs sociaux sont impliqués tandis que 40% des maisons individuelles sont déjà équipées. Cela permet une économie annuelle de 120.000 mégawatts heure, et la filière chauffe-eau solaires à La Réunion, ce sont 300 emplois durables.

Explorons de nouvelles voies

L’emploi est l’autre objectif du PRERURE. Les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie, ce sont des milliers d’emplois à la clé dans l’industrie et la recherche. Ce qui constitue, comme l’indique Paul Vergès, « une solution durable aux problèmes immédiats ».

Au-delà de ces emplois créés, l’autonomie énergétique, c’est aussi économiser chaque année au moins 427 millions d’euros, ce qui correspond à la facture payée pour importer du charbon et des hydrocarbures. Ces fonds pourront alors être investis pour le développement du pays.

En conclusion, Paul Vergès souligne que de plus en plus à La Réunion se manifestent des initiatives allant dans le sens du PRERURE, c’est-à-dire imaginant des solutions adaptées aux défis de notre île. C’est cet état d’esprit pionnier qu’il est important de valoriser, afin de défricher le chemin d’un nouveau modèle de développement.

Manuel Marchal


La Réunion île laboratoire

Présentée par l’ARER, les nouvelles fiches actions déclinent cinq domaines. Elles visent à l’application à La Réunion des technologies les plus récentes dans les énergies renouvelables et permettront, au-delà de l’objectif d’autonomie énergétique, de faire de La Réunion un pôle d’excellence international dans la production d’énergies non-polluantes.

Le mix énergétique
Premièrement, le mix énergétique. Laurent Gautret de l’ARER précise que cette action vise à étudier la faisabilité et le dimensionnement des installations de production d’électricité à partir des énergies renouvelables. Cela suppose de définir une manière de travailler consensuelle entre tous les acteurs de la production d’énergie à La Réunion. Laurent Gautret prend l’exemple du Programme pluriannuel d’investissement de l’Etat qui impose à La Réunion la construction d’une centrale thermique. Or, ce type d’équipement entre en contradiction avec l’objectif d’autonomie énergétique. De plus, les gains procurés par les économies d’énergie, ainsi que les progrès rapides des technologies dans la mise en oeuvre de nouvelles technologies dans les énergies renouvelables rendront chaque année plus lointain la nécessité avancée par ceux qui veulent la construction d’une nouvelle centrale thermique au fuel à La Réunion. Le PRERURE doit donc être la base de la PPI.

Le stockage
Mathias Vinard de l’ARER indique que l’objectif de cette fiche action est de s’affranchir des contraintes techniques actuelles qui bloquent l’intégration massive des énergies renouvelables intermittentes (solaire et éolien) dans le réseau électrique réunionnais.
Aujourd’hui, il est difficile d’envisager que la part de ces dernières soit supérieure à 30%. Il s’agit donc d’expérimenter des solutions de stockage de l’électricité produite à partir des panneaux photovoltaïques et des éoliennes. L’hydrogène est une solution proposée pour stocker cette énergie et l’injecter dans le réseau électrique, de la même manière que l’on lâche l’eau retenue dans un barrage pour faire fonctionner une turbine électrique. Par ailleurs, l’électricité produite en surplus par les panneaux solaires et le vent pourrait être stocké dans des piles à hydrogène, et servir ainsi de carburants à des flottes de bus.

Le droit à l’expérimentation
Pour atteindre l’autonomie énergétique, il est essentiel que La Réunion puisse avoir droit à un cadre réglementaire adapté à sa situation. Christophe Rat (ARER) cite par exemple la nécessité d’une réglementation thermique spécifique à La Réunion. Cela passe également par la limitation de l’importation d’appareil énergivore. Une réglementation thermique obligeant les maîtres d’ouvrage à construire en intégrant dès le départ des matériaux et des techniques visant à réduire la consommation d’énergie, c’est un atout en plus pour La Réunion dans la perspective de la réalisation de l’objectif de l’autonomie énergétique.

Les énergies de la mer
La houle, les courants marins et l’énergie thermique marine feront l’objet de prospections cette année, 2008 est en effet considérée comme une année charnière par Laurent Gautret. Concernant l’énergie thermique, il indique que La Réunion vient de connaître une première européenne à travers une étude financée par le TCO et la Ville du Port. Des prélèvements à 1.000 mètres de profondeur ont permis d’estimer la température de l’eau à 5,1 degré. Un procédé technique (SWAC) pourrait permettre d’utiliser cette eau de mer profonde pour alimenter en froid et en climatisation une partie importante de La Réunion. Christophe Rat cite de grands consommateurs de climatisation situés près de la mer, comme par exemple l’aéroport de Gillot.
Pour la houle, le projet de Pélamis à Saint-Pierre est bien avancé. Cette technique transforme en électricité l’énergie des vagues, et peut résister à des creux de 29 mètres, soit bien plus qu’une houle cyclonique. Des contacts sont pris avec des entreprises de Nouvelle-Calédonie, d’Australie et de La Réunion afin de créer un consortium industriel pour exploiter le Pélamis à La Réunion.
Pour les courants marins, un potentiel est identifié dans la baie de Saint-Paul. Des études devront être menées pour le chiffrer afin d’évaluer la faisabilité d’une unité de production.

Agriculture et énergies renouvelables
L’objectif de cette fiche action est de concilier sécurité alimentaire et autonomie énergétique, précise Jules Dieudonné, chargé de mission PRERURE.
Il s’agit tout d’abord de repérer les sources d’énergies produites par l’activité agricole. Ce sont par exemple les effluents d’élevage, émetteur de méthane. L’expérience menée au Centre d’enfouissement technique de Sainte-Suzanne rappelle qu’à La Réunion, il est possible de transformer le méthane issu de la fermentation des déchets en électricité par le biais d’une turbine au biogaz.
L’autre volet consiste à promouvoir les cultures sous serre en maraîchage afin de donner la possibilité à l’agriculture réunionnaise de partir à la reconquête de son marché intérieur. Sur ces serres pourront être installés des panneaux photovoltaïques.

Les atouts de La RéunionEnergies renouvelables

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