Présentation de la révision à mi-parcours de la Programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2028
Autonomie énergétique de La Réunion en 2050 selon l’État et la Région
3 décembre 2024, par
Ce lundi 2 décembre, la Région Réunion et l’État ont annoncé l’actualisation à mi-parcours de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2028. Cette présentation s’est tenue au siège de la Région. Elle s’est déroulée en présence notamment de Huguette Bello, présidente de la collectivité, Patrice Latron, préfet de La Réunion, et Maurice Gironcel, président du SIDELEC. Cette révision s’appuiera sur Gouvernance de l’Énergie, réunissant collectivités, industriels, associations et citoyens. Une concertation régionale a été annoncée. La Réunion ambitionne de redevenir d’ici 2050 un territoire précurseur en matière de transition énergétique.
Ce lundi 2 décembre, la Région Réunion et l’État ont officialisé la révision à mi-parcours de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2019-2028. Cette annonce eut lieu hier à la Région en présence d’Huguette Bello, présidente de la collectivité, Patrice Latron, préfet de La Réunion, et Maurice Gironcel, président du SIDELEC. D’ici 2050, La Réunion ambitionne de redevenir une île exemplaire en matière de transition énergétique. Cette démarche s’inscrit dans un contexte.
Actuellement, La Réunion reste encore très dépendante : 88,6 % de la consommation en énergie dans les transports et la production d’électricité a été assurée par des énergies primaires importées en 2023. L’importation du mode de vie à l’occidentale est responsable de la surabondance de la climatisation et de nombreux gaspillages dans la consommation, comme l’éclairage la nuit de stades vides. Cela a amené EDF, gestionnaire du réseau électrique, à lancer cette année plusieurs appels à réduire la consommation, car la production a du mal à suivre. A cause de la sécheresse, les barrages ne peuvent produire autant. Il est nécessaire de compenser le déficit dans ce domaine alors que la consommation augmente.
C’est une tendance inquiétante. En effet, la population de La Réunion continue de croître, tout comme le nombre des voitures électriques. Faute d’un changement de fond des mentalités à court terme, la demande en électricité va donc continuer à augmenter.
Comment rattraper le retard causé par la précédente majorité à la Région ?
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est une mesure propre aux anciennes colonies françaises devenues des départements de la République. Ces territoires ont comme point commun de ne pas être connectés au réseau électrique européen situé à plusieurs milliers de kilomètres. Dans notre pays, l’objectif est d’arriver à une autonomie énergétique à partir des énergies renouvelables disponibles en abondance à La Réunion. L’échéance est désormais fixée à 2050 alors que jusqu’en 2010, elle était à 2025. Ce retard de 25 ans est la conséquence de 10 années de présidence de Didier Robert à la Région Réunion. Les lobbies des énergies fossiles et du tout-automobile avait trouvé un allié pour stopper le plan d’autonomie énergétique pour 2025 lancé sous la présidence de Paul Vergès à la Région Réunion en 1998.
Prévue pour courir sur la période 2019-2028, la PPE fait l’objet d’une révision à mi-parcours.
À La Réunion, cette révision mobilise la Gouvernance de l’Énergie, une plateforme réunissant collectivités, industriels, associations et citoyens. Pour Huguette Bello, cette démarche incarne une « transformation durable » et elle a annoncé une concertation régionale pour associer toutes les parties prenantes.
Bilan à mi-parcours de la PPE
Un bilan à mi-parcours de la PPE a été fait. Depuis 2024, La Réunion a atteint un mix électrique 100 % renouvelable selon la loi car elle a cessé l’importation d’énergies fossiles pour la production électrique. Un bémol toutefois : cette situation découle du fait que selon l’Union européenne, le bois importé d’autres continents est une énergie renouvelable comme le soleil ou l’eau des rivières.
Les scientifiques et des ONG mettent en cause la durabilité de l’utilisation de la biomasse, en particulier celle provenant du bois. Lorsque les arbres sont brûlés, ils libèrent rapidement le CO2 qu’ils ont mis des décennies à capturer, ce qui crée un décalage temporel problématique pour la lutte contre le changement climatique. Même avec le reboisement, il faut plusieurs dizaines d’années pour compenser cette pollution de l’atmosphère.
Cela met la lumière sur le principal défi à relever : comment stopper les importations d’énergies primaires qui maintiennent La Réunion sous dépendance énergétique ? Ceci ne pourra être réalisé avant 2028 car on ne peut imaginer EDF et Albioma stopper leurs centrales thermiques qui brûlent majoritairement de l’énergie importée d’Amérique du Sud et d’Europe. Le faible niveau de la récolte de canne à sucre cette année, à peine 1,2 million de tonnes prévues, renforce cette dépendance car elle diminue la production de bagasse fournie aux centrales Albioma du Gol et de Bois-Rouge.
Promouvoir l’autoconsommation énergétique
Lors de la séance plénière du 7 novembre dernier à la Région Réunion, la révision de la PPE avait été présentée. Elle vise tout d’abord le développement des énergies renouvelables. La production solaire et éolienne sera amplifiée avec des projets tels que des installations photovoltaïques sur toits. Il s’agira notamment de promouvoir l’autoconsommation énergétique grâce aux toits solaires pour particuliers et entreprises.
Le Schéma directeur des infrastructures de recharge (SDIRVE) prévoit 3 400 bornes pour véhicules électriques d’ici 2028. Il est piloté par le SIDELEC présidé par Maurice Gironcel.
Un point clé est l’adaptation du réseau électrique géré par l’entreprise française EDF. Il est nécessaire de renforcer l’infrastructure pour répondre à la demande en augmentation tout en intégrant davantage de production décentralisée permise par le développement du solaire et de l’éolien.
Par ailleurs, la Région travaille à réduire la précarité énergétique en facilitant l’accès aux chauffe-eaux solaires pour les familles à faibles revenus. De plus, des initiatives pour améliorer le confort thermique dans les bâtiments publics, comme les écoles, seront lancées.
M.M.