La demi-journée d’information et d’échanges, ayant eu lieu hier dans les locaux du Lycée Saint-André III, a constitué un événement cohérent avec les objectifs poursuivis par la Semaine du développement durable.
Cette rencontre s’adressait notamment aux propriétaires et maîtres d’ouvrage d’installations photovoltaïques raccordées au réseau - ou en cours de raccordement - (particuliers, collectivités locales, entreprises, bailleurs sociaux ...), aux bureaux d’étude et prescripteurs maîtres d’œuvre ou architectes, aux SEM (Sociétés d’économie mixte) qui s’engagent dans cette démarche, aux acteurs de l’énergie, tels que la DRIRE, la Région Réunion, l’ADEME, EDF, le SIDELEC, l’ARER...
La rencontre a permis de donner une information claire et précise sur le cadre juridique, administratif et contractuel du photovoltaïque raccordé, d’identifier les principales difficultés rencontrées par les maîtres d’ouvrage dans leurs démarches et de leur indiquer comment les surmonter, d’établir des contacts constructifs entre les différentes parties prenantes (les producteurs d’énergie solaire réunionnais et les acteurs de l’énergie tels que la DRIRE, EDF, SIDELEC, ADEME, Région Réunion) en les inscrivant dans la durée, et de mettre en panorama les prochaines étapes de développement de la filière.

Un appui important de la Région

Depuis quelques années, la Région et ses partenaires (ADEME, Europe, EDF) ont mis en œuvre un programme d’appui auprès des maîtres d’ouvrage particuliers, collectifs ou industriels afin qu’ils contribuent à la production d’électricité issue d’énergie solaire et s’équipent d’installations photovoltaïques.
Une opération concrète a été initiée en mai 2002, pour un programme de 150 kilowatts-crête (kWc), soit environ 70 toitures individuelles, cofinancée par l’Union européenne. Pour le financement, un bras de levier important s’est fait jour par le biais de la défiscalisation, mise en œuvre par des investisseurs et mobilisant des opérateurs insulaires. Ce montage financier, aidé par l’ADEME, permet à un maître d’ouvrage de devenir à terme propriétaire d’une installation de production photovoltaïque, sans avoir à investir fortement à l’installation de l’équipement.
Les trois prochaines années devraient voir l’installation de près de 800 kilowatts-crête supplémentaires sur des maisons individuelles ou des bâtiments de service. La Région lance de plus un programme ambitieux d’équipement de vingt lycées réunionnais en production photovoltaïque. Certains sites recèlent un potentiel solaire exceptionnel.

Agenda 21 et PRERURE

Dans moins de trente ans, La Réunion sera peuplée de près d’un million d’individus avec les conséquences que cela comporte en terme de logements et consommation d’électricité. C’est ce qui explique que le concept de développement durable soit pris en compte dans la définition des politiques publiques.
Les travaux pilotés par la Région sur l’Agenda 21 et le Programme régional pour les énergies renouvelables et l’utilisation rationnelle de l’énergie (PRERURE) inspirent de nombreuses actions. Le développement de la maîtrise de l’énergie et des énergies renouvelables en est la trame de fond et notre île jouit, en ce domaine, de gisements très porteurs. En une année, chaque mètre carré de notre île reçoit, par exemple, de la part du soleil autant d’énergie que peuvent en fournir 390 kilos de produits pétroliers.

Des avancées significatives

Après une période de lancement longue et parsemée d’embûches - surtout d’un point de vue raccordement et vente des KWh photovoltaïques au distributeur d’électricité - les premiers contrats de raccordement, d’exploitation et d’achat par EDF ont pu être signés. Signal concret d’une
évolution positive sur le plan administratif et technique : il devient désormais possible d’aller au bout de la démarche.
Aujourd’hui, à la Réunion, une vingtaine de toitures photovoltaïques vendent effectivement les kilowattheures issus du soleil à EDF. La procédure de raccordement au réseau du distributeur d’électricité est désormais balisée et voit son aboutissement en une dizaine de mois.

Le 1er établissement H.Q.E. de La Réunion vend son électricité solaire

Le Lycée Saint-André III est... branché

"Assurer sur le long terme une sécurité durable de l’approvisionnement en énergie, en ayant recours à des ressources locales et non polluantes". Hier, le lycée Saint-André III en faisait la démonstration. Il se raccordait au réseau EDF, vendant des kilowatts-heure produits par ses panneaux photovoltaïques, tout en respectant son environnement immédiat.

Inauguré en août 2003, le lycée Saint-André III est le premier établissement de type “Haute Qualité Environnementale (HQE)” de l’île de La Réunion. Il accueille pour l’heure uniquement des lycéens de seconde, inscrits en filières générale et technologique. Devenus plus studieux, aux dires du proviseur, ils se sont appropriés l’espace conçu pour leur bien-être. Calme et reposante, l’architecture proposée minimise l’impact de la construction sur son environnement immédiat, pour assurer le confort des usagers, tout en optimisant les productions et utilisations de l’énergie, de l’eau, et de la gestion des déchets. La piste du photovoltaïque, traduction concrète du concept de développement durable, devrait à l’avenir concerner nos constructions réunionnaises, quelle que soit leur fonction.

Pour l’autosuffisance énergétique

Les panneaux installés sur le toit de deux bâtiments du lycée permettront de produire au total une puissance électrique de 42 kilowatts-crête (kWc) pour une superficie totale de 349,3 mètres carrés de panneaux. L’intégralité de cette électricité sera reversée sur le réseau EDF, dont le soutien au photovoltaïque passe par le raccordement des installations de producteurs et le rachat de kilowatts-heure à un tarif préférentiel. Le lycée Saint-André III serait la deuxième installation professionnelle à se raccorder au réseau EDF.
Récemment, c’est SODEGIS qui inaugurait l’opération à l’Étang-Salé, produisant une puissance électrique de 32,4 kWc. Depuis février 2004, EDF Réunion a procédé en tout au raccordement au réseau d’une douzaine d’installations photovoltaïques pour des particuliers.
Pour EDF, signataire de l’Agenda 21 de La Réunion, il s’agit de contribuer à l’amélioration de l’accès à l’énergie solaire, d’autant que "La Réunion détient 3 fois plus de chauffe-eaux solaires" que la France hexagonale, rappelle Frédéric Bussin, directeur régional d’EDF. D’initiative régionale, le photovoltaïque doit être à long terme démocratisé.
Philippe Berne, vice-président du Conseil régional, assure que "les actions seront encore plus importantes dès cette année" autant en financement, qu’en matière de résultats escomptés. Ce qui expliquerait tout l’effort de recherche sur la question, notamment en ce qui concerne le microhydraulique, l’énergie des vagues, ou encore l’éolien, qui fera l’objet quant à lui d’un schéma régional dès le mois de juillet, pour que les éventuels investisseurs puissent savoir où s’installer. Le souhait, selon Philippe Berne, serait "de connaître la même réussite que le chauffe-eau solaire". Reste malgré tout le problème du coût de fabrication et d’installation. Un problème que comptent résoudre les partenaires de ce projet.

Développement durable et éducation

Pour Alain Casanova, Proviseur du lycée Saint-André III, hormis toute la technologie du procédé, et mis à part les impératifs en matière de politique environnementale, il importe de souligner l’impact pédagogique d’une telle architecture. L’indicateur révélateur, selon lui, est l’absence de graffitis, à l’intérieur de l’établissement, comme à l’extérieur des murs. Les lycéens, comme les jeunes vivant dans les quartiers jouxtant le lycée HQE, sont fiers d’une telle réalisation sur leur quartier. Ils se le sont appropriés, et défendent vigoureusement leur environnement. En établissant un contact direct avec les habitants du quartier, le proviseur du lycée s’est même rendu compte que ceux-ci partagent la même fierté.
Reste qu’il est impérieux d’informer la population réunionnaise sur ses ressources de l’avenir. L’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER) souhaite participer à la promotion et au développement d’actions visant à économiser, utiliser et préserver nos ressources énergétiques. L’eau. Le vent. Le soleil. Les Réunionnais connaissent-ils vraiment les ressources énergétiques réunionnaises ? L’association cherche à informer le grand public, au travers d’espaces Info Énergie, de manifestations ou d’expositions. Des conseillers apportent d’ailleurs leur soutien dans le montage technique, juridique et financier des projets liés à l’énergie renouvelable.

Bbj